: Jean-Michel Lemonnier, bloc-notes: 2020

dimanche 13 décembre 2020

"Frustré" (film) : "Tout est permis, rien n'est possible"

Sans doute l'un des meilleurs films français de ces 20 dernières années (en même temps ce n'est pas compliqué en dehors de qqs raretés : 36 quai..., La French, Le daim...). En soi, le film est une horreur à tous les niveaux (en soi ce n'est pas une critique) mais alors la dimension politique à contre-courant... C'est un signal envoyé, un constat, une volonté de révéler ce qu'il y a au bout du chemin du fameux "tout est permis mais rien n'est possible" de Michel Clouscard. Dans la veine du Houellebecq "Extension du domaine de la lutte". 

C'est la fin de queue des désillusions liées à la pseudo-libération des moeurs 68arde, un coup de chevrotine dans ce monstre schizophrène, alliance du féminisme puritain castrateur et de la pornographie de masse. Même le vide horrifique des relations sociales en système libéral (après l'effondrement des corps intermédiares, du PCF et de la CGT) est impeccablement décrit : la virago chef de service, les QI d'huîtres enfants de Meirieu, de la Star academy et de Koh Lanta qui composent le personnel, les humiliations continuelles pour un salaire de merde...

Ce film évidemment incompris (par les petits-bourgeois, voir certaines critiques qui en font un film/portrait d'un vulgaire socio-pyschopathe) est un film politique qui dit que le libéralisme libertaire une fois qu'il n'arrive plus à séduire, à maintenir toutes les illusions qui font Ssystème depuis 50 ans ne peut mener qu'à des comportements anarcho-fascisants, à la folie ou au suicide. 7 ans après sa non sortie en salle, il est encore plus que jamais d'actualité...C'est pour cela que le discours néo-féministe (l"homme prédateur", metoo, balancetonporc) est plus que jamais agressif. Il n'est plus possible de cacher la réalité de ce système, les escroqueries du libéralisme culturel/des moeurs et la révolte qui pointe...Alors intervient l'Inquisition...

mercredi 4 novembre 2020

Société de contrôle du "sans contact" et covidisme (le covidien, ce post-humain, suite)

Pour ceux qui fulminent contre le renforcement de la stratégie du Capital (à considérer qu'elle ait été cernée), elle était identifiable depuis des décennies avec la disparition des "corps" (les ouvriers "concentrés" dans l'usine) et l'imposition (pour simplifier) de l'individu abandonné qui ne reçoit plus d'ordre (capitalisme à la cool)...Ce dernier devient sujet progressivement soumis aux mécanismes disciplinaires rétitculaires (fin des hiérarchies formelles) de plus en plus complexes, performants et pervers.
Le covidisme nous fait franchir une étape supplémentaire (de manière un peu brutale) dans l'atomisation de l'individu et son contôle dans une société (?) déjà largement fragmentée.

 

samedi 18 juillet 2020

Les nouveaux mythes fondateurs...

Avec les 7 mégots de Notre-Dame on se situe entre le mythe cosmogonique et le récit apocalyptique. C'est tellement incroyable et stupide qu'une telle explication a heurté peu d'intelligences. La mobilisation du chiffre 7 est en tout cas parfaite. Le mandat de Macron a ces deux dimensions adossées à deux piliers qui se confondent à la fois l'extermination et la (re-)fondation : la regeneratio totale du monde par le feu purificateur augustinien (entre la haine de soi, la narcissisme anhistorique et la repentance mémorielle) ou encore la table rase (économique et anthropologique) covidienne présentent à la fois les traits du récit de fondation du monde (son explication) et une dimension eschatologique. Le chaos et le nouveau cosmos du post-humain sans histoire, sans conscience autre que celle de lui-même en tant qu'épave circulatoire du ghetto marchand global qui ne doutera plus jamais de rien.
Il y avait déjà le feu partout sous Sarkozy et Hollande, sous Macron on a le "grand incendie cosmique". 

vendredi 17 juillet 2020

Extension de la société du sans contact(s) - le stade final de la catastrophe anthropologique

