Revenons sur la "croix renversée", symbole largement utilisé par les satanistes. Nous savons que, selon ce que nous dit la tradition chrétienne - par Eusèbe de Césarée (vers 265-339) - Pierre ou Simon-Pierre, disciple de Jésus de Nazareth, mourra crucifié sur ordre de Néron à Rome autour des années 64-70. Or, Pierre demanda à être crucifié tête en bas ne s'estimant pas digne d'adopter la position du Christ lors de sa crucifixion sur le mont Golgotha.
Lors d'une visite en Israël en l'an 2000, la pape Jean-Paul II s'assoit sur un trône dont le dossier est marqué par cette croix renversée. Il n'en fallut pas plus, dans les milieux protestants et surtout évangéliques, pour désigner l’Église apostolique romaine comme "satanique". La preuve en image était là pour confirmer, définitivement, les propos de Martin Luther le fondateur du protestantisme, qui déclara en 1520, "Nous avons la conviction que la papauté est le siège du véritable et réel Antéchrist" ou ceux de Jean Calvin, "Certaines personnes pensent que nous sommes trop sévères et critiques lorsque nous qualifions d’Antéchrist le pontife romain. Mais ceux qui émettent cette opinion ne se rendent pas compte qu’ils accusent ainsi l’apôtre Paul, qui en dit autant (…) Je démontrerai brièvement que les mots de Paul dans 2 Thessaloniciens 2 ne peuvent être démontrés autrement qu’en les appliquant à la papauté".
Sans entrer dans ces débats autour des
supposés fourvoiements de l’Église de Rome qui remontent aux premiers temps de
la Réforme protestante, il est un fait qu' aujourd'hui des auteurs (Réformés ou
non) réactualisent ces anathèmes en proposant une littérature interprétant le
texte de l'Apocalypse de Jean de Patmos, dans lequel ils voient tous les signes
de la corruption de l’Église, à travers notamment ces extraits où
une correspondance est effectuée entre Rome (le Vatican) et Babylone : "La
grande Babylone, la mère des impudicités et des abominations de la terre"
ou encore avec cette femme "vêtue de pourpre et d'écarlate, et
parée d'or, de pierres précieuses, et de perles" qui "tenait à la
main une coupe d'or, pleine des abominations de l'impureté de sa
prostitution" qui ferait référence aux cardinaux et évêques du Vatican…
une femme assise sur 7 montagnes :"Pourquoi t’étonnes-tu ? Je te
dirai le mystère de la femme et de la bête qui la porte, celle qui a 7 têtes et
10 cornes (...) les 7 têtes sont 7 montagnes sur lesquelles la femme est
assise". Selon ces exégètes improvisés qui pullulent sur Internet et au
rayon ésotérisme de la FNAC qui reprennent des interprétations plus anciennes,
la femme serait donc le Vatican et les 7 têtes donc les 7 montagnes, les 7
collines de Rome.
Néanmoins, il est tout à fait
intéressant de lire les propos du Père Dom Gabriele Amorth qui rejoignent en
partie ces analyses en faisant état de l'existence de sectes sataniques au sein
du Vatican. Des propos d'un prêtre, théologien, n'ayant rien à voir avec les
spéculations douteuses relevant de la manipulation autour de cette croix
inversée présente, outre sur une photographie de Jean-Paul II, sur différents
édifices chrétiens sur lesquels est figurée la crucifixion de Pierre. Dans son
livre "Confessions. Mémoires de l’exorciste officiel du
Vatican" (2010), Dom Amorth consacre un petit chapitre de son livre aux
"satanistes du Vatican". Sans détours il affirme : "Même au
Vatican, on trouve des membres de sectes sataniques", parmi lesquels des
prêtres, des évêques et des cardinaux ! L’exorciste déclare avoir obtenu
ces informations par l’intermédiaire de personnes dont il ne nous dit pas
grand-chose et… "du démon lui-même" lors d’un exorcisme (Amorth,
2010 : p.257).
Le père Amorth fait le lien entre ces
satanistes et la déclaration de Paul VI du 29 juin 1972 sur cette fumée de
Satan qui est bel et bien entrée dans l’Église : "Devant la situation de l’Église d'aujourd'hui, nous avons le sentiment que, par quelques fissures, la
fumée de Satan est entrée dans le peuple de Dieu. (...) On croyait qu'après le concile, le
soleil brillerait sur l’Église, mais au lieu du soleil, nous avons eu les
nuages, la tempête, les ténèbres, la recherche, l'incertitude. (...) Une puissance adverse est intervenue,
dont le nom est le diable : cet être mystérieux dont saint Pierre fait allusion
dans sa lettre. (…) Nous croyons à l'action de Satan qui
s'exerce aujourd'hui dans le Monde, précisément pour troubler, pour étouffer
les fruits du concile œcuménique et pour empêcher L’Église de chanter sa joie
d'avoir repris pleinement conscience d'elle-même…". Ces propos font
écho à ce qui se serait déroulé le 13 octobre 1884, lors du règne de Léon XIII.
A la fin de la Messe célébrée au Vatican, le pape tombé en extase devant
l'autel aurait entendu cette conversation entre Satan et le Seigneur des
chrétiens : " -Je peux détruire ton Église! dit Satan. -Tu peux ? Alors,
fais-le donc! répondit le
Seigneur -Pour cela, j'ai besoin de plus de temps et de pouvoir -Combien
de temps ? Combien de pouvoir ? -75 à 100 ans et un plus grand pouvoir sur
ceux qui se mettent à mon service -Tu as le temps, tu auras le pouvoir.
Fais avec cela ce que tu veux". termina
Jésus-Christ. (Revue de l'ordre
séculier de saint-Augustin, décembre 1981, New-York). Aussitôt après,
sorti de son état extatique, Léon XIII rédigea une prière de protection dédiée
à l'Archange saint Michel : "Saint Michel Archange, défendez-nous
dans les combats. Soyez notre protecteur contre la méchanceté et les embûches
du démon. Que Dieu lui commande, nous L'en supplions, et Vous, Prince de la
milice céleste, par le pouvoir qui vous a été confié, précipitez au fond des
enfers Satan et les autres esprits mauvais qui parcourent le monde pour la
perte des âmes. Ainsi soit-il." A la suite de cet événement surnaturel où
le monde suprahumain semble s'être manifesté, le pape rédigea également un
manuel d'exorcisme "contre Satan et les anges rebelles" et encouragea autant les laïcs que les
ministres du culte à réciter les prières contenues dans le manuel. En 1985,
soit à peu près 100 ans après cette expérience mystique, le Vatican interdira
la récitation des prières de délivrance aux laïcs sur d'autres personnes.
Le pape François a tenu des propos sans
équivoque sur le combat à mener contre les "forces du mal" dans sa
première homélie : "Quand nous ne confessons pas Jésus Christ me vient en
tête cette phrase de Léon Bloy: celui qui ne prie pas le Seigneur, prie le
diable. Et quand nous ne confessons pas Jésus-Christ, nous confessons la
mondanité du diable, la mondanité du démon." Il poursuit et déclare devant des
cardinaux surpris par la fermeté du ton du nouvel évêque de Rome : "Quand nous cheminons, sans
la croix, quand nous construisons sans la croix, quand nous confessons avec le
Christ mais sans la croix, nous ne sommes pas les disciples du Seigneur. Nous
sommes des mondains. Nous sommes des évêques, des prêtres, des cardinaux, des
papes, tout, mais nous ne sommes pas des disciples du Seigneur…". Un jour
seulement après son élection ces propos du pape François surnommé le "pape
des pauvres" (mais comment pourrait-il en être autrement pour un pape?)
sonnent comme un rappel à l'ordre doublé d'une mise en garde à l'égard d'un
haut clergé dont il soupçonne, à n'en pas douter, des comportements
intolérables au regard de leurs fonctions...Si Satan est entré, réellement ou
symboliquement, au Vatican, a-t-il enfin réellement trouvé un ennemi décidé à
le chasser et le détruire : le pape argentin François ?...