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JM Lemonnier, 2016
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Lien avec l'actualité. Voici ce que j'écrivais en 2016. Cela n'a jamais été publié. Les références sont un peu datées mais l'analyse s'est avérée correcte. Aucune correction n'a été apportée au texte original.
- L'Ukraine
Les manifestations qui ont débuté à Kiev le 21
novembre 2013 suite au refus du président ukrainien Viktor Ianoukovitch de
signer un accord d'association avec l'Union européenne a engendré de profonds
troubles dans toute l'Ukraine entraînant la désagrégation de l'unité
territoriale, quoique déjà fragile - d'aucuns diront factice - du pays. Ces
protestations qui sont d'abord le fait d'étudiants et de citoyens, pour
certains favorables au rapprochement de leur pays avec l'Europe communautaire, mais
également pour d'autres à une souveraineté du pays plus affirmée. Il est vrai
que nombre de médias occidentaux ont analysé ces manifestations comme un désir
des Ukrainiens de faire entrer leur pays dans l'Europe communautaire et d'en
finir avec l'influence russe sur le pays. Ces mêmes médias ont aussi pointé du
doigt une prétendue répression radicale et sans nuances des manifestants par
les forces de l'ordre. Pourtant, les rapports de blogueurs ukrainiens et russes
et les images filmées montrent des scènes d'émeutes où on l'on voit des
manifestants préparer puis lancer des cocktails molotov sur des policiers.
Il est désormais, également prouvé, que les tirs à balles réelles qui, selon
les médias dissidents ukrainiens anti-Ianoukovitch et les médias
euro-étasuniens, auraient été le seul fait des policiers, venaient bien aussi
de manifestants et militants nationalistes ukrainiens. Une enquête réalisée par
la télévision allemande révèle que les snipers étaient bien des manifestants
réfugiés dans des bâtiments hors de contrôle des autorités.
Si l'on veut admettre que la révolte est avant tout populaire et naît en
réaction à la corruption du pouvoir d'Etat, ce mal endémique qui gangrène le
pays depuis des décennies, elle a en tout cas rapidement été récupérée par des
formations politiques d'orientations libérales : celle de l'ancienne premier
ministre Ioulia Tymochenko, celle du boxeur Vitali Klitschko et par des nationalistes ou des
partis d'extrême-droite,
principalement le parti Svoboda d'Oleg Tyahnibok considéré comme néo-nazi par le
centre Simon-Wiesenthal et qui déclare en 2004 que l'Ukraine est dirigée par
une "mafia judéo-moscovite". Le groupe paramilitaire "Secteur
droit" créé en 2013 et transformé par la suite en parti politique
ouvertement pro-nazi, dirigé par Dmytro Iaroch, contribue de manière notable à
l'exacerbation des tensions lors des manifestations Euromaïdan, avant de
prendre part aux combats dans l'est de l'Ukraine dans les mois qui suivront les
premières émeutes à Kiev. La figure
tutélaire de ce parti et groupe armé est le nationaliste Stefan Bandera, héros
ukrainien de la Deuxième Guerre mondiale qui dirigea l'Armée insurrectionnelle
ukrainienne (UPA) puis l'Organisation des nationalistes ukrainiens (OUN-B).
D'abord soutien zélé au IIIe Reich hitlérien, Bandera pensant profiter de
l'occupation allemande de l'Ukraine (URSS) pour mener son pays vers
l'indépendance est désavoué par les nationaux-socialistes en 1941. Bandera qui
souhaite créer un Etat ukrainien indépendant contrarie les plans hitlériens prévoyant
de transformer les territoires de l'est en simples colonies allemandes. Le chef
nationaliste est envoyé en camp de concentration mais mourra assassiné par les
services secrets de l'URSS.