Cette société du sans contacts que d'autres que moi ont évoqué mais en censurant leur analyse ne se limitera pas au paiement obligatoire par carte bancaire (sans faire le code), à la "distanciation sociale" au motif sanitaire. Concernant cette dernière expression, on voit que le terme a été sciemment choisi. A l'expression rationnelle de "distance de sécurité", "on" a préféré celle de "distanciation sociale"... Or donc, cette société du sans contact(s), société de covidiens, déjà visible dans nombre de pans de l'existence de l'homme actuel (post-humain en devenir, voir article précédent) s'illustre déjà à travers la pma pour toutes. La pénétration pénienne est déjà considérée comme un viol dans le cadre de relations hétérosexuelles consenties par certaines féministes : 
A lire ce gloubi-boulga à prétention philosophique, on avait déjà compris depuis des années la nouvelle catastrophe anthropologique que la crise de la covid va simplement accélérer :  https://www.liberation.fr/societe/2013/09/27/procreation-politiquement-assistee_935256
Ou comment la gauche a toujours justifié idéologiquement depuis Deleuze, Foucault, Derrida, Saïd ou Solana les plus belles avancées du capitalisme, système qui s'auto-invalide pour mieux se régénérer. Chercher la mutation du capitalisme, vous trouverez ses idiots utiles de gauche dans les pages de Libération, Politis, les Inrocks et accessoirement dans certaines colloques où on ne pense plus qu'à ça... : produire l'idéologie du post-humain augmenté, en réalité psychiquement écrasé, spirituellement assassiné et corporellement "machinisé".

Le regretté père orthodoxe Jean Boboc a produit une œuvre magistrale. Chez lui tout est à lire. Voici la recension que j'ai écrite pour le site orthodoxie.com il y a quelques années et pour laquelle le père Jean m'avait personnellement remercié https://orthodoxie.com/compte-rendu-de-lecture-%E2%80%89la-grande-metamorphose-elements-theo-anthropologie-orthodoxe%E2%80%89-de-jean-boboc/
Cette recension n'épargne pas la lecture de cette œuvre (1) pierre d'angle d'une réflexion théologique, philosophique, anthropologique de premier ordre : "La grande métamorphose. Éléments pour une théo-anthropologie orthodoxe". Un livre fondamental sur lequel toute résistance intellectuelle et action politique authentique devrait/devra s'appuyer face aux subversions anthropologiques faussement émancipatrices.

(1) Voir aussi notamment "Le transhumanisme décrypté : métamorphose du bateau de Thésée". Ses articles ne sont pas difficiles à trouver pour la plupart. Ses cours au CDS sont aussi riches d'un véritable enseignement  : https://www.apostolia.tv/1982/2014-03-21-centre-dumitru-staniloae-jean-boboc-anthropologie-du-salut-ii-nature-et-grace-chez-augustin-les-differences-anthropologiques-fondamentales-entre-les-trois-confe/?fbclid=IwAR2TsdwpXkLj6iblW7K6YYT2vIQvSqNlfxNJY3eS-MbVlGVMUPg2fwAsNU4






Une nouvelle gnose technologique. Scénario tendanciel.


Cette crise du covid est une opportunité monstrueuse pour les néo-technognostiques. Le bond technologique et économique réalisé dans tous les domaines, sans doute pour le pire, n'aura rien de comparable avec celui de l'après ww2 ou avec, rétrospectivement, le petit bond informatique de l'après conquête spatiale des années 60 et 70 du XXe siècle. 
On va vers un nouveau modèle anthropologique. L'homme est mort, en même temps que Dieu, ce qu'un Foucault n'a jamais été capable de comprendre, trop limité dans sa gnose/connaissance et son dia-gnose-tic par idéologie. Voici que débute l'ère du post-humain : le covidien.

à lire : https://www.un.org/fr/%C3%A9quipe-de-communication-de-la-riposte-de-l%E2%80%99onu-au-covid-19/lonu-mise-sur-linnovation-technologique?fbclid=IwAR1x83CBcyD8q1erXi5itoMJNcRpYuZ60X7BGA3zchg411e5YMGZlm_VLh4 

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Sur ce blogue :

http://jeanmichel-lemonnier.blogspot.com/2020/05/une-involution-onto-techno-logique-par.html

 http://jeanmichel-lemonnier.blogspot.com/2020/04/si-on-considere-que-la-crise-sanitaire.html







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dimanche 28 juin 2020

Orthodoxie chrétienne et christianisme celtique

Ni Francs, ni Romains. La thèse des druides au contact du monachisme oriental (non réfutée) puis convertis et évangélisateurs (1) de l'espace celtique occidental est très intéressante. L'autoritarisme et le centralisme de Rome a, dans tous les cas, mis un terme à ce christianisme celtique orthodoxe (monachiste) ignorant jusqu'au 12ème siècle les influences mortifères que l'on connaît : Augustin, Grégoire 1er incompréhensiblement vénéré par l'Eglise orthodoxe....
 

