Les théories de Rikfin sont un énième avatar du
"capitalisme soutenable" et autres impostures "technoscientistes
vertes" soi-disant au service du "bien (être) commun". En somme, on continue à jouer sur les
impostures novlangagières, à produire des constats biaisés, à refuser d'aller à
la cause des causes des naufrages politique, social, économique, écologique...:
soit le désastre anthropologique né de la modernité "accentué" par
ses...modernisations ; la dernière étape de cette mutation de la modernité
étant bien sûr la contre-révolution libérale-libertaire qu'est mai 68 :
l'avènement de narcisse, "l'homme psychologique" sensible à tous les
courants d'air du temps, malléable et influençable comme jamais l'être
humain ne l'a été dans toute l'histoire
de l'humanité (en termes de manipulations, à côté de la publicité, des séries
et jeux TV qui vendent le "rêve capitaliste" bien mieux que les
économistes libéraux avec leur baratin d'ailleurs, les curés d'autrefois sont
des petits joueurs...).
Rifkin est un
serviteur (et sacrément bien rémunéré par ses nombreux maîtres) de la société du "débilisme" du
tout-technique, c'est un de ces rédempteurs progressistes, conseillers des
"princes". Hypermoderne, il pense comme la plupart des contemporains
vivre une période de l'histoire appelée à atteindre un sommet de développement
technique et intellectuel (si ce n'est déjà fait). Pour lui, le monde se dirige vers un avenir
radieux, grâce au développement des nouvelles technologies (avant-hier c'était par
l'utilisation du charbon, hier du pétrole que cet avenir devait être assuré...)
génératrices de croissance, accroché qu'il est à un "sens de
l'histoire". Au centre de la pensée de Rifkin, les "communaux collaboratifs" qui mettront fin au capitalisme. Ainsi
ceux-ci permettront qu' "au lieu d'avoir des acheteurs et des vendeurs, au
lieu d'avoir des propriétaires et des travailleurs, tout le monde est
entrepreneur. Tout le monde produit et partage sa production à un coût marginal
quasi zéro, ou beaucoup moins cher, dans le cadre de ces communaux
collaboratifs. C'est un système complètement nouveau pour organiser la vie
économique."
Le prospectiviste étasunien appartient, en réalité, au quart-monde intellectuel,
bloqué au stade infantile avec ses fantasmes de monde standardisé, pacifié sans "aspérités" (l'imprimante 3 D qui reproduit les mêmes objets à l'infini). Ses écrits sur la Troisième Révolution Industrielle (TRI) ne font dont que théoriser une nouvelle
évolution du capitalisme niveleur...
Des marