: Jean-Michel Lemonnier, bloc-notes: autochtonisme
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mardi 30 juin 2015

Daniel Everett, linguiste (ancien du S.I.L.*) et la langue pirahã - Peuple Pirahã


Peuple amazonien, anhistorique, sans mythes, sans cosmogonie, sans dieu(x), vivant dans un éternel présent...Liens entre la langue et leur régime existentiel...
Articles scientifiques, de vulgarisation et journaux :
Dictionnaire pirahã-français
http://www.omniglot.com/writing/piraha.php
http://itre.cis.upenn.edu/~myl/languagelog/archives/001387.html
Number as a cognitive technology: Evidence from Pirahã language and cognition q Michael C. Frank a , Daniel L. Everett b , Evelina Fedorenko a , Edward Gibson a, *
Le site d'Everett
http://daneverettbooks.com/wp-content/uploads/2014/04/Everett.CA_.Piraha.pdf
Piraha Exceptionality: a Reassessment Andrew Ira Nevins, David Pesetsky, Cilene Rodrigues June 2009
http://www.theguardian.com/education/2004/oct/21/research.highereducation1
http://hypescience.com/o-misterioso-povo-pirarra-e-o-idioma-mais-estranho-do-mundo/
http://www.elmundo.es/elmundo/2007/05/07/ciencia/1178524552.html?a=6cf50976dcb4ee8dea6c135a37ed6316&t=1178540872
http://pib.socioambiental.org/en/povo/piraha
Tribe Helps Linguist Argue with Prevailing Theory
http://www.survivalfrance.org/textes/3163-entretien-avec-dan-everett
http://www.courrierinternational.com/article/2008/12/04/missionnaire-sans-foi
*Le summer institute of linguistics (SIL) est sans aucun doute l’institution missionnaire protestante la plus puissante et la plus répandue dans toute l’Amérique latine, présente dans douze pays et ayant une influence considérable sur le monde amérindien, particulièrement en Colombie. Sous couvert de recherches scientifiques, d’étude des langues indigènes et d’aide humanitaire, elle oeuvre en fait pour l’évangélisation des communautés où elle s’implante. Cet organisme à pour fondement les croyances millénaristes évangéliques, basées sur la conquête religieuse du monde (Voir aussi page "peuples autochtones" sur ce blogue).



jeudi 29 janvier 2015

Miorița, espace mioritique et autochtonisme

Miorița est une célèbre ballade, un véritable monument de la culture populaire roumaine, expression du génie roumain. Version du texte en français. 
A partir de ce poème populaire, des intellectuels roumains comme Lucian Blaga ou Mircea Eliade ou français comme Jules Michelet ont extrait une matière ayant permis de définir l'essence de l'âme roumaine.
De Miorița, se dégage les traits de cet espace mioritique, espace géographique autant que philosophique, autant réel que symbolique, paysage fait de collines à l'horizon limité rappelant le pays des Moți dans les Carpates occidentales ou les collines moldaves de Bălănești, en même temps que paysage mental "ondulé" mythico-cyclique, "matrice stylistique" de la culture roumaine, vagina nationum, berceau du peuple roumain, espace matrice de l'âme roumaine profondément marquée par l'idée de destin selon le philosophe Lucian Blaga.


Libre de droits
Quand le Français  Michelet  voit dans dans "Miorita" (MioritSSa) l'expression d'une psychologie roumaine fataliste, "défaitiste", Eliade le Roumain analyse la réaction du pâtre face à la menace d'une mort certaine comme une réponse d'ordre cosmique à la Terreur de l'histoiretypique de l'attitude de l'homme archaïque de la protohistoire. Il s'agit d'une union mystique du berger avec le cosmos, de la transfiguration d'un événement tragique (la mort) en sacrement (non dans un sens purement chrétien), en un drame liturgique, en Mystère auquel participe le cosmos tout entier. La fiançée mystique, la mort, les astres, le soleil et la lune, témoins du monde, le dialogue du paysan avec ses animaux (l'agnelle voyante) forment un tableau mythico-religieux, une liturgie cosmique : "La nature tout entière devient église" (Lucian Blaga), pour Mircea Eliade "la mort est transmuée en Noces mystiques".
Au moment, de l'unification des différents pays roumains, l'ensemble des éléments de ce poème interprétés par Blaga puis par Eliade constitue un enseignement réutilisable pour la jeune nation roumaine qui peut se reconnaître dans une vision du monde verticale et hautement sophistiquée, à l'écart des influences occidentales, loin du libéralisme, de la démocratie bourgeoise, du laîcisme, de l'athéisme, du marxisme ou du nihilisme moderne plus généralement...