L'ancien candidat à la présidentielle étasunienne John
Mac Cain fera le déplacement jusqu'à Kiev pour apporter son soutien au
mouvement Euromaidan. C'est finalement Petro Porochenko en mai 2014 qui profite
de la déstabilisation du pays pour se faire élire président de la république
d'Ukraine, épaulé par le nouveau premier ministre, ancien banquier Arseni
Iatseniouk, dans sa quête de rapprochement à marche forcée de l'Ukraine avec le
BAO. Malgré la démission du, il est vrai, corrompu président Ianoukovitch (d'ailleurs
transformé en dictateur par la presse américano-occidentale aux ordres), la
rupture est de toutes façons consommée entre le pouvoir central kievite et les
populations de Crimée et d'Ukraine orientale (principalement la région du
Donbass, bassin industriel) majoritairement favorables à un rapprochement avec
la Russie. La guerre éclate en Ukraine entre la fin 2013 et le début de l'année
2014. Le bilan humain reste encore à établir. On avance le chiffre de presque
6000 morts. Il est, certes, déjà monstrueux, mais il est à craindre qu'il ne
s'alourdisse. Le massacre d'Odessa de mai 2014 est un de ces épisodes atroces
de cette guerre. Suite à des affrontements entre séparatistes et militants de
l'organisation néo-nazie Secteur droit (Pravy sektor), 40 séparatistes opposants au
nouveau pouvoir de Kiev périssent brûlés dans la Maison des syndicats d'Odessa,
là où ils avaient trouvé refuge pour échapper aux militants d'extrême-droite ukrainiens.
Ces derniers après avoir mis le feu au bâtiment, regardent des hommes et des
femmes bruler vifs sans même tenter de leur porter secours. Aucune indignation
de la part des dirigeants du monde euro-américain et Catherine Ashton
représentante de l'Union européenne pour les affaires étrangères promet
l'ouverture d'une enquête... La veulerie des médias est à l'image de l'hypocrisie et du silence des
gouvernements des pays euroccidentaux et des commentaires de leurs
intellectuels organiques à propos de ce drame. Caroline Fourest,
"l'intellectuel faussaire" (Pascal Boniface) accuse même la Russie
d'avoir provoqué cette situation et soupçonnent les suppliciés de l'avoir un
peu cherché. Le successeur des Bernard-Henry Levy et autres André Glucksmann
ou encore Romain Goupil, sur tous les fronts depuis la Bosnie jusqu'à la Libye
et la Syrie, est déjà trouvé. Le lendemain du massacre, la presse écrite du BAO
écrit laconiquement : "Des dizaines
de morts lors d'affrontement à Odessa" (Le Figaro), "Odessa : 31
morts en marge des affrontements" (Libération) reprenant le texte du
communiqué officiel du gouvernement ukrainien. . L'Ukraine méridionale et
orientale est donc depuis le début de l'année 2014, le théâtre d'un conflit
armé entre milices séparatistes majoritairement soutenues par les populations
locales et les forces armées du pouvoir kievite.
La dimension religieuse et culturelle du conflit n'est
pas à minorer. Le conflit ukrainien
est, pour partie, une réactivation de la vieille opposition entre Ukrainiens catholique et gréco-catholiques
de l'ouest et du centre du pays et Ukrainiens orientaux russophones
majoritairement chrétiens orthodoxes. Il ne se limlite pas à cela. Il est aussi est révélateur (pour le grand public) de la division du monde orthodoxe ; les Eglises ukrainiennes étant en conflit avec le patriarcat de Moscou présent en Ukraine à travers ses paroisses et monastères.
Cette guerre en Europe a pour conséquences graves la
dislocation du pays : la péninsule de Crimée et toute la partie orientale de
l'Ukraine (nouvelles républiques de Lougansk et de Donetsk) appelée par ses
protecteurs "Nouvelle-Russie" ont fait sécession. Le projet "Novorossia"
(abandonné ou en sommeil depuis mai 2015) n'a, cependant, pas été soutenu par
les autorités russes qui restent prudentes sur cette question de l'autonomie de
l'ex-Ukraine orientale. Une indépendance de la Nouvelle-Russie restreinte aux
républiques de Lougansk et Donetsk ou beaucoup plus vaste (cf. carte) est à
exclure pour le moment. Cette prudence de Moscou ne peut se comprendre que si
l'on accepte l'idée que la Russie, contrairement à ce que martèlent les
stipendiés de la presse du BAO, est respectueuse du "droit
international" contrairement à d'autres Etats. Il est, à ce propos,
intéressant de comparer le nombre d'opérations extérieures, guerres ou coups
d'Etat, menés ou soutenus par les Anglo-étasuniens depuis la fin de la deuxième
guerre mondiale avec ceux entrepris par l'URSS puis la Russie sur la même période.