Ci-dessous, une tentative de reconstruction :

http://www.eoc-coc.org/eglise-orthodoxe-celtique-accueil/accueil/?fbclid=IwAR2urMsPUQgtu6TnMO9raIu_BXIqQwqcaeWRWpFuRBHNP8ARDqckF2kDF_I

(1) Sinon vecteurs de cette translation de la plus pure Orthodoxie chrétienne via la monachisme de l'Orient vers l'Occident 

Intéressant mais rien sur les liens entre monachisme oriental, druides et christianisme celtique :
https://www.clio.fr/BIBLIOTHEQUE/les_chretientes_celtiques.asp

Sur saint Aristobulus :  http://oodegr.com/english/biographies/arxaioi/Aristobulus_Apostle.htm


 

jeudi 4 juin 2020

L'imposture théologique du concile d’Orange (529). Comment un concile régional a rejetté l'authentique Orthodoxie chrétienne et contribué au déclin spirituel de l'Eglise occidentale.

L'imposture théologique du concile d’Orange (529) présidé par Césaire d'Arles, ici  un commentaire affirmant l'orthodoxie de ce concile : Le concile de la grâce ou réflexions théologiques sur la concile d' Orange
Préférer Augustin et l'augustinisme aux moines de St Victor et aux moines lériniens, au grand saint Jean Cassien, disciple d'Evagre le Pontique (qui inspira les conférences de Jean Cassien), mais aussi à saint Honorat, St Vincent et St Hilaire d'Arles et alors que l'immense majorité de l'épiscopat de Gaule se rangeait du côté des Lériniens, serait donc une marque de la plus grande Orthodoxie.
C'est ce qui est écrit dans le texte par un catholique (ci-joint). Il faudrait donc préciser que signifie "orthodoxie" ds ce contexte. Par rapport au Concile de Trente ? Certainement, à la théologie latine obligatoirement.
Ce même concile s'opposait de fait à St Jean Chrysostome (Homélies sur l’Evangile de Matthieu) s'opposant lui-même en tout point à Augustin sur la prédestination.
Jean Cassien que les augustinistes-pseudo-orthodoxes (parlons clairement ici majoritairement des dits "Vieux-Croyants orthodoxes" en France) occultent systématiquement et catapulté "semi-pélagien" par des clercs profondément ignares alors que Cassien s'inscrivait parfaitement dans cette théologie qui a en son centre la déification de la nature de l'homme...Des "orthodoxes", par ailleurs, étrangement plus préoccupés de plaire à des catholiques traditionalistes plutôt que de retrouver  la communion des Eglises orthodoxes...


Et ça, si ce n'est pas un désaveu de la doctrine augustinienne, avant qu'elle ne naisse, à se demander si Augustin avait lu les pères antenicéens :
Saint Irénée de Lyon, un des plus proches de la tradition apostolique ; 

"Contre les Hérésies" (fin-IIe s.) :
Cette parole : Que de fois ai-je voulu rassembler tes enfants, et vous n'avez pas voulu (Mt.; 23, 37) illustrait bien l'antique loi de la liberté de l'homme. Car Dieu l'a fait libre, possédant, dès le commencement, sa propre faculté de décision, tout comme sa propre âme pour user du conseil de Dieu volontairement et sans être contraint par celui-ci. (...) Tous sont de même nature, capables de garder et de faire le bien, capables aussi de le rejeter et de ne pas le faire. (...) Dieu donne toujours à l'homme de quoi faire le bien (...) aussi celui-ci est-il jugé justement s'il ne le fait pas, puisqu'il pouvait le faire ; s'il le fait, il est justement récompensé, puisqu'il pouvait ne pas le faire. (IV ; 37, 1)
Et ce n'est pas seulement dans les actes, mais jusque dans la foi, que le Seigneur a sauvegardé la liberté de l'homme et la maîtrise qu'il a de soi-même : Qu'il te soit fait selon ta foi (Mt. ; 9, 29) dit-il, déclarant ainsi que la foi appartient en propre à l'homme par là même que celui-ci possède sa décision en propre. (IV; 37, 5)
Ce n'est pas l'art de Dieu qui est en défaut (...) mais celui qui ne se plie pas à cet art, celui-là est la cause de son propre inachèvement. (...) Ceux qui se sont séparés de la Lumière du Père et ont transgressé la loi de la liberté se sont séparés par leur faute, puisqu'ils avaient été faits libres et maîtres de leur décision. (IV ; 39, 3)"

Il manque à la liste Saint Ephrem le Syrien, St Grégoire de Nazianze,
et finalement St Grégoire de Nysse :  

"Celui qui a la libre disposition de toutes choses, poussant jusqu’à l’extrême son respect de l’homme, a permis que nous ayons aussi notre domaine propre, dont chacun serait seul maître : c’est la volonté, faculté qui ignore l’esclavage, qui est libre et fondée sur l’indépendance de notre raison.
Dieu pouvait, s’Il le voulait, amener de force les récalcitrants à accepter la bonne nouvelle ? Où serait alors le libre arbitre ?
Si la volonté n’intervient pas, la vertu disparaît nécessairement, entravée par l’inertie de la volonté. Chacun pourrait rétorquer : Rien ne dépend de notre volonté ; c’est une puissance supérieure qui conduit les volontés humaines à se ranger à la décision du souverain"