La déshistoricisation, la mythification, de facto la sacralisation du récit poétique qui inscrit le paysan (l'homme du pays) dans une histoire cosmique, permettent donc de justifier un autochtonisme, des valeurs indigènes spécifiques au peuple roumain (mais qui écartent de fait les quelques groupes de populations minoritaires) qui s'expriment à travers un christianisme, en partie affranchi du poids de l'histoire (transhistorique),  création originale conçue dans la réalité d'une Weltanschauung indo-européenne archaïque enracinée au coeur du christianisme orthodoxe. Voilà ainsi expliqué à partir de ce haut patrimoine de la culture littéraire roumaine, le christianisme cosmique et populaire cher à Mircea Eliade.
Cet espace mioritique est donc l'espace-matrice philosophico-géographique d'un peuple roumain qui mépriserait l'histoire -antihistorique- (et vivrait encore de nos jours, de toute évidence de manière résiduelle, ce mode d'être au monde étant désormais le fait de quelques communautés rurales présentant encore un caractère "traditionnel") à travers cette vérité toujours renouvelée, ce "mode d'être dans le monde" (Eliade, M.) qu'est le mythe. Une conception du temps et de l'espace, une vision du monde dans lesquelles, cependant l'ensemble des peuples eurasiatiques peuvent (ou pouvaient) se reconnaître.
Nostalgie de l'espace de vallées, cultivée au sein d'une psychologie roumaine, désormais éloignée de ce paysage mythico-géographique, qui à travers le contenu métaphysique du mot "Dor" exprime par le langage la mélancolie d'un peuple originairement agro-pastoral (la campagne est vagina gentium), la nostalgie d'appartenir à un cosmos unifié, sacré, sans divisions aliénantes. Cette nostalgie des origines ne peut, en aucun cas s'éteindre, et l'homme rationnel incarné dans l'individu moderne a-religieux est une abstraction, un pur mensonge. Il existe, en effet, toujours une pseudo-religion (idéologies politiques  marxisme fascisme, libéralisme, etc. grand-messe sportive, etc.), des croyances déguisées qui trahissent l'incurable dimension religieuse de l'être humain.

Texte de la ballade : http://www.romanianvoice.com/poezii/balade/miorita.php

Miorița, récitée

lundi 23 septembre 2013

Le paysan roumain, homme religieux




"Tu viens et tu nous dis: vous êtes les derniers paysans en Europe/au monde, vous devez disparaître. Moi, je te dis: pourquoi ne serait-ce pas toi le dernier con au monde et que ce serait à toi et non à moi de disparaître ?" (traduction libre, vidéo)


