C'est parce que l'Occident est
mort que la Russie fascine. Que celle-ci soit perçue positivement ou
négativement, la raison de cette fascination objective qui oscille entre deux
extrêmes à peu près égales en stupidité (poutinolâtrie et haine imbécile d'un
allié historique de la France) est moins logique que psychologique et
métaphysique (l'athée n'étant, par ailleurs, qu'un croyant refoulé, révolté par
le silence de Dieu). La décomposition de la "troisième Rome" par
l'argent-marchandise est moins avancée que celle de l'espace euro-atlantique et
de ses colonies. La Russie fait figure de rédemptrice, elle incarne ici et
maintenant le bras lourd de Jésus-Christ que la Théotokos, la Mère des Douleurs, peine à retenir (voir La Salette). Pour entendre cela, il faut considérer
l'existence d'intentions transhistoriques et rejeter les théories
historicistes. Mais on peut parier sur l'infaisabilité d'une telle prise de position
de la part de la plupart de nos contemporains. Qu'importe.