Il en reste...
La position d'Augustin sur l'élection s'oppose radicalement, c'est une évidence, à la DOCTRINE DE LA THEOSIS.
La France aurait-elle pu rester orthodoxe sans ces évêques et théologiens  ignares et manipulateurs ? La question est sans réponse. D'autant plus que l'ajout du Filioque (Récarède le Wisigoth/Toléde en 589 et surtout Charlemagne/Léon III) est un autre coup fatal porté des siècles plus tard à l'Orthodoxie occidentale.

Les orthodoxes n'ont pas connu cette polémique autour d'Augustin parce qu'ils ignorent fondamentalement Augustin contrairement à ce que racontent 2 ou 3 illuminés à la suite d'une poignée de théologiens malheureusement. Les thèses d'Augustin étaient fondamentalement ignorées jusqu'au 17e siècle dans le monde orthodoxe. L'uniatisme, le poison théologique infusé par l'Ecole de Kiev, la théologie russe d'importation du XVIIIe s. dans l'Eglise orthodoxe ont changé la donne.

Il est vrai qu'Augustin est cité au Ve concile œcuménique mais ça ne prouve rien. 3000 évêques "grecs" au total et 25, "latins", ont  participé aux 7 conciles. Peu d'entre eux ont laissé une œuvre théologique , alors qu'en est-il d'Augustin ?  Les évêques mentionnés sont en accord avec les concluions des conciles. Point. Quant à la qualification de père de l'Eglise, l'Eglise orthodoxe ne connaît pas le formalisme de l'Eglise dite catholique romaine (au passage l'Eglise orthodoxe  revendique légitimement cette catholicité et romanité) et cette liste de pères de l'Eglise n'est pas le fait de l'Eglise.  L'Eglise orthodoxe ne reconnaît, en outre, pas dans les catégories de saints  ou bienheureux le même formalisme que l'Eglise latine. Un Orthodoxe parlera souvent du bienheureux Augustin ou n'en parlera pas, considérant qu'il existe un nombre considérable de théologiens bien plus intéressants que celui-ci  dont l’œuvre brouillonne (Augutin ne se corrige pas, il jongle avec ses contradictions énormes) ne fait pas le poids face à celle d'un Jean Cassin, Grégoire le Théologien, Maxime le Confesseur et bien d'autres.
Séraphim Rose, malgré ses grandes qualités de théologien, dans sa fidélité à l'Ecole de Kiev tente une réhabilitation malheureuse d'Augustin en faisant la distinction entre pères selon la piété, catégorie à laquelle appartiendrait Augustin, et pères selon le dogme défendu. On saisit le malaise de ce théologien et sa difficulté à nous faire accepter Augustin comme relevant de la plus pure Orthodoxie.

dimanche 8 mars 2020

Guerres de et pour l'Eurasie (suite) - Guerres actuelles et fronts de demain : Turquie/Grèce-Syrie-Russie


Depuis le 11 septembre, les Etats-Unis ont assigné à la Turquie le rôle de "Pont civilisationnel" entre Orient Occident. Membre de l'OTAN depuis 1952, la Turquie est un allié de longue date de Washington. Les premiers accords de coopération entre les deux entités datent de l'époque de l'Empire ottoman, mais c'est surtout après la Deuxième Guerre mondiale que la Turquie devient un partenaire solide des Etats-Unis malgré les désaccords récents entre Washington et Ankara portant, en autres, sur la question kurde. La Turquie est considérée comme un grand allié d'Israël dans la région. Mais, les  condamnations récurrentes par Recep Tayyip Erdogan de la politique israélienne envers les palestiniens ont, cependant, quelque peu refroidi les relations entre les deux pays.