Le paysan (pas l'agriculteur moderne areligieux (1) et "destructeur") roumain (2), homme religieux, en solidarité mystique avec les rythmes cosmiques, croit au Christ Pantocrator qui descend sur terre (3) pour rendre visite aux paysans. Une croyance qui renvoie à un christianisme cosmique (christianisme populaire) et dominée par la nostalgie d'une nature sanctifiée par la présence de Jésus-Christ. Le paysan est "homme véritable" car il se conforme à l'enseignement des mythes (mythos, c'est la parole vraie), à des modèles exemplaires venant de ses ou de son dieu. Il est, à la fois, allié et auxiliaire de Dieu car c'est un créateur. En effet, en prenant possession d'un lieu, il transforme le chaos en cosmos. Il participe à l'instauration d'un ordre cosmique. Il faut donc bannir l'idée selon laquelle l'homo religiosus fuirait l'histoire en cherchant un refuge dans le sacré, le "religieux mythique". Au contraire, il s'y implique pleinement en combattant, sans cesse, par la ritualisation, notamment, des "forces" du chaos qui peuvent condamner son monde. Tout cela suppose que pour le paysan-religieux, le temps et l'espace sont forcément hétérogènes. Pour lui, il existe donc un Temps sacré, mythique et réversible d'une part et un temps profane, ordinaire, historique et irréversible d'autre part. L'homme religieux fait aussi l'expérience et a conscience de l'existence  d'espaces de "qualités" différentes, autrement dit d'un espace fait de ruptures : l'espace sacré et réel et l'espace profane, irréel, "amorphe" et chaotique, quotidien, où l'homme subit des "obligations". Le paysan cherche à retrouver ou réintégrer l'aurore cosmogonique, c'est-à-dire qu'il réactualise un événement s'étant déroulé in illo tempore en construisant sa maison par exemple. Celle-ci est conforme à un prototype céleste ou cosmique. L'espace profane qui n'était que chaos devient, par incidence, un espace sacré et centre du monde. L'homme religieux crée ainsi son propre monde et en veillant à la survie de celui-ci, il assure la sienne. 

Que l'on compare simplement le rôle assigné à une habitation moderne selon le furieux techniciste Le Corbusier et son '"habitat fonctionnel" et concentrationnaire (4) ou selon n''importe quel architecte-urbaniste qui doit obligatoirement satisfaire à la "nécessité capitaliste" moderne, avec celui dédié à une demeure selon l'homo religiosus et on comprendra ce qui différencie une existence moderne d'une existence traditionnelle

Or donc, à travers ces croyances et surtout cette Weltanschauung ou vision du monde, on peut identifier une révolte passive du paysan donc de l'homme religieux  contre les agressions de l'histoire, les guerres, les invasions (5) les dominations imposées par différents "maîtres". L'histoire -le temps irréversible- est la plus grande menace pour l'homme religieux dont les derniers paysans roumains authentiques présentent, encore de nos jours, quelques unes de ses qualités. En s'inscrivant dans une perspective cosmique, les sociétés paysannes ou agricoles traditionnelles d'Europe centrale et orientale (pacifiques la plupart du temps) se révoltent (ou se révoltaient...) alors contre une histoire tragique et injuste... Elles luttent contre le temps historique destructeur et cherchent à contrer son irreversibilité.

______________________

(1) Même si l'homme fondamentalement a-religieux, donc moderne ou post-moderne est rare, peut-être introuvable, il se différencie de "l'homme religieux authentique conscient" de part son absence de solidarité avec la nature et le cosmos. 

Plus l'homme est religieux, plus il a de modèles exemplaires inspirés des dieux, moins il l'est, moins il possède de ces modèles, plus la place du "profane" est grande et plus ses activités deviennent "aberrantes" puisque ces dernières ne correspondent à aucun modèle transhumain. Le passage d'une vision traditionnelle ou archaïque du monde à une vision  moderne désacralisée est donc une effroyable dégradation du sens de l'existence humaine...

En outre, qu'on ne confonde surtout pas le moderne (agriculteur ou non) installé à la "campagne" (on ne discutera pas du terme employé) qui vit dans un monde désacralisé avec le paysan des dernières communautés agro-pastorales traditionnelles est-européennes...

(2) Ce n'est évidemment plus le type dominant, même en Roumanie et en Europe centrale et orientale plus généralement.

(3) Il s'agit là de la hiérophanie suprême, le dieu qui se fait homme et s’incarne de fait dans l'histoire. Se référer à (toute) l’œuvre d'Eliade : "Aspects du mythe", "Le sacré et le profane", "La nostalgie des origines", "Le mythe de l'éternel retour", "Mythes, rêves et mystères", etc.

(4) les "utopies" actuelles, certes moins ambitieuses mais tout aussi "involuées",  telles la "ville durable"/normes HQE, etc. appartiennent au même "inconscient moderniste" anti-traditionnaliste.

(5)  à ce propos les pays roumains, de par leur position au sein de l'espace eurasiatique, ont constamment eu à subir les agressions des différents empires voisins (ottoman, russe, austro-hongrois puis soviétique) mais aussi celles des mouvements migratoires de différents peuples  (Mongols, Slaves, Tatars...) et aujourd'hui celles de l'impérialisme occidentiste (capitalisme-démocratie-communisme) ou occidentaliste/atlantiste (euro-étasunien).

samedi 14 mars 2009

Obama et la "question amérindienne"-articles de 2009


Notre propos, ici, n'est pas de revenir sur l'engouement qu'a pu susciter à travers la planète, la campagne électorale puis l'élection de celui qui a bénéficié d'un soutien de la part d'une majeure partie des opinions publiques de presque tous les Etats du monde, à l'exception, peut-être, de celle de l'État d'Israël.
Nous n'évoquerons pas, non plus, très longuement la "racialisation" des commentaires sur son élection, éclipsant (presque) tout jugement réellement politique sur l'événement de la part de ces mêmes opinions publiques. On a, effectivement, fêté l'événement comme "la victoire d'un Noir à la Maison-Blanche". Signalons, aussi, que cette analyse, à travers le prisme de l'appartenance ethnique portée sur la personne d'Obama est autant le fait des racistes que des anti-racistes. Les premiers ont été sidérés par l'accession d'un Afro-américain (un métis en réalité) à la tête de l'Etat le plus puissant du monde, les seconds, pourtant toujours prompts à faire fi de l'appartenance ethnique (simple formule euphémisante du mot race) de l'individu, ont exulté à l'annonce du résultat de l'élection : "Enfin, un Noir à la présidence des Etats-Unis!". Enfin,ce qui est apparu stupéfiant, ce sont les propos tenus par de jeunes Français d'origine africaine hurlant à tout rompre : "Nous avons enfin notre président!"... (article Lemonnier)
Au-delà, des réactions hystériques des uns et des autres, il apparaît pourtant qu'Obama a été le premier président démocrate, depuis Johnson en 1964, a avoir été élu avec autant de "votes blancs" (vous excuserez ce malicieux jeu de mots). D'ailleurs, n'a-t-il pas fait campagne sur sa couleur de peau...
En réalité, "Obama représente l'archétype de l'idéologie mondiale unique (IMU) : métis, mondialiste, social-démocrate, de gauche, « antiraciste ». Il est l'élu de l'Amérique des minorités assistées et de l'hyper-classe mondiale assujettissant les classes moyennes blanches." http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=10845"
Cette longue introduction (qui a plus valeur de prologue) nous a, en tout cas, rappelé quelques éléments contextuels sur l'arrivée au pouvoir du 44ème président des Etats-Unis ou au moins comment celle-ci a pu être perçue.
Nous voulons donc aborder ici ce que pourrait-être le traitement de ce que l'on désigne communément sous le nom de "question (amér-)indienne" aux Etats-Unis (et a fortiori dans les Amériques) après cette élection. Nous essayerons d'éviter de nous attarder sur les origines ethniques d'Obama (origine kényane, caucasienne, cheerokee). Ce serait, encore une fois, considérer les potentialités de ce président à la lumière de critères raciaux.

