Je "recycle" (c'est la mode...), un de mes commentaires posté sur un autre site...
Guilluy vise juste mais pas complétement. Déjà, le terme "périphérique" prête à confusion. On peut l'associer facilement à "périurbain" et on confondra périphérie sociale et périphérie spatiale.
Guilluy vise juste mais pas complétement. Déjà, le terme "périphérique" prête à confusion. On peut l'associer facilement à "périurbain" et on confondra périphérie sociale et périphérie spatiale.
Guilluy
fait du "périurbain", l'espace de relégation des "petits blancs" pas
forcément "de souche" d'ailleurs (Français de branche issus de
l'immigration espagnole, portugaise post-45, etc.). En gros, on peut
reprocher au géographe, d'essentialiser certains espaces. Le problème
c'est que ses détracteurs des milieux académiques, des pontes comme
Jacques Levy en font autant. Ce dernier avec ses "gradients d'urbanité",
une thèse plein de sous-entendus idéologiques attribue aux "centres",
aux métropoles qui profitent de la mondialisation des caractéristiques
discutables. Ces espaces centraux dans lesquels on trouverait à la fois
des fortes densités de populations, une forte concentration d'activités,
etc. seraient aussi les espaces de la tolérance et du bien vivre
ensemble, contrairement au périurbain qui serait l'espace du repli sur
soi. Plus le gradient est élevé plus l'ouverture sur l'autre et sur le
monde est grande. C'est très critiquable. Très idéologiquement de
gauche...
Guilluy et Levy ne prennent pas en compte la diversité
du périurbain. De fait, ils se rejoignent pour attribuer des qualités
uniques au(x) périurbain(s). Il n'y a pas, en effet, un périurbain mais
des périurbains. Ces derniers sont de plus en plus divers : socialement,
ethniquement, etc., certains espaces sont des espaces de conflits, mais
pas uniquement. On sait qu'une petite-bourgeoisie, dirons-nous, issue
de l'immigration africaine existe en France et vit dans certains
territoires périurbains et côtoie, sans soucis, des "de souche" de
même niveau socio-économique.
On peut même imaginer à terme, un
embourgeoisement, d'un périurbain victime lui aussi d'une certaine
gentrification. Il y a en France, un périurbain qui tend à s'autonomiser
et qui de fait n'est plus réellement "périphérique" (ni spatialement
donc par rapport aux grands centres urbains, ni socialement...). Le
terme périurbain perdrait alors son sens concernant ces territoires.
La
perte de diversité, contrairement à ce que semble écrire Levy se fait
dans les hypercentres des grandes villes, on y pratique l'entre-soi
choisi, on veut certes bien côtoyer la diversité humaine, et un
bourgeois de gauche ou de droite "de souche" ne verra aucun inconvénient
à vivre aux côtés d'un Français issu de l'immigration nord-africaine à la seule condition
que celui-ci ait le même niveau et le même genre de vie. Les autres
moins ou pas "fortunés" devront se contenter des quartiers périphériques
des villes.
Il y en encore beaucoup de choses à dire. On
s'arrête ici. Mais sur ces questions de l'organisation socio-spatiale du territoire français, résultat à la fois du laisser-faire libéral et de
l'incurie des aménageurs, planificateurs dirigistes d'après-guerre, on
pourrait soulever longuement la question de la "mobilité géographique",
qui est un peu le cheval de bataille de la gauche. Plus on est mobile,
plus on est moderne, adapté au monde actuel. Or, c'est sans doute le cas
pour l'hyperclasse et les cadres sup' +++' qui passent leur vie entre
hôtels, TGV et aéroports pour assister à des conférences ou effectuer
des missions à l'étranger, mais cette mobilité est le plus souvent
contrainte, perturbante et déracinante pour les classes sociales
économiquement faibles.
Et on a là tout la tartufferie de gauche
qui se dévoile. La mobilité géographique (laissons de côté cet autre
problème des migrations journalières) n'est pas synonyme de mobilité
sociale. Aller chercher un CDD de 6 mois payé au Smic à 800 bornes de
chez soi, je ne vois pas en quoi c'est une ouverture sur le monde ou une
promotion...C'est uniquement une adaptation à la nécessite
capitaliste...à développer longuement...comme la question de l'étalement
urbain (cauchemardesque), des formes urbaines, du prix du foncier (que
fait la gauche à ce sujet ?)...