La Turquie est perçue dans le monde arabe comme l'héritière de l'Empire ottoman. Les Turcs veulent se différencier des Arabes et des Iraniens. De leur côté les Arabes se sentent peu d'affinités avec les Turcs et les Iraniens et ces derniers refusent d'être confondus avec les Turcs majoritairement sunnites et les Arabes sunnites ou non. La construction artificielle des Etats-Nations dans la région a eu pour conséquences désastreuses l'extermination de centaines de  milliers de personnes appartenant aux minorités ethniques et religieuses, notamment kurdes et palestiniennes. Le génocide arménien qui a fait entre 1,2 et 1,5 millions de morts est encore une plaie béante. Le retrait des Russes en 1917 suite à la révolution bolchévique favorise encore la politique d'extermination menée contre les Kurdes et Arméniens, mais également celle des Assyro-chaldéens et d'autres minorités présentes sur le territoire de l'Empire ottoman en pleine désagrégation. L'animosité sinon la haine entre les différents peuples de la région est encore très vivace. La détestation des Turcs pour les Arabes est très vive, à tel point que les signes de ce rejet du monde arabe se manifestent dans les écoles turques : dans les cours coraniques l'arabe est enseignée comme une langue morte... La Turquie, membre de l'OTAN, est par ailleurs considérée, à juste titre, comme l'alliée d'Israël. Qui plus est, l'alliance des voisins syriens et irakiens avec la Russie renforce encore la méfiance des Arabes envers les Turcs. Des contentieux historiques et toujours pas réglés pourrissent les relations entre la Turquie et ses différents voisins. Entre 2012 et 2015, les incidents à la frontière turco-syrienne se sont multipliés, des avions ont été détournés ou abattus. Les relations de la Turquie avec l'Irak ne sont guère plus cordiales. Aux signes de détentes entre les deux Etats succèdent des tensions en relation avec la forte présence kurde (PKK, parti des travailleurs du Kurdistan) dans le nord de l'Irak, surtout à l'époque de Saddam Hussein. L'assassinat de celui-ci par la coalition internationale (comprendre l'anglosphère) et la destruction en règle du pays par cette même coalition n'a pas vraiment changé la donne diplomatique entre ces deux pays, même si la zone kurde a pu représenter durant un moment une sorte de glacis protecteur pour l'Etat turc.

Erdogan ne pourrait supporter la défaite des islamistes en Syrie avec qui il commerce. Il existe en, effet, une route du pétrole de l'EIIL, avec pour centre de ce trafic, le port turc de Ceyhan. Un représentent des services de renseignements irakien expose la mécanique de ces opérations de contrebande pétrolière. Le pétrole est vendu au plus offrant et ce sont à la fois des Turcs, des Iraniens, des Syriens ou des Kurdes irakiens qui se disputent sur ce marché parfaitement illégal. Le pétrole part en camion de la province de Ninive (Nord de l'Irak) et arrive à Zakho au Kurdistan irakien, ville située à proximité de la frontière turque où les convois sont accueillis par intéressés sus-cités. Les camions franchissent ensuite la frontière (très poreuse avec la Turquie) pour atteindre la ville de Silopi en Anatolie du sud-est. A partir de là, il est impossible de connaître la provenance de l'hydrocarbure puisque les sources d'approvisionnement se confondent. Il est alors illusoire d'essayer de distinguer le pétrole de l'EIIL venu du territoire irakien contrôlé par l'organisation islamique, de celui extrait dans le territoire kurde irakien. Le pétrole est, ensuite, acheminé vers Israël par des sociétés de transport maritime, dont certainement celle de Bilal Erdogan, fils de l'actuel président turc. En conséquence, Israël peut être considéré comme un client de l'EIIL. Le ministre syrien de l'information Omran al-Zoubi est convaincu que la famille Erdogan est largement impliquée dans le trafic d'hyrdocarbures mais aussi d'œuvres d'art avec l'organisation terroriste : "All of the oil was delivered to a company that belongs to the son of Recep [Tayyip] Erdogan. This is why Turkey became anxious when Russia began delivering airstrikes against the IS infrastructure and destroyed more than 500 trucks with oil already. This really got on Erdogan and his company’s nerves. They’re importing not only oil, but wheat and historic artefacts as well ' "[1]. L'implication d'Israël dans ce trafic mafieux est, quant à elle, dévoilée  par le média al-Araby : "According to a European official at an international oil company who met with al-Araby in a Gulf capital, Israel refines the oil only "once or twice" because it does not have advanced refineries. It exports the oil to Mediterranean countries - where the oil 'gains a semi-legitimate status' - for $30 to $35 a barrel. 'The oil is sold within a day or two to a number of private companies, while the majority goes to an Italian refinery owned by one of the largest shareholders in an Italian football club [name removed] where the oil is refined and used locally," added the European oil official. 'Israel has in one way or another become the main marketer of IS oil. Without them, most IS-produced oil would have remained going between Iraq, Syria and Turkey. Even the three companies would not receive the oil if they did not have a buyer in Israel' said the industry official. According to him, most countries avoid dealing in this type of smuggled oil, despite its alluring price, due to legal implications and the war against the Islamic State group"[2]. On comprend donc bien la nervosité d'Ankara depuis le début de l' intervention russe. L'aviation russe détruit, en effet, régulièrement des convois. Depuis le début des opérations militaires au Levant, la Russie doit donc se méfier de la Turquie censé pourtant combattre les groupes djihadistes. L'armée turque occupe le nord de la Syrie et s'oppose aux Kurdes syriens. Depuis de nombreuses années, la Turquie d'Erdogan est une alliée du Qatar qui a, notamment, financé les Frères musulmans en Egypte mais aussi Daech et qui souhaite la chute du président syrien. En conséquence, quand l'armée russe a commencé à bombarder les positions des djihadistes salafistes dans le nord de la Syrie, Moscou est finalement entrée en conflit avec Ankara. Le 24 novembre 2015, après plusieurs semaines de tensions turco-russes, un bombardier russe Soukhoï Su-24, accusé d'avoir violé l'espace aérien turc est abattu par un F-16 turc. Un événement sans précédent depuis des décennies. C'est en effet la première fois depuis la guerre de Corée. qu'un appareil russe est la cible d'une armée d'un Etat membre de l'OTAN. Le bombardier russe abattu et l'assassinat d'un pilote russe ont été un prétexte pour exacerber la stratégie de la tension menée par le président turc Erdogan. Le lieutenant-colonel Oleg Peshkov qui a réussi à s'éjecter de son avion - avec son camarade qui lui a survécu - a donc été tué par Alparslan Celik, chef de la brigade turkmène syrienne, cinquième colonne d'Erdogan en Syrie. Les jours précédents l'attaque de l'avion et l'assassinat du militaire russe, la brigade turque avait dû reculer face à l'offensive des forces armées Syriennes agissant en coordination avec l’aviation Russe dans la province Nord de Lattaquié, située à proximité de  la frontière turque. Conséquemment à ces actes terroristes perpétrés par le pouvoir turc, la réaction de Moscou ne s'est pas faite attendre : suspension des relations commerciales entre les deux pays, expulsion des entreprises turques travaillant en Russie, etc. Ce boycott a généré des pertes financières faramineuses pour l'économie turque. Erdogan n'a pas anticipé la réaction de l'ours russe. Les forces syriennes loyalistes progressent et repoussent les combattants de l'EIIL grâce au soutien de l'aviation russe. Le nord de la Syrie est peu à peu libéré des groupes terroristes.