Nous tenterons simplement d'apprécier comment ce président "post-racial" comme il a pu se définir, gérera cette question, qui fait figure de préoccupation marginale, pour nombre d'observateurs. Certains objecteront,peut-être aussi, à la vue de ce qui est mentionnée plus haut, que distinguer une cause amérindienne, c'est racialiser un propos comme d'autres ont pu le faire lors des élections américaines...Nous disons, simplement-et c'est sans doute un positionnement idéologique- que la "question amérindienne" est justifiée (justifiable) car elle recouvre un ensemble de revendications identitaires (nous ne sommes donc pas, ici, dans une logique d'assignations identitaire) toujours d'actualité. En outre, si le "monde amérindien" est polymorphe, multiple, si des oppositions s'y affirment (choix entre assimilation à la société dominante et entre-soi choisi, par exemple) il reste que celui-ci est reconnu légalement puisque les différents gouvernements américains ont, depuis deux siècles, réservé un "traitement" particulier aux individus qui le composent : signatures de traités, "cession" (plutôt rétrocession) de terres, expropriations, reconnaissance de groupes d'individus identifiés, "critérisés", catégorisation (reconnaissance statistique des Amérindiens), permettant l'octroi de droits ou, a contrario, leurs limitations, etc.
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Trois arguments me paraissent parler en faveur de la particularité de cette "question indienne" :
-le statut de premiers habitants de ces "Indiens"-la faiblesse numérique actuelle de ces nations vis à vis des autres "grandes 'minorités ethniques' " présentes sur le sol américain
-la marginalisation actuelle, sans aucun doute, plus affirmée de ces populations par rapport aux autres "minorités" (agrégation dans des réserves pour certains groupes, configuration considérée par certains comme un "privilège" pourtant)
.
Par ailleurs, existe-t-il une élite sociale et politique amérindienne (en dehors des réserves et des conseils tribaux) comme il en existe une chez les Noirs américains? A priori, non...
1) Ainsi donc, il n'est, sans doute, pas inutile de rappeler que les peuples désignés sous le terme générique d'"Indiens" ou d'"Amérindiens" sont les premiers habitants des Etats-Unis. D'autres termes, plus appropriés peut-être, servent, d'ailleurs, à les désigner :"Peuples natifs", "Peuples premiers", "premières Nations" "populations aborigènes d'Amérique" etc. En outre, il est aussi bon de noter, que l'ensemble de ces populations premières n'a jamais formé une seule entité. Il n'y a jamais eu unité de langue, de culture entre ces peuples ou même d' "empire", de "gouvernements" les fédérant, avant l'arrivée des premiers européens, en tout cas.
Ceci étant dit, et c'est un avis personnel- cette "question indienne" ne peut être mise sur le même plan que la situation des autres minorités présentes postérieurement sur ce même territoire américain. C'est l'argument le plus important permettant de dire- et sans rentrer dans la polémique d'une concurrence victimaire- que les Nations amérindiennes sont les plus marginalisées puisque dépossédées de leurs territoires, à l'arrivée des Européens. Alliés occasionnels ou ennemis des nouveaux arrivants du "vieux-continent", peu "utilisées" comme main d'oeuvre par les colons,comme ce fut le cas en Amérique latine, la vertigineuse chute démographique de ces Nations (ils ne sont plus que 250000 en 1896, les estimations hautes pour le peuplement au XVIème vont jusqu'à 12 millions d'individus), due aux guerres et épidémies incessantes, font que le génocide(euphémisé par les expressions "guerre de colonisation", "pacification des territoires"), et l'ethnocide amérindien qui s'en suit, ne supportent aucune comparaison possible dans l'histoire de l'Humanité.
2) L'aspect quantitatif :  ces "Indiens" ne représentent 2% de la population totale des Etats-Unis.En 2005, sur environ 300 millions d'habitants aux États-Unis, le gouvernement recensait :*42,7 millions d'hispaniques*39,7 millions de Noirs au total, i.e. les Afro-Américains, les d'Africains récemment arrivés et les Noirs d'origine antillaise.* 4,4 millions d'habitants d'origine asiatique *4,5 millions d'Amérindiens et d'indigènes de l'Alaska  * 1 million d'indigènes d'Hawaï et des îles du Pacifique (que l'on ne distinguera pas du cas Amérindien puisque relevant de la même logique, i.e; appropriation de territoires etc.)
