On parle d'Imbolc ou d'Oilmec c'est-à-dire "ewe's milk", "lait de brebis", le lait est prêt à couler en abondance car la brebis a mis bas, tout comme la déesse Brigid qui met au monde un dieu qui va grandir et prendre des forces, à l'instar de la période diurne de la journée qui se "renforce" en se prolongeant. Fête marquée par des rites de fécondité et de lustration (le lait, l'eau et la terre et le feu sont les éléments des rituels festifs), Imbolc marque la mi-saison hivernale, le début du réveil de la vie et une promesse de renaissance totale, de nouveauté, de joie nouvelle et complète qui viendra plus tard : le printemps annonce sa venue prochaine...Les heures d'ensoleillement plus nombreuses désormais réveillent progressivement la vie de plus en plus exposée (mais insuffisamment) à la lumière du soleil qui poursuit sa course depuis sa victoire sur la nuit lors du solstice d'hiver.
Imbolc, fête agro-pastorale, est liée aux premières naissances et Brigid la triple déesse trifonctionnelle protège les nouveaux-nés (le sien, cf. SUPRA) et le foyer, elle est gardienne du feu, et protrectrice des bardes, des poètes, des arts...Les premiers végétaux à s'extraire timidement de la terre sont une manifestation du sacré pagano-chrétien, ils sont les signes des premières joies de la certitude que la nature va revivre, suite au combat contre la mort et les ténèbres de l'hiver, ils sont la preuve que le cosmos tout entier travaille ou continuer à travailler -depuis le retour du soleil invaincu incarné dans et par le Verbe- à la victoire définitive des forces de vie, de la lumière du soleil et de la Lumière du Christ (dans une optique chrétienne) sur les ténèbres à qui il reste peu de temps avant leur défaite définitive...La nature "revient à la vie" peu à peu et est dans l'attente de l'accomplissement de la promesse equinoxiale de renouveau...de la résurrection du christ cosmique. Voir : Calendrier
"Il
faut qu'il croisse et que je diminue." (Jean 3, 22-36). Allusion au
Christ dans les Evangiles, considérée dans la tradition populaire comme
une référence au parcours du Soleil. Vers le Ve siècle, l'Eglise
récupère la fête païenne des feux du solstice d'été, placée désormais
sous le signe de saint Jean le Baptiste... Récupération ou continuité,
c'est selon... Saint Jean-Baptiste occupera désormais la place du Dieu
solaire, commun à de nombreuses traditions païennes ancestrales...
Fête de la Saint-Jean, Bretagne, autrefois... source non identifiée
Dragaica ou fête des Sânziene, fête traditionnelle de la fleur-fée en Roumanie, les 23 et 24 juin.
Diana de Sarmizegetuza, une déesse daco-romaine (Diana est d'abord la déesse romaine équivalente de l'Artemis grecque), est devenue Sînziana ou Sânziana (Sancta Diana), personnage de la mythologie (daco-)roumaine après la romanisation. Diana ou Diane est, par ailleurs, devenue la "sainte" patronne des sorcières. Originairement déesse romaine, elle s'est transformée en soeur-épouse de Lucifer sous l'influence chrétienne du fond mythologique païen européen. Célébration d'un culte solaire (saint Jean), rituel de fertilité...Les Sânziene sont à la fois des fleurs et des fées (Zânele). Elles sont confondues parfois avec les Iele. Mais les premières sont considérées comme gentilles contrairement aux secondes qui seraient malveillantes. Le coucou accompagne l'arrivée de l'été. L'oiseau commence à chanter le 25 mars, qui est évidemment le jour de l'Annonciation et se taît au moment du solstice d'été...Cette fête est assurément un héritage de la protohistoire...
Pasolini,
marxiste critique à l'égard du "développement", "chrétien primitif" (et pagano-chrétien),
contre l'hédonisme, le permissif, le consumérisme qui relèvent du
conformisme petit-bourgeois (encore aujourd'hui, le succès de Michel
Onfray en France dans certains milieux illustre bien ce constat), contre
cette extrême-gauche des années 60 et la stupidité de ses thèses
("politique de la table rase"), mais aussi rejet de l’Église instituée
et de ses clercs qui préférèrent s'assoir à la table des "dominants", de
la droite capitaliste-fascisante italienne. Une Église progressivement
éjectée du jeu politique puisque devenue "inutile". Pasolini met en
avant l'idée que l’Église catholique romaine ne joue plus aucun rôle
dans l’oppression des peuples occidentaux (et dans celle de la femme, de
fait) et que la plus terrible des aliénations est celle de la
soumission au "spectaculaire marchand". En outre, l’Église doit donc en finir avec ses trahisons à l'égard du message du Christ et de son peuple et devenir le fer de lance des révoltes populaires à venir. Pasolini
écrira dans une série d'articles que l'on retrouve dans "Écrits
corsaires" (cf. infra) que la société de consommation, "l’hédonisme de
masse" (c'est son expression) et ce néo-capitalisme qui émergent dans
les années 60 et 70 ont réussi à créer un type anthropologique d'un
genre totalement nouveau et la "réduction [des Italiens et de tous les
'occidentaux'] à un modèle unique", "Frustration ou carrément désir
névrotique sont désormais des états d'âme collectifs".