De surcroît, Erdogan ne peut envisager l'idée d'un Etat kurde aux frontières de la Turquie. Mâter les rebelles kurdes est la préoccupation d'Ankara bien avant la lutte ou pseudo-lutte contre l'EIIL à laquelle la Turquie feint d'adhérer. Dans le sud-est de la Turquie, à majorité kurde, des combats entre l'armée turque et le PKK ont repris à l'été 2015. Cette lutte à mort entre le pouvoir central et les rebelles a déjà fait 40000 morts depuis une trentaine d'années. C'est, d'ailleurs, en partie grâce aux bombardements turcs visant les positions kurdes que les djihadistes de l'EIIL progressent dans certaines zones. Les Kurdes sont accusés de perpétrer tous les actes terroristes qui touchent la Turquie, comme ce fut le cas suite à l'attentat de février 2016. Les organisations kurdes PKK (Parti des travailleurs) le PYD (Parti de l'union démocratique) branche syrienne du PKK et ses miliciens de l'YPG qui revendiquent un Kurdistan syrien et combattent autant Ankara que Damas, sont désignés comme les responsables de l'attentat du 17 février 2016 qui a fait 28 victimes et visé des fonctionnaires civils de l'état-major et des soldats de l'armée. "Même si les dirigeants du PYD et du PKK disent qu'il n'y a aucun lien avec eux, sur la base des informations obtenues par notre ministre de l'Intérieur et nos services du renseignement, il a été établi que (l'attentat) avait bien été commis par eux" déclare Erdogan après les attentats. Le président turc souhaite l'arrêt des bombardements russes sur les positions de ses alliés islamistes et utilise le prétexte des attentats pour tenter de justifier une intervention des troupes turques et saoudiennes en Syrie.

Enfin, des mouvements de troupes turques ont été observés vers les frontières de la Turquie avec la Grèce et la Syrie. Depuis le début de l'année 2016, des avions militaires turcs violent régulièrement l'espace aérien grec. Le 15 février 2016, on recense vingt violations de l'espace aérien grec par des chasseurs turcs ! La Turquie conteste depuis des décennies la souveraineté la Grèce sur une partie de la Mer Egée, à la question de la délimitation des eaux territoriales s'ajoute donc celle de l'espace aérien. De surcroît, depuis 1974, la question chypriote participe évidemment à créer un climat de tension extrême entre les deux Etats. Le peuple  de la partie grecque de l'île étant bien entendu soutenu par la Russie. L'ensemble de ces éléments peuvent laisser craindre un possible conflit entre la Turquie et la Grèce, toutes deux...membres de l'OTAN. Déjà en 1987 et 1996, un affrontement militaire fut près d'éclater à propos des litiges territoriaux gréco-turcs. En Grèce, l'idée (la "Grande idée", "Megali Idea") de réunir les peuples grecs au sein d'un même Etat resurgit à intervalles réguliers dans les débats politiques[3]... Le souvenir du massacre de 360000 chrétiens grecs de la zone pontique par les Turcomans au début du XXe siècle est, en outre, profondément ancré dans la mémoire collective grecque[4]... 