La Russie n'a
donc pas perdu son accès à la mer Noire (la puissance navale russe en mer Noire
n'est, par ailleurs, rien en comparaison de celle de l'OTAN) et à la
méditerranée de fait. Dans le cas contraire, la progression de la
thalassocratie dans le contrôle du Rimland aurait franchi une étape
supplémentaire. La Russie a dès lors la possibilité de constituer, de fait un
front eurasiatique de Moscou à
Simferopol (Crimée) en passant par Minsk (Biélorussie) et Tiraspol
(Pridnestrovie) retardant l'avancée de l'Union européenne et de l'OTAN vers
l'est européen. En outre, la réunification de la Crimée avec la Russie suite au
référendum de 2014 n'a été reconnue par aucun Etat au monde. Quant à la
République populaire de Donetsk et à la République Populaire de Lougansk, Etats
sécessionnistes qui devaient se fondre dans le projet de république confédérale
portant le nom de Nouvelle-Russie, elles sont actuellement reconnues par la
seule Ossétie du Sud, Etat qui n'est, lui-même, au début de l'année 2016
uniquement reconnu que par la Russie, le Venezuela, le Nicaragua et Nauru
Le jeu du Bloc-Américano-Occidental
en Ukraine
On ne doit donc pas résumer l'Euromaïdan et tout ce
qui a suivi à une question de politique intérieure, ni à un conflit régional
opposant une Russie impérialiste (l'idée émane, en France, autant de
l'extrême-gauche trotskiste et libérale à la Olivier Besancenot que des
nationalistes pro-croate qui soutiennent aujourd'hui les milices nationalistes
ukrainiennes). La lecture, entre autres, du livre de Zbigniew Brzezinski "Le grand échiquier"
paru en 1997 dont la thèse centrale est que tout ce qui nuit à l'hégémonie américaine
doit être combattu, permet de remettre l'ensemble de ces événements en
perspective. Brzezinski identifie "sur
la nouvelle carte politique de l'Eurasie, au moins cinq acteurs géostratégiques
ainsi que cinq pivots géopolitiques (...) La France, l'Allemagne, la Russie, la Chine et l'Inde sont des acteurs
de premier plan (...) L'Ukraine,
l'Azerbaïdjan, la Corée, la Turquie et l'Iran constituent des pivots
géopolitiques cruciaux" (Brzezinski, 2011 : p. 69). Dans ce livre
Brzezinski détaille les ambitions étasuniennes de domination du monde qui,
cependant, contrairement à celle d'un G. W Bush ne se veut pas unilatérale.
Pour l'ancien conseiller à la Maison Blanche, la domination globale étasunienne
passe par une coopération avec l'Europe. Mais pour que ces ambitions
étasuniennes s'accomplissent, il faut empêcher la création d'une Europe d'Etats
souverains, limiter au maximum l'influence de la France sur le plan
international et faire bien évidemment de cette dernière, comme de l'Allemagne,
de la Pologne et de l'Ukraine de serviles vassaux des Etats-Unis. La politique
étrangère française depuis au moins la présidence de Nicolas Sarkozy va dans le
sens du projet défini dans "Le grand échiquier".