Cependant,
derrière l'expression "société de consommation", Pasolini ne semble
guère vouloir distinguer la consommation qui permit aux plus modestes
d’accéder à des produits d'équipements qui ont pu améliorer leur vie, de
cette "consommation ludique, marginale et libidinale". Là, il faut
lire Michel Clouscard qui conteste cette appellation générique car selon
lui, il n'a jamais existé une telle société dans le monde occidental.
Si tel était le cas nous serions dans une société d'abondance (société
communiste aboutie donc).
Des
imbéciles ont voulu voir en Pasolini un "rouge-brun". Incompréhension
face à la complexité du personnage et de son discours de la part du
"vulgaire" et des idéologues qu'ils soient de droite ou de gauche
(extrêmes inclus) à cause de la binarité de leur mode de raisonner, de leur "hémiplégie morale".
Pasolini est assassiné à proximité de la plage d'Ostie (Rome), dans la nuit du 1er au 2 novembre 1975.
Un
an avant sa mort, dans un éditorial du "Corriere della sera" du 14
novembre 1974, Pasolini menaçait, de fait, en affirmant : "Je sais
les noms des responsables de ce que l'on appelle golpe (qui est en
réalité une série de golpes (...)). Je sais les noms qui composent le
'sommet' qui a manœuvré aussi bien les vieux fascistes créateurs de
golpes que les néofascistes, auteurs matériels des premiers massacres et
que, enfin, les inconnus responsables des massacres les plus
récents..." Dans son roman "petrole", il souhaitait dénoncer la
violence et les crimes d’État, des industriels et du pouvoir économique
italiens.
"On l'a exécuté a affirmé il y a quelques années Pino son assassin présumé. Ils étaient cinq. Ils lui
criaient : "Sale pédé, sale communiste ! " et ils le tabassaient dur.
Moi, ils m'avaient immobilisé. Je ne l'ai même pas touché, Pasolini,
j'ai même essayé de le défendre..." Pour Pino, il y a cinq agresseurs : " les frères Borsellino, deux Siciliens fascistes et dealers", "ils
exécutaient une commande. Ils voulaient lui donner une leçon et ils se
sont laissés aller. C'est que Pasolini cassait les pieds à quelqu'un" La Loge P2 ?
Je suis une force du Passé. À la tradition seule
va mon amour Je viens des ruines, des
églises, des rétables, des
bourgs abandonnés sur les
Appennins ou les Préalpes, là où ont
vécu mes frères. J'erre sur la Tuscolane
comme un fou, sur l'Appienne comme un
chien sans maître. Ou je regarde les crépuscules,
les matins sur Rome, la Ciociaria,
l'univers, tels les premiers actes
de l'Après-Histoire auxquels j'assiste, par
privilège d'état-civil, du bord extrême d'un
âge enseveli. Monstrueux est
l'homme né des entrailles d'une femme
morte. Et moi, foetus adulte, plus
moderne que tous les modernes, je
rôde en quête de frères
qui ne sont plus
Poesia in forma di rosa,
Garzanti, Milano 1964
(1922-1975)
"L'Italie est un pays qui devient de plus en plus stupide et ignorant.
On y cultive des rhétoriques toujours de plus en plus insupportables. Il
n'y a pas de pire conformisme que celui de gauche, surtout,
naturellement, quand c'est adopté par la droite."
Sur
68, "révolte" de sinistres enfants de bourgeois, de narcisses
nietzcheo-debordiens et autres vaniteux jouisseurs marcusiens dont
l'unique but a été de prendre le pouvoir culturel puis politique. Une
bourgeoisie en a chassé une autre :
"J'ai passé ma vie à haïr les vieux bourgeois
moralistes, il est donc normal que je doive haïr leurs enfants, aussi…
La bourgeoisie met les barricades contre elle-même, les enfants à papa se révoltent contre leurs papas.
