: Jean-Michel Lemonnier, bloc-notes: espaces religieux
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mercredi 11 août 2021

Nouveaux espaces du religieux orthodoxe - Transylvanie, Carpates méridionales et orientales 2006-2021

Production d'un espace religieux orthodoxe dans le nouveau quartier d'habitations polyfonctionnel Coresi Brasov 2021 (JM Lemonnier)

On a ici une production d'un nouvel espace religieux orthodoxe roumain : une église-paroisse orthodoxe. Située en plein coeur du nouveau quartier Coresi à Brasov, dans un quartier périphérique de la ville suivant un modèle d'urbanisme inspiré Europe occidentale. Cependant, l'église est, ici en Roumanie, un marqueur spatial bien spécifique introuvable dans les nouveaux quartiers d'habitations récents en Europe occidentale. Ces espaces religieux ne sont pas pour autant absents mais sont situés hors ces espaces selon d'autres logiques d'implantation/production. Voir these de doctorat en cours...

Autre article période 2006-2009 sur ce blogue où l'on montre également cette mutation de l'espace roumain transylvain avec ces photographies d'églises-paroisses en construction.

Voir : https://jeanmichel-lemonnier.blogspot.com/2012/05/blog-post.html

Production d'un espace religieux orthodoxe en Transylvanie


samedi 25 août 2018

L’EGLISE ORTHODOXE ROUMAINE EN EUROPE OCCIDENTALE : TERRITOIRES ET « DIASPORA »

L’EGLISE ORTHODOXE ROUMAINE EN EUROPE OCCIDENTALE : TERRITOIRES ET « DIASPORA »
THE ROMANIAN ORTHODOX CHURCH IN WESTERN EUROPE: TERRITORIES AND "DIASPORA" 

https://www.ceeol.com/search/article-detail?id=600323 


Author(s): JEAN-MICHEL LEMONNIER
Subject(s): Language and Literature Studies
Published by: Universitatea »1 Decembrie 1918« Alba Iulia
Keywords: Orthodox Christianity; diaspora; Romania; France; Romanian Orthodox church; Occidental Orthodoxy

Summary/Abstract: In this article, we present exploratory elements concerning the Romanian Orthodox Church « outside the borders » by assuming its territorial adaptations as well as a nascent « diaspora ». We explain how this Church organizes itself in Western Europe and particularly in France and how it adapts its structures in this context. We present the situation of ecclesiastical multi-jurisdiction and the issues it raises while examining the conditions of existence of the Romanian Orthodox population in western Europe. In order to do so, we must address the questions of ethno-phyletism or nationalism which irrigate the behavior of the Romanian Orthodox Church outside the borders but also the provisional solutions to remedy this situation. The situation of the Romanian Orthodox Church in France is illuminated. First of all, we retrace a brief history of the Romanian presence in France since the nineteenth century, originally almost exclusively Parisian, while exposing the major stages of the implantation of the Orthodox Church. We highlight the dilemmas faced by the Romanian Orthodox Church and its« diaspora » but also the dynamics committed within this« Orthodox community » to be territorially and socially integrated in France. In the same time, We question the relevance of the use, in this context, of certain notions such as « diaspora ». Finally, we describe the follow-up to this presentation by formulating working hypotheses for the study of the Romanian Orthodox communities at a local level and the results that we can expect.

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  • Issue Year: 18/2017
  • Issue No: 1
  • Page Range: 365-390
  • Page Count: 26
  • Language: French

mercredi 15 août 2012

Braşov "ville martyre" (Braşov "oraş martir") et son "champ des morts"...

Ce court article complète les analyses produites dans un des chapitres de "La Roumanie : mythes et- identités, Ed. du Cygne , 2012

 Braşov (judet de Braşov , région historique de Transylvanie) est considérée comme la ville où la résistance anti-communiste fut la plus virulente à l'intérieur du "bloc socialiste" est-européen. Cachés dans les montagnes environnantes avec la complicité de la population rurale, certains résistants n’ont jamais abandonné la lutte avant la "victoire" définitive de 1989.  La ville s'inscrit dans une vallée des Carpates au centre de la Roumanie et a bénéficié d'une situation originelle stratégique car épousant une des grandes routes historiques qui reliait le Bas Danube à l'Europe Centrale. L'espace proche de l'agglomération (le mont ou colline Tâmpa rejoignant la vaste zone carpatique méridionale) a, à l'évidence, contribué à préserver ce bastion de combattants montagnards.
Deuxième ville de Roumanie à se soulever après Timişoara, Braşov compte un cimetière (cimitirul eroilor) consacré aux 66 habitants de la ville morts lors de la Révolution de 1989. Le cimetière est implanté au sein d'un mail vert, en plein centre-ville.