Dans ce même ouvrage, nous lisons que la
Conquête de l'Est et la reconfiguration politico-économique et territoriale de
la Russie font partie des projets de l'Etat étasunien profond. "Une Russie plus décentralisée aurait moins
de visées impérialistes. Une confédération russe plus ouverte qui comprendrait
une Russie plus européenne, une république de Sibérie et une république
extrême-orientale" (Ibidem :
p. 258-259). Le politologue étasunien expose ici, ni plus ni moins, qu'un
projet de partition de la Russie, soit sa disparation en tant qu'Etat
centralisé. L'expression "Balkans eurasiens" utilisée par Brzezinski
(chapitre 5 de son livre) correspond à la fois une politique pro-active
empêchant la Russie de retrouver son ancienne aire d'influence et une
géographie. Les Balkans eurasiens de Brzezinski se composent des pays du
Caucase, à savoir la Géorgie, l'Azerbaïdjan et l'Arménie et de ces pays d'Asie
Centrale que sont le Kazakhstan, le Kirghizistan, l'Ouzbékistan, le Turkménistan
le Tadjikistan, l'Afghanistan, et le
Pakistan. En dehors de ce dernier, tous sont d'anciennes républiques
socialistes soviétiques. Ces Balkans d'Eurasie forment ce que l'on appelé (à
tort) le "ventre mou" de la
Russie. A tort aujourd'hui, car en effet, la stratégie étasunienne dans la région
n'a fait que renforcer ce "ventre mou". Le renforcement de la
surveillance russo-tadjike, l'appui sur la population tadjike nord-afghane, l'armement
et la coopération avec les forces armées et de polices tadjiks, installation de
forces armées russes (201e division motorisée) prêtes à intervenir au
Tadjikistan ou dans la région proche ou encore la présence depuis les guerres
des années 90, de la 58e armée en Tchétchénie qui peut compter sur la loyauté
des troupes musulmanes de Kadyrov, et capable d'intervenir dans la Région (en Géorgie)
sont des éléments, parmi d'autres encore, qui permettent d'affirmer que le
"ventre mou" s'est endurci... A ces pays appartenant à ces deux
grands ensembles spatiaux (Caucase et Asie centrale), on peut ajouter la
Turquie et l'Iran, deux Etats beaucoup plus viables politiquement et
économiquement que les précédents et qui mènent une lutte d'influence pour
devenir la puissance dominante dans la région des "Balkans
eurasiens". Malgré leurs atouts, ces deux pays restent très fragiles sur
la question ethnique. La déstabilisation d'un seul de ces deux Etats
entrainerait celle de tout l'espace caucaso-centro-asiatique et du
Moyen-Orient.
Le conflit énergétique, de 2005 à 2009, entre la
Russie et l'Ukraine est aussi à resituer dans cette logique d'affrontement
entre le BAO et la Russie. Le gaz russe qui transite par l'Ukraine assure
l'approvisionnement énergétique de l'Europe atlantique. Ces crises gazières
portant sur des questions de prix et de distribution du gaz, opposant
l'entreprise russe Gazprom à l'ukrainienne Naftogaz, ont eu de lourdes
conséquences dans les différents Etats de l'Europe communautaire, a fortiori
sur ceux de l'Europe centrale et orientale et balkanique. A l'hiver 2009,
certains ont vu leur approvisionnement en gaz russe, dont ils sont largement
dépendants, chuté vertigineusement (Hongrie, Roumanie, Pologne...), d'autres
dans les Balkans ont cessé d'être alimentés par cette même source. C'est à ce
moment que l'Europe atlantique a décidé de se tourner un peu plus vers les
Etats de la Caspienne en privilégiant les accords avec le Turkménistan
notamment. Cette stratégie devait permettre la création d'un corridor
énergétique gazier et la création de gazoducs (White Stream, Nabucco, Nabucco
West) en Europe du sud-est à proximité du Moyen-Orient, tout en diminuant la
dépendance de l'Europe communautaire à l'égard de la Russie et de l'Iran qui
avec le contrôle du détroit d'Ormuz possède toujours une arme stratégique redoutable.
On voit ici que le facteur énergétique entre parfaitement dans la stratégie d'encerclement
du Heartland. En outre, cette situation - gazoducs transitant par son territoire
- a largement profité à la Turquie devenue partenaire incontournable de
l'Europe atlantique. Mais le Turkménistan et d'autres Etats de la Caspienne ont
aussi conclu des accords avec la Russie, l'Iran ou la Chine (présente au
Kazakhstan depuis la fin des années 90) exploitant des ressources gazières et à
l'origine de projets d'oléoducs.