Signalons que la Turquie possède une base militaire nucléaire étasunienne sur son territoire (2016)... Enfin, il faut insister sur le fait qu'Erdogan, à l'occasion, ne craint pas de rappeler la glorieuse époque de l'Empire ottoman dont la Turquie serait l'héritière. Certains petits nationalistes turcs sont toujours nostalgiques de l'Empire et le pantouranisme visant à l'unification des peuples de langues turques et finno-ougriennes est une idéologie qui a ses défenseurs à Ankara mais également à Budapest[1]. La Turquie cherche, depuis des décennies, avec plus ou moins de succès à étendre son influence, perdue après la disparition de l'Empire ottoman, aux Balkans mais aussi au Caucase. Il n'est pas anodin de rappeler que durant les guerres yougoslaves - même si durant le conflit Ankara tient une position que l'on peut qualifier de modérée sinon de neutre - une frange de la population bosniaque musulmane brandit des drapeaux turcs lors de  manifestations à Sarajevo...
A l'automne 2015, une guerre ouverte entre la Russie et la Turquie n'a jamais été aussi près d'éclater. Ankara menace régulièrement de fermer le détroit du Bosphore à la marine russe. Une telle décision menacerait directement la survie des troupes russes basées dans le gouvernorat de Lattaquié. Poutine ne peut répondre militairement aux provocations du vieil ennemi turc mais chacune d'elles peut potentiellement transformer ce conflit larvé entre la Russie et ses alliés d'un côté et les puissances de l'OTAN de l'autre en une nouvelle déflagration mondiale. Le 14 mars 2016, Poutine, considérant que les objectifs de l'intervention russe ont été atteints, ordonne le retrait d'une part de ses troupes en Syrie, tout en assurant que des bases aériennes seront toujours opérationnelles dans l'ouest de la Syrie (base navale de Tartous et base aérienne de Khmeymim à proximité de Lattaquié). Que nous dit cette décision brutale ? La Turquie qui brûle...d'envie d'envahir la Syrie a-t-elle les moyens de lancer une offensive contre la Syrie d'Assad ? En l'état des choses de cette première moitié du mois de mars 2016, une telle initiative serait très risquée pour la Turquie. D'une part, comme nous venons de l'écrire des troupes russes sont toujours présentes en Syrie. La Russie n'abandonne donc pas Assad et son peuple. D'autre part, l'intervention russe a permis au pouvoir central syrien de se renforcer (Assad a donc montré jusqu'ici une capacité de résistance impressionnante) tout en affaiblissant l'EIIL. Ces éléments font que toute entreprise guerrière dirigée par la seule Turquie est vouée à l'échec, à part si elle est soutenue par ses alliés du BAO, mais la dimension du conflit changerait alors de manière tout à fait radicale. Or, les Etats-Unis semblent de plus en plus se méfier du pouvoir turc actuel (comme des monarchies du Golfe) et il est fort possible que Washington et Moscou partagent le même objectif commun qui serait de pousser Erdogan vers la sortie. Les Etats-Unis avec Israël défendent le projet de Nouveau Moyen-Orient qui prévoit la partition de la Turquie et la Russie verrait d'un très bon œil la disparition de cette entité turque qui n'a pas abandonné ses rêves (creux ?) pantouraniens, de réunification - sous une forme ou une autre - des peuples turcophones des Balkans aux steppes d'Eurasie...
ARTICLES LIES : GUERRES DE ET POUR L'EURASIE

Extrait d'un livre non publié (Jean-Michel Lemonnier, 2016).