Cimitirul eroilor, le cimetière des héros à Braşov. Photographie Lemonnier, 2008

Ce "champ des morts" s'intègre donc dans un parc où se côtoient parterres fleuris, pelouses et ligneux. Les tombes en marbre blanc s'arrangent, donc, d'une couverture végétale verdoyante dès les premiers jours de printemps. La symbolique des couleurs est, alors, facilement interprétable. Le blanc couleur de la paix et le vert couleur de l'espoir, rappellent les teintes du cimetière militaire américain de Colleville-sur-Mer en Normandie. La position centrale du cimetière-volonté des pouvoirs publics-au sein de l'espace urbain brasovean renforce, effectivement, cette "symbolique de la victoire" et donne l'impression d'un lieu où reposent des héros, des "martyrs"... Nous sommes, certainement ici, sur le territoire des vainqueurs tombés pour mettre à bas un pouvoir dont l'arbitraire et la violence symbolique et réelle -surtout dans ses dernières années d'existence- supportent sans doute peu de comparaisons, même avec les autres régimes des anciennes "démocraties populaires" d'Europe centrale et orientale...Néanmoins, nous savons que l'ère postcommuniste roumaine a été  grande de déceptions... La crise économique récente n'a fait que renforcer cette situation...  Le gouvernement roumain devra désormais répondre aux injonctions d'instances supranationales telles le Fond Monétaire International, la Banque Mondiale et d'autres bailleurs de fonds... Cette soumission progressive à la doxa néolibérale n'étant que l'acmé d'un processus qui débute en 1990 et passe par une intégration à l'Union européenne à marche forcée...

Or donc, avant les "événements décisifs" de la fin de l'année 1989, Braşov s'illustre par ses grèves ouvrières. Celles-ci sont soutenues par des universitaires et la minorité hongroise de Transylvanie(1). Elles finissent par dégénérer en émeutes le 15 novembre 1987...Les revendications salariales des ouvriers de l'entreprise Autocamioane Braşov ne sont, en réalité, qu'un prétexte à une contestation radicale du système en place. Les bureaux du Parti sont pillés et une partie des archives de la Securitate détruites.
Silviu Brucan(2), membre du Parti Communiste Roumain, reconnait le lien entre la pénurie alimentaire qui sévit à l'époque avec la révolte de Braşov . Cette déclaration constitue un véritable aveu d'impuissance du régime du Conducator face à la grogne populaire qui se fait entendre progressivement dans tout le pays :
 " La manifestation des travailleurs à Braşov [ouvre] une période de crise […] dans les relations entre le parti communiste et la classe ouvrière sur lesquelles reposait jusqu’à une époque récente la stabilité politique du régime. […] Le parti était en mesure de contrôle avec succès la masse des travailleurs parce qu’il était devenu populaire dans les années 60 lorsqu’une amélioration s’était faite sentir dans l’économique roumaine et dans le niveau de vie de près de trois millions de paysans qui avaient rejoint la force de production industrielle urbaine. […] dans les années 1980, cependant, leur situation est allée de mal en pis. La détérioration de la situation économique a conduit à la perte de confiance des travailleurs dans le Parti, à la rupture entre la société civile et le Parti. "
(in C. Durandin, D. Tomescu, 1988, La Roumanie de Ceausescu)

La riposte face aux émeutiers est radicale. L'armée roumaine intervient dans les rues de Braşov . Certains émeutiers sont "déportés", mais aucun mort en lien avec cette révolte ne sera pourtant " recensé"... Après "l'incident", le régime (national)communiste de Ceauşescu survivra péniblement deux ans de plus avant le début de "l'acte final" que constitue l'insurrection populaire de Timişoara du 16 décembre 1989...

(1)Les Hongrois de Transylvanie considèrent leur culture en péril du fait de la mise en place de la politique de "systématisation" souhaitée par Ceauşescu (regroupement de l'habitat disséminé et par suite construction de blocs d'immeubles : "la ville à la campagne", augmentation des surfaces cultivables). Or les Hongrois vivaient principalement dans des villages faiblement peuplés, ce qui aurait (et a en partie) empêché (entre autres) le maintien des établissements scolaires réservés aux Hongrois et par suite la disparition progressive de la culture magyare sur ces territoires.