Il reste, par ailleurs, qu'il est difficile de savoir qui est "Indien" aujourd'hui. Les critères d'indianité étant très "laches" . L'indianité c'est avant tout une revendication identitaire :" Je suis de sang indien". Juridiquement, il existe le "certificat de proportion de sang indien", il faut justifier d'1/4 de sang indien (critères variables visiblement) auprès du bureau des affaires indiennes pour revendiquer son indianité. De plus, certains "Indiens" ne font même pas la démarche pour l'obtention de ce certificat...
3) La question des réserves indiennes (presque 300 au total) : idée des colons du XVIIIème siècle, il s'agissait de mettre à l'écart (ségrégation spatiale et ethnique) ces Native american. En 1825 : déportations vers l'ouest des Etats-Unis, création d'un "territoire indien", on parlera de "solution finale" a posteriori, puis c'est la guerre de sécession, de traités en invasions de toutes sortes, le  "ghetto" éclate...
Aujourd'hui...on ne s'étendra pas sur le statut juridique des Nations indiennes et de leurs territoires. Disons simplement que les groupes indiens sont des "communautés politiques distinctes et indépendantes conservant leurs droits naturels originels" en matière d'administration locale. Les groupes indiens demeurent "un peuple séparé conservant le pouvoir de réglementer leurs rapports internes et les relations sociales" (1886), c'est la souveraineté tribale. Les groupes indiens sont considérés comme des nations internes aux Etats-Unis.
Certains arguent que les "Indiens" des Etats-Unis sont aujourd'hui très riches grâce à une loi de 1988 autorisant, la construction de casinos sur les réserves indiennes (interdiction des casinos aux Etats-Unis, hormis Las Vegas ou Atlantic city). Les Amérindiens seraient-ils "solubles dans le capitalisme"? cf.(1)(2)(3)
Il est essentiel de dire que toutes les réserves indiennes ne bénéficient pas des revenus générés par les établissements de jeux. L'Etat du Montana et celui du Dakota du sud, par exemple, avec leur respectivement 7% et 10% d'Améridiens regroupent, sans doute, les populations du pays les plus faibles économiquement. Pine Ridge, l'une des 9 réserves indiennes du Dakota du sud, territoires de la grande Nation Sioux, répartie sur deux comtés comptent 400000 âmes. Pine Ridge, territoire des Sioux Lakota,est tout simplement l'endroit le plus pauvre des Etats-Unis, avec ses 90% de chômeurs...
(1)(2)(3):
Veronica Tiller, « La souveraineté tribale des Indiens des Etats-Unis et le système fédéral américain », Nuevo Mundo Mundos Nuevos, Coloquios, 2008, [En línea], Puesto en línea el 15 décembre 2008. URL : http://nuevomundo.revues.org/index46193.html.
"Très souvent, ces premiers Américains sont invisibles, figés à jamais dans des images mythiques du passé. Ils sont présents sur les photos de Curtis et dans les tableaux de Remington et nous entendons parler d'eux à travers ce qu'en disent les milieux new age. Ils sont cools, ces Indiens. Et puis, dès qu'un nouveau casino ouvre près de l'autoroute, ou qu'une exposition de poteries fait parler d'elle, nous nous rendons compte qu'ils sont toujours là, parmi nous. Avec l'ascension d'Obama, les Indiens se sont autorisés à rêver – et même, pour certains, à tomber amoureux. En mai dernier, il a été adopté par une famille indienne du Montana, et a reçu de la nation crow le nom de Barack Black Eagle [Barack Aigle Noir]."