[1] Voir Lemonnier, JM. (2015). Les nouvelles relations magyaro-roumaines. Quelles conséquences en Roumanie ? Retours historiques, situation actuelle, perspectives. source : https://hal.archives-ouvertes.fr/halshs-01179263/document









[1] "ISIS Oil Trade Full Frontal: "Raqqa's Rockefellers", Bilal Erdogan, KRG Crude, And The Israel Connection", http://www.zerohedge.com/news/2015-11-28/isis-oil-trade-full-frontal-raqqas-rockefellers-bilal-erdogan-krg-crude-and-israel-c, en ligne le 29/11/2015, consulté le 20/02/2016

[2] "Raqqa's Rockefellers: How Islamic State oil flows to Israel", http://www.alaraby.co.uk/english/features/2015/11/26/raqqas-rockefellers-how-islamic-state-oil-flows-to-israel/, en ligne le 26/11/2015,  consulté le 20/02/2016


[3] Couroucli, M. (2009). Le nationalisme de l'Etat en Gèce. In Dieckho , A. et Kastoriano, R. Nationalismes en mutation en Méditerranée Orientale, CNRS Editions, pp.41-59, 2002.<halshs-00352985, https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00352985/document, mis en ligne le 14/01/2009


[4] Photiades, K. (1987). The annihilation of the Greeks in Pontos by the Turks. http://www.greek-genocide.org//docs/the_annihilation_of_the_greeks_in_pontus.pdf, consulté le 02/04/2016

jeudi 9 janvier 2020

Pseudo-crise Iran-Etats-Unis - Les dessous de l'affaire...(notes)

 8 janvier 2020

Désormais au regard du ridicule de la situation. Il est à peu près sûr que des accords bilatéraux, russo-étasunien et russo-iranien ont été passés pour convenir d'une riposte (molle et symbolique) iranienne. Du style "vous allez lancer vos deux douzaines de pétards mouillés sur des cibles sans grand enjeu stratégique, une fois que les Yankees auront dégagé le terrain, au pire il ne restera sur place que des  d'Irakiens (dans le texte). Et l'affaire du général sera réglée. Et puis n'oubliez pas le communiqué du Hezbollah appelant à la destruction d'Israêl pour l'ambiance." Sous réserve d'être contredit...

9 janvier 2020

Devant la réaction grotesque de Trump qui a suivi la non moins ridicule contre-attaque de l'Iran suite à l'assassinat politique... Iran, EUA*, Israël, Russie jouent une partition à 4. Le régime des mollahs, bientôt rebaptisé le régime des mollasses va décevoir (si ce n'est déjà fait) les "antisionistes". Tout comme le Hezbollah poil à gratter (nécessaire ?) que les Israéliens ont laissé faire depuis plus de 3 décennies. Il existe à l'évidence un plan à plusieurs volets. L'un d'entre eux est un pacte de non-agression irano-israëlien (comme au bon vieux temps des premiers...temps de la révolution islamique), un autre est que l'Irak devait être livré aux Chiites. En soi c'est logique puisqu'ils y sont majoritaires : la paix des hydrocarbures des mollahs cléricaux plutôt que la peste anarchisante des "négriers" sunnites shootés au captagon et beaucoup trop retors...
et enfin autre volet principal : la Russie devient la puissance régulatrice des conflits au Grand Moyen-Orient avec l'assentiment des EUA (Trump s'en lave les mains ! Ciao !). Sur la carte , la jonction IRAN-IRAK-SYRIE EST FAITE. Et les acteurs (étatiques) en présence sont satisfaits...
L'assassinat du général iranien apparaît donc comme un complot (🤪) irano-étasunien pour se débarrasser d'un possible élément déstabilisateur du régime islamique de Téhéran qui aurait pu prendre la tête d'une insurrection (-> coup d'Etat) et saper le projet iranien en Irak également...
Et tout devient plus clair...

EUA = Etats-Unis d'Amérique

lundi 6 janvier 2020

Adonaî metal rock (Adonaï metal roxx, association et émission de radio)

 Un numéro du fanzine de hard et metal chrétien de langue française "Adonaï metal rock", une rareté de 1989 :
http://www.eternel.ch/IMG/pdf/adonai-metal-rock-no3-juillet-1989.pdf
Il existait une émission de radio sur Radio Parole de Vie (RPV), Adonaï metal roxx (?) animée par Daniel BAILLOD (aujourd'hui décédé, mémoire éternelle !) durant les années 90 que j'ai personnellement écoutée dans la région de Saint-Malo. J'ai réalisé des dizaines d'heures d'enregistrement de groupes chrétiens sur bande magnétique. Cette émission, en pleine vague rap, grunge, néo-pop anglaise (genres que j'ai toujours exécrés) apportait vraiment quelque chose d'important à des personnes comme moi. C'est elle qui m'a fait découvrir le metal chrétien d'ailleurs.
Voir la page sur ce blogue où je présente quelques groupes :  http://jeanmichel-lemonnier.blogspot.com/p/musique-metal.html
Et j'en parle ici évidemment : https://livre.fnac.com/a6177048/Jean-Michel-Lemonnier-Musique-metal-et-satanisme-un-mouvement-culturel-entre-tenebres-et-lumieres