(2) En 1988, il effectue-on ne sait trop comment il y parvient-un séjour de 6 mois aux États-Unis d'Amérique et rencontre également Michel Gorbatchev dans les années 80...
 
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dimanche 27 mai 2012

Une société roumaine entre deux feux...

 Quelle chance a celui ou celle qui peut assister à une cérémonie chrétienne orthodoxe, de rite byzantin dans une église en Roumanie (dans notre cas) -qui peut durer jusqu'à sept heures à certains moments de l'année liturgique- ou bien encore observer ces hommes et ces femmes, souvent jeunes et parfois très pauvres, prendre le temps d'embrasser, avec recueillement, chacune des icônes présentes dans une église qui en compte parfois plusieurs dizaines, et les voir se signer devant chaque lieu de culte (orthodoxe ou non)  qu'ils rencontrent , pour se rendre à l'évidence que la jeunesse véritablement subversive est là-bas, à l' "Est" (1)... Même s'il ne s'agit pas de toute la jeunesse roumaine, dont une bonne part est parfaitement hypnotisée par le mode de vie de ce que nombre d'habitants des ex-démocraties populaires nomment "Occident".

Et, il faut encore se laisser surprendre par le regard presque extatique et apaisé de ces personnes, une fois leurs actes de dévotion accomplis pour comprendre à quel point celui des jeunes (et moins jeunes) occidentaux est éteint... Gavés et blasés de "tout", parfaits aliénés de notre société anomique, prisonniers d'une existence de laquelle tout sens supérieur a été évacué et d'une réalité toujours réduite au seul monde sensible, cette jeunesse ou plus généralement cette société occidentale "compense" alors souvent par des comportements d'extraversion, "hystériques", nihilistes (le nihilisme réactif au sens nietzschéen) faux élan vital cachant une peur atroce de la mort..

Par incidence, nous sommes en mesure d'évaluer l'apport constitué par ce modèle occidental, sur une autre partie de cette jeunesse roumaine, plutôt "urbaine" en rupture croissante avec la première citée, victimes plus ou moins consentantes d'un  libéralisme-libertaire, i.e. une idéologie aussi parfaitement séduisante que réactionnaire annihilant toute possibilité de d'émancipation véritable. Une population plutôt jeune, donc, séduite par une absence de contraintes (ou bien plutôt par cette idée) qui leur permet, certes, de contribuer à tisser les liens de ce monde d'interdépendances entre les nations et les territoires, mais qui les prépare, à n'en pas douter, à un avenir de souffrances fait de reniements, déracinements, et d'oubli de leurs identités, individuelle et collective.

Il ne s'agit pas de faire l'apologie aveugle du christianisme orthodoxe (que nous pouvons considérer comme une forme de résistance populaire) ou d'un mode de vie que nous aimerions à considérer comme "traditionnel" et "salutaire" ou "salvateur". Mais, face à ces individus occidentaux qui par esprit de système, rejettent toute idée de transcendance ou refusent toute considération sur la question du "saint" ou du  "sacré", séduits par un individualisme trompeur et cette illusion d'être libres largement entretenue par les mass médias, mais aussi tellement persuadés de détenir la clé de l’univers, la "clavis absconditorum" interdisant toute conversation avec eux, au moins pouvons-nous poser la question de savoir si la société roumaine, dans son ensemble, sinon fascinée, au moins attirée par le mode de vie occidental dominant, pensant se libérer du poids des traditions et de la "coutume" ne renonce pas à une bonne part d'elle-même...


Une telle question est, bien sûr, nulle et non avenue pour les chantres du "tout économique" (autrefois socialistes devenus (néo)libéraux sans états d'âme) et de la rationalité pour qui le but premier de l'existence est ce qu'ils nomment "progrès" ou "développement"... Abhorrant toute forme de "spiritualité", sinon à l'occasion certaines formes d'un bouddhisme complétement dénaturé, ces matérialistes quels qu'ils soient, ne savent rien et ne veulent d'ailleurs rien savoir de ces sujets d'ordre métaphysique, disons "transcendants" qui intéressent encore certains membres de ces sociétés "hésitantes"... entre Tradition et modernité... 


A (très) grands traits, dégageons deux tendances lourdes... Nous pourrions affirmer la présence d'un christianisme orthodoxe populaire "rédempteur" en Europe orientale face à un christianisme essentiellement moral des "puissants" plutôt bourgeois, protestant ou catholique romain en Europe occidentale.

Photographie : J-M Lemonnier, Sibiu-Transylvanie, Catedrala Sfanta Treime din Sibiu, 2009