Or donc, ce plan devant interdire à la
Russie de reprendre prise sur une partie du Rimland a globalement échoué mais
il est toujours d'actualité. Les Etats-Unis (BAO) manipulent les minorités ethniques des pays
ciblés contre la population dominante - le rôle de l'Allemagne lors le putsch
d'Euromaïdan, le même que durant le processus de dislocation de la Yougoslavie
est insigne - pour renverser les régimes hostiles à leur politique hégémonique.
Géographiquement située à la jonction du bloc ouest-européen et de l'ensemble
continental russe-eurasiatique, l’Ukraine occupe donc une position stratégique de premier
plan. L'appui des Etats-Unis à l'admission de l'Ukraine dans l'OTAN depuis le
début des années 2000 constitue, de toute évidence, une grave menace pour la
stabilité (même relative) du continent européen, en même temps qu'une
provocation pour Moscou qui voit dans les manœuvres de Washington la continuation
de sa politique d'endiguement de la Russie jamais abandonnée depuis la fin de
la Deuxième Guerre mondiale. Démonstration est faite que les Etats-Unis et l'OTAN, ce qui
revient pratiquement au même, mais aussi l'Europe communautaire (les Etats membres de l'OTAN en Europe devant
à terme être les mêmes que ceux appartenant à l'Union européenne) sont derrière
le coup d'Etat de l'hiver 2013-2014.
Conséquemment à la crise du Maïdan de la fin de
l'année 2013, un affrontement armé va opposer dès le début de l'année 2014, l'armée
régulière ukrainienne, à laquelle se sont joints des mercenaires engagés dans
les milices nationalistes, parfois des djihadistes et d'anciens combattants de
Tchétchénie, aux séparatistes du Donbass. Près de 6000 morts sont déjà à déplorer.
Les combats mettant face à face l'armée régulière ukrainienne (associée aux
mercenaires à la solde du régime de Kiev) et les forces séparatistes dans le
"chaudron de Debaltsevo" dans
l'oblast de Donetsk ont été parmi les plus meurtriers du conflit ukrainien. Très
rapidement, l'armée ukrainienne, faute de moyens et malgré l'aide financière du
BAO, doit faire à de nombreuses désertions dues à un manque de motivations des
combattants et aux conditions de vie précaires dans le Donbass. Kiev craint
également que ses soldats ne finissent par rejoindre les rebelles de l'est. Par
conséquent, en mai 2014, suite aux référendums d'autodétermination dans le sud
(Crimée) et dans la partie orientale de l'Ukraine (Républiques de Donetsk,
Lougansk), le régiment Azov (en référence à la mer du même nom) est créé par
Kiev. Sous commandement du ministre de l'intérieur le bataillon Azov, qui
intègre la Garde nationale ukrainienne en septembre 2014, regroupe environ 800
soldats ukrainiens en provenance de l'ouest et du centre de l'Ukraine, auxquels
viennent rapidement s'ajouter des mercenaires venus de toute l'Europe :
vétérans des guerres yougoslaves à la fois Croates, Français, Suédois,
Polonais, Allemands mais aussi des ressortissants des Pays Baltes. Ce régiment
comme d'autres (bataillons Dnipro, Aidar, Donbass) est principalement financé par l'oligarque milliardaire Ihor Kolomoïsky, de nationalité ukrainienne, israélienne,
chypriote, ancien président du Conseil européen des communautés juives, et
fondateur du "parlement juif européen".
Il est connu pour avoir appelé au meurtre d'un député russe en 2014. Cette
organisation paramilitaire financée par un sioniste est en fait une milice
internationale d'extrême-droite (l'extrême-droitisme, faut-il encore le
rappeler, n'est pas synonyme de nationalisme) ne se cachant pas d'utiliser des
symboles néo-nazis et responsables d'actes de tortures dans cette guerre d'Ukraine.
Dans le camp séparatiste, l'internationalisation du combat apparaît aussi. On
retrouve des combattants de même nationalité dans les deux camps : l'un
pro-russe donc ou anti-Kiev, l'autre que l'on peut considérer comme pro-BAO.
Nous identifions deux camps, tant il est difficile de donner une réelle
consistance et une véritable autonomie (à tous les niveaux et contrairement à
une organisation terroriste comme l'EIIL) au camp du "ni Moscou, ni axe
Kiev-Bruxelles/Berlin-Washington" dont se réclament les
"nationalistes" ukrainiens qui n'ont pu resurgir et ne survivent
aujourd'hui que grâce à la complicité du BAO. Or donc, des Français partisans
d'une Grande Europe qui irait de la péninsule du Kamchatka à l'Islande voire
encore plus loin à l'ouest (la
Nord-Amérique francophone) et qui se retrouvent dans les théories du
Belge Thiriart ou du Russe Douguine auxquels ils adjoignent donc la défense de
la "francité". A ces volontaires appartenant à cette "France
parallèle" (par opposition à cette France officielle et atlantiste), il
faut compter sur des Serbes, des Espagnols, des Roumains, des Polonais qui
partagent cet idéal d'un Bloc continental eurasiatique. Ces jeunes Européens
partisans d'une union continentale d'orientation post-libérale, socialiste et
traditionnelle sont donc devenus les frères d'armes des combattants
séparatistes russophones anti-Kiev donc anti-BAO. Ces soldats-militants mènent
une révolution sociale, nationale et continentale contre le "monde
moderne" et pour la défense des valeurs traditionnelles communes à
plusieurs courants religieux ou philosophiques. La pensée Grande-continentale
qui rejoint celle des néo-eurasistes à la Douguine en la dépassant (donc non
russo-centrée et polycentrique, "francitaire", l'Europe occidentale
et orientale non réduite à un partenaire de la Russie) revendique à la fois un
héritage spirituel européen de l'orthodoxie aux paganismes eurasiatiques
(indo-européens ou non) en passant par le catholicisme et l'islam, mais aussi,
bien sûr, une ligne politique critique à l'égard de l'idéologie du progrès.
Après les accords de Minsk II (voir ci-après), nombre de ces volontaires
quittent l'Ukraine après avoir passé parfois un an et demi sur le théâtre des
opérations.
Parmi les personnages remarquables, emblématiques de
cette résistance à la fois anti-Kiev, antifasciste, anti-OTAN donc
anti-impérialiste, devenus des héros pour le peuple du Donbass mais aussi pour
de nombreux Russes, on trouve Arseny Pavlov dit "Motorola", chef du
bataillon du même nom qui s'est illustré dans différentes batailles contre les
forces armées du régime de Kiev, notamment à Ilovaisk ou à
Donetsk lors des combats pour la prise de l'aéroport. La popularité de cet
homme dont les autorités ukrainiennes ont annoncé sa mort à de nombreuses
reprises dans un but de démoralisation est très forte chez tous ceux qui le
reconnaissent comme un authentique combattant pour la libération de l'Europe. Une autre des grandes figures de la rébellion
du Donbass est Igor Strelkov commandant des forces d'auto-défense de la
République populaire de Donetsk puis ministre de la Défense de cette
république. En mai 2014, dans un entretien accordé au journal russe Komsomolskaïa Pravda, il définit les
objectifs des rebelles : "Les
milices populaires formées de la population locale veulent évidemment que la république
de Donetsk ne dépende plus de la volonté de la junte de Kiev [nom donné à la
nouvelle classe politique ukrainienne] ni de celle qui viendra la remplacer. 80
% de la population souhaitent le rattachement à la Russie. La motivation de
ceux qui sont venus avec moi et qui se joignent à nous est plus large. Ils
disent : 'Nous ne voulons pas nous arrêter à ce qui a été obtenu, nous
voulons aller plus loin et libérer l’Ukraine des fascistes' ". Pavel Goubarev
idéologue de la "Nouvelle-Russie" et homme politique est un
personnage de premier plan dans cette guerre qui touche les régions russophones
d'Ukraine orientale. Enfin, faut-il mentionner les propos d'Ivan Okhlobystine,
acteur faisant partie des nombreux soutiens russes à la cause de la Nouvelle-Russie,
projet dont l'aboutissement passe par le combat (géo-)politique et militaire mais
aussi métaphysique, spirituel : "En marge du territoire de la Novorossia
passe aujourd’hui la ligne de l’opposition des ténèbres et de la lumière, du
bien et du mal universel. Le cœur de la Russie bat sur la terre de la
Novorossia et si, pour qu’il ait la paix au Donbass, il faut prendre Kiev, j’y
suis prêt. Les guerriers de la Novorossia ont fait front pour défendre le monde
orthodoxe contre la peste qui vient de l’Ukraine. Je suis en admiration devant
chaque personne que je croise à Donetsk, qui s’est levée pour défendre la
liberté et la vérité. La Russie n’a jamais imposé sa volonté au reste du monde,
mais s’est toujours sentie responsable de tout ce qui s’y passe. Aujourd’hui
les soldats de la Novorossia se battent au Donbass non pas contre le fascisme
de Kiev, mais contre le mal mondial, l’hypocrisie et l’injustice. Que Dieu
veille sur eux !".