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Il existe, certes, un lien fort entre ces Amérindiens, spoliés de leurs terres, humiliés, ostracisés, et les Noirs américains descendants d'esclaves. Mais, Obama (qui n'appartient d'ailleurs pas à la dernière catégorie citée) qui suscite tant d'espoir à travers le monde, fait, le plus souvent, figure, auprès des groupes tribaux (malgré l'euphorie ici et là de quelques individus emportés par leur naîveté (?)), d'un simple signataire de traités, comme les autres présidents américains qui l'ont précédé. Kennedy, en son temps, avait bien serré la main d'un chef tribal, lors de sa campagne électorale...et ensuite? Obama a déclaré, lui aussi durant sa campagne : "Je sais ce que c'est que de lutter (…) combien de fois on vous a oubliés, tout comme les Noirs ou d'autres groupes dans ce pays. Parce que j'ai vécu cela, je ne vous oublierai pas", a promis le candidat." Cette phrase doit, peut-on le penser, provoquer un vague malaise chez certains autochtones amérindiens qui se remémore le "Je n'oublierai pas Leonard" de Bill Clinton pendant sa campagne électorale...A ce jour, Leonard Peltier, militant amérindien Anishinaabe/Lakota (American Indian Movement), est toujours "prisonnier politique"...
Pour autant, durant sa campagne pour les primaires présidentielles, Barak Obama avait annoncé que les Nations amérindiennes seraient représentées dans son administration. "La souveraineté pour les peuples autochtones tient la première place dans le cœur de Barak Obama" a affirmé Keith Harper, un avocat de Washington, directeur du Conseil Consultatif Sénatorial Démocrate de l'Illinois pour les Autochtones Américains et d'ajouter : "la décision d'Obama se vérifiera par les actes, non par la parole".
Or donc, trois mesures en faveur des communautés amérindiennes ont été promises :
* nomination d'un amérindien comme conseiller politique et réunion d'un groupe de conseillers personnels composé de "personnalités" issues du "monde autochtone amérindien" (chefs tribaux, intellectuels), pour faire entendre la voix des autochtones dans son administration.* création d'un Tribal G8 Summit, après chaque (?) réunion annuelle des dirigeants du traditionnel G8. Abolition de la jurisdiction gap, qui met les tribus indiennes dans l'impossibilité de poursuivre les membres non-tribaux, pourtant responsables de la majorité des crimes fédéraux commis sur leurs territoires (réserves).
* signature de la Native hawaïan Government Reorganisation Act dite "loi Alaska". Ce qui signifie à la fois, égalité de statut entre Hawaïens, autochtones d'Alaska et Amérindiens mais aussi, droit de former une entité gouvernementale, légalement apte à négocier avec l'Etat et les gouvernements fédéraux le contrôle des terres, des ressources naturelles et de leurs revenus. Source : Robert Pac, indian Contry Today, 08 et 28 février 2008 in http://www.okamag.fr/oka/77.htm
De nos jours, la situation socio-économique des Nations indiennes est certes différente, selon que l'on soit Ojibwas dans le Wisconsin ou Sioux Lakota dans le Dakota du sud. 60% des 339 tribus indiennes des Etats-Unis possèdent des établissements de jeux d'argent. Paradoxalement, l'essor économique sur les réserves possédant des casinos a permis grâce aux ressources financières dégagées par ces activités de permettre un nouvel élan pour les mouvements autochtones traditionalistes : programmes culturels, environnementaux. Certains Amérindiens sont aujourd'hui "riches", attisant la haine et l'envie, tant d'autres communautés indiennes, que parmi la société dominante...en outre, certains groupes amérindiens voient dans ce phénomène une parfaite contradiction avec les valeurs morales de leurs peuples...(article Lemonnier)
Il reste, qu'en moyenne, les Indiens des Etats-Unis meurent plus précocement que les autres Américains, les taux d'alcoolisme et le nombre de diabétiques dans certaines réserves n'ont leur équivalent nulle autre part dans le pays, les jeunes "Indiens" ont honte de leur héritage, et les métis d'Amérindiens et de Blancs, d'Amérindiens et de Noirs n'ont guère plus de respect pour leurs origines (constatation valable pour le métis Colombien ou Brésilien, par ailleurs)...
In fine, il me souvient à l'esprit cette phrase, lue je ne sais plus où, d'un généticien, dont j'ai oublié le nom (mais qu'importe, l'idée développée est très clair encore dans mon esprit), qui disait peu ou prou "Les Indiens d'Amérique n'ont d'autres choix que celui de l'assimilation ou celui de leur disparition définitive." Cynisme ou réalisme?Obama, "l'Espoir des damnés de la terre" a-t-il, finalement, d'autres alternatives à proposer aux Nations indiennes que celles-ci?

(à suivre...)
Copyright © J-M Lemonnier 2009