On évoquera, peu longuement, tous les pseudo-soutiens marxisants à la Russie qui
ne peuvent guère considérer celle-ci que comme un ancien laboratoire
d’un socialisme (dégénéré) et qui n’envisagent pour elle qu’un destin au
sein d’une néo-URSS aberrament "athée", avec son nouvel "homme nouveau"
qui ne serait qu'un homo sovieticus à peine "cosmétisé" ; un être, on
le sait, guère différent du consommateur-aliéné du monde capitaliste.
Autrement dit, le projet de ces gens : changer de mode de production
pour tenter de remplir les "frigos" différemment avec toute la réussite
que l'on sait...
Pour la Russie (et les partisans d'un certain projet géopolitique
Eurasiste) il s’agit, aujourd'hui et plus que jamais, d’un combat contre
la "catastrophe anthropologique" euroccidentale et contre la dissolution de la culture russe, plus globalement eurasiatique, dans une bouillie globaliste. Nulle question d’éliminer un "foyer infectieux" mais bien plutôt de refuser une "contamination" ou de la circonscrire (limiter dans un premier temps la puissance de l'aristocratie d'argent, de l'oligarcho-capitalisme et la sous-culture anglo-saxonne postmoderne invasive et nihiliste...)
A l'attention des menteurs qui dénoncent une supposée islamophobie russe
(cf. Tchétchénie), la doctrine néo-eurasiste qui guide (et sans doute
pas autant que certains voudraient nous le faire croire) l'action du
dirigeant russe actuel appréhende l'islam sans aucune condescendance ni
démagogie (Non à la charia ! Non à la déstabilisation wahabo-étasunienne
du Caucase !). La culture, la religion musulmane ont, pour
autant, leur place au sein d'un bloc continental eurasiatiatique formé
d'un ensemble culturel organique, tout autant que les bouddhistes, les
chamans sibériens, les chrétiens catholiques enfin débarrassés de leurs
lépreuses mondanités spirituelles ou...les athées (sans que ces derniers puissent "mener le jeu"), etc.
Le laïcisme haineux des nécrothéologiens associé aux Bible and business
évangéliques, s'illustrant à merveille à travers l'alliance du
pornographe et du puritain, est une des composantes idéologiques de cet
impérialisme euroccidental hétéroclite qui heurte évidemment la
conception byzantine de l'Etat russe, les valeurs de l'orthodoxie
chrétienne et la mentalité "socialiste" de l'homme archaïque (qui n'a heureusement (?) jamais lu une seule ligne de l'œuvre de Marx) héritier des vieilles communautés paysannes pacifiques eurasiennes dont il ne reste (quasiment) plus rien en Europe occidentale.
Au-delà de la Russie, c'est l'eurasisme en tant que doctrine (ou doctrines) qui est visée, consciemment ou non, par ces sycophantes.
Il existe différentes définitions/conceptions de l'Eurasie. Outre l'approche par la géographie physique (plaque tectonique
eurasiatique) (2), ce qui nous intéresse c'est un projet (géo-)politique eurasiste particulier.
Celui qui permettrait de considérer la doctrine eurasiste russo-centrée
pour la dépasser (notamment l'idée de continent intermédiaire) et
permettre d'inclure l'ensemble des nations d'Europe dans un grand
ensemble continental solidaire. Le pantouranisme, le néo-ottomanisme
(mais non pas, forcément, tous les Etats concernés par la doctrine) et
autres formes d'irrédentismes, n'ont, pas contre, rien à apporter à ce
projet, sinon la division.
L'eurasisme est un sentiment, une expérience, théorisés (ou
en voie de théorisation), en une "synthèse patriotique" des grands
espaces, des vieilles terres du Grand continent, centre
cosmo-géographique de la Foi (multiple), bienveillant à l'égard de
toutes les cultures ancestrales qui respectent l'homme.
L'eurasisme arrache le masque "libéral" de
la fausse tolérance et des arrières-pensées hypocrites qui
l'accompagnent et ouvre un dialogue frontal, entre "visions du monde
sophistiquées" pour repousser la violence aveugle due aux
incompréhensions culturelles et au laisser-faire démagogique. Il
va autant à l'encontre du chauvinisme des "Bidochons" politiquement
analphabètes et philosophiquement "demeurés" à la remorque de
l'"identitarisme" binaire et de son catholicisme de patronnage, que des
valeurs de l'Euroccident de l'existence hors-sol, en phase
d'autodissolution qui tentent de finir d'éteindre la vieille conscience révolutionnaire anti-marchande des peuples.
Très concrètement sur le plan géostratégique, l'Empire
militaro-marchand qui a le plus grand mépris pour ces vieilles nations
européennes, et notamment envers celles des ex-démocraties populaires
(polonaise, tchèque, roumaine, bulgare...) se sert du très fort
ressentiment anti-russe et de la composante politique victimaire ("Tout
est de la faute des grands empires voisins !") (3) présents
dans ces denières pour installer, depuis 25 ans, à la fois des bases
militaires avancées dans l'objectif d'encercler la Russie mais aussi de
nouveaux (super-)marchés et faire obstacle, de fait, à la "grande réconciliation" eurasiste.
A la bêtise crasse du "réalisme socialiste" catagogique ont succédé
les rêves creux de pseudo-émancipations individuelles propres à
l'imaginaire capitaliste dont la figure anthropologique caractéristique
moyenne est le bon petit bourgeois "frileux". Pour le moment, encore
illusionnés par le mirage de promesses d'enrichissement et
d'épanouissement personnels, l'Euroamérique est perçue comme une
"libératrice" par ces peuples, mais le réveil risque d'être
effroyablement difficile...On observe, cependant, déjà ici et là, des signes d'une immense amertume...Reste à savoir à quoi servira cette dernière...
L'appel de l'Eurasie (ou d'une Eurasie) en tant que projet
émancipateur, toujours en construction contre le sectarisme des
idéologues de tout poil, finira par se faire entendre
pleinement dans tout cet espace allant des rives de l'Atlantique (et
encore plus loin à l'ouest) à la péninsule du Kamtchatka, chez tous ceux
qui refusent cette dynamique ethnocidaire et matérialiste imposée par
le monde de la raison marchande qui transforme l'être humain en estomac,
en un porc libidineux, arrogant, manipulateur et procédurier,
dissimulant sa trouille abyssale de la mort et de sa possible
néantisation derrière le ricanement et un faux détachement cynique...Un
post-humain qui ne peut guère considérer le monde que comme un
gigantesque (super-)marché, un terrain de jeux, voire un immense
"bordel"...
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La croix, Arbre de vie qui rejoint les différents niveaux cosmiques, alliance du Ciel et de la terre, son centre est le cœur du monde... |