Le protocole de Minsk de septembre
2014, signé par la Russie, l'Ukraine et les Républiques de Donetsk et de
Lougansk sous la conduite de
l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) devant assurer
un cessez-le-feu bilatéral a échoué. Les sommet de Minsk II de février 2015,
réunissant Angela Merkel François Hollande, Vladimir Poutine, Petro Poroshenko
président de l'Ukraine, Alexandre
Zakhartchenko chef et premier
ministre de la République populaire de Donetsk, Igor
Plotnitski chef de la République Populaire de Lougansk reprend, pour partie, les
propositions de Minsk I, impose l'arrêt des combats à partir du 15 février
2015, crée un espace démilitarisé ("zone tampon") élargi par rapport
à celui prévu par MINSK I et engage l'Ukraine sur la voie de la fédéralisation.
Pour autant des combats ont toujours lieu...Une offensive majeure de l'armée
ukrainienne, appuyée par la force otanesque, contre les partisans de la
Nouvelle-Russie visant à rattacher de nouveau la Crimée et les territoires de
l'est à l'Ukraine est, cependant, encore possible. Il est, néanmoins, impossible,
aujourd'hui, de dire quelle serait l'ampleur du désastre pour l'Ukraine,
l'Europe et immanquablement le monde si une telle action devait être
entreprise.
Nous savons, par ailleurs, que sur les autres fronts
où s'opposent, de manière indirecte le Bloc Américano-Occidental à la Russie et
ses alliés syriens, iraniens et du Hezbollah, la situation est plus que tendue.
La moindre provocation d'un des belligérants mènerait le monde vers le chaos. On
doit insister sur le fait que les grandes zones de guerres que sont le Proche
et Moyen-Orient et l'Ukraine, demain peut-être la Moldavie et à nouveau les
Balkans sont proches des frontières russes ou correspondent à des territoires
avec lesquels la Russie à des liens politiques, économiques et/ou culturels donc
historiques très forts. Cet ensemble géographique correspond à ce monde où se
déroule le Grand Jeu entre Orient et Occident et là où peuvent débuter les
guerres mondiales...Rappelons que l'Europe orientale et balkanique ou encore la
Turquie et la Syrie sont des territoires qui furent sous contrôle de Byzance
puis de l'Empire ottoman...
Bruno Rieth, "Euromaidan :
l'enquête qui jette le trouble", en ligne le 27/04/2014 http://www.marianne.net/Euromaidan-l-enquete-qui-jette-le-trouble_a238326.html,
consulté le 22/01/2016
"Acteur
Ivan Okhlobystine : La Novorussie est l’épicentre de résistance contre le mal
universel", http://novorossia.today/acteur-ivan-okhlobystine-la-novorussie-est-un-epicentre-de-la-resistance-contre-le-mal-universel/,
en ligne le 19/01/2015, consulté le 19/02/2016
https://jeanmichel-lemonnier.blogspot.com/2014/02/victoire-euro-atlantiste-en-ukraine-pas.html