La moitié des étudiants ne fait plus la Révolution mais la guerre
civile. Ils sont des bourgeois tout comme leurs parents, ils ont un sens
légalitaire de la vie, ils sont profondément conformistes. Pour nous,
nés avec l'idée de la Révolution, il serait digne de rester fidèles à
cet idéal."
Sur le fascisme, l’antifascisme et la "société de consommation" (article Acculturation et acculturation, 9 décembre 1973) :
"Une bonne partie de l'antifascisme
d'aujourd'hui, ou du moins ce qu'on appelle antifascisme, est soit naïf
et stupide soit prétextuel et de mauvaise foi. En effet elle combat, ou
fait semblant de combattre, un phénomène mort et enterré, archéologique
qui ne peut plus faire peur à personne. C'est en sorte un antifascisme
de tout confort et de tout repos. Je suis profondément convaincu que le
vrai fascisme est ce que les sociologues ont trop gentiment nommé la
société de consommation." "Le
fascisme, je tiens à le répéter, n'a pas même au fond été capable
d’égratigner l'âme du peuple italien, tandis que le nouveau fascisme,
grâce aux nouveaux moyens de communication et d'information (surtout
justement la télévision), l'a non seulement égratignée, mais encore
lacérée, violée, souillée à jamais." "Le centralisme fasciste n’a jamais réussi à faire ce qu’a fait le centralisme de la société de consommation [...] Le
fascisme proposait un modèle, réactionnaire et monumental, qui est
toutefois resté lettre morte. Les différentes cultures particulières
(paysanne, prolétaire, ouvrière) ont continué à se conformer à leurs
propres modèles antiques : la répression se limitait à obtenir des
paysans, des prolétaires ou des ouvriers leur adhésion verbale.
Aujourd’hui, en revanche, l’adhésion aux modèles imposés par le Centre
est totale et sans conditions. Les modèles culturels réels sont reniés.
L’abjuration est accomplie."
"On peut donc affirmer que la « tolérance »
de l’idéologie hédoniste, défendue par le nouveau pouvoir, est la plus
terrible des répressions de l’histoire humaine. Comment a-t-on pu
exercer pareille répression ? A partir de deux révolutions, à
l’intérieur de l’organisation bourgeoise : la révolution des
infrastructures et la révolution du système des informations. Les
routes, la motorisation, etc. ont désormais uni étroitement la
périphérie au Centre en abolissant toute distance matérielle. Mais la
révolution du système des informations a été plus radicale encore et
décisive. Via la télévision, le Centre a assimilé, sur son modèle, le
pays entier, ce pays qui était si contrasté et riche de cultures
originales. Une œuvre d’homologation, destructrice de toute
authenticité, a commencé. Le Centre a imposé - comme je disais - ses
modèles : ces modèles sont ceux voulus par la nouvelle
industrialisation, qui ne se contente plus de « l’homme-consommateur »,
mais qui prétend que les idéologies différentes de l’idéologie hédoniste
de la consommation ne sont plus concevables. Un hédonisme néo-laïc,
aveugle et oublieux de toutes les valeurs humanistes, aveugle et
étranger aux sciences humaines." ...
"Un personnage
comme Mussolini serait inconcevable aujourd'hui, du fait de
l’irrationalité et de la nullité de ce qu'il dit et parce qu'il n'y
aurait aucune place ni crédibilité pour lui dans le monde moderne. La
télévision suffirait à le rendre vain, à le détruire politiquement.
(...) Ses techniques convenaient pour un chef sur une estrade devant une
foule, mais elles ne marcheraient absolument pas devant un écran."
Changement total dans notre façon d'être et de communiquer.
Autre passage sur le néo-fascisme, tel que Pasolini le conçoit : la
société de consommation. "Le
fascisme
avait fait de ces foules, des guignols, des serviteurs, peut-être
partiellement convaincus mais il ne les avait pas atteint dans le fond
de l'âme. En
revanche, le nouveau fascisme, la société de consommation a
profondément transformé les jeunes, elle les a touchés dans ce qu'ils
ont de plus intime, elle leur a donné d'autres sentiments, d'autres
façons de penser, de vivre, d'autres modèles culturels. Il ne s'agit
plus comme à l'époque Mussolinienne, d'un enrégimentement superficiel
mais réel qui a volé et changé leur âme Ce qui signifie en définitive
que cette civilisation de consommation est une civilisation
dictatoriale. En
somme, si le mot fascisme signifie violence du pouvoir, la société de
consommation a bien réalisé le fascisme. Les démocrates chrétiens sont
devenus les véritables fascistes.Colères focalisées sur les fascistes
archéologiques alors que les véritables fascistes sont au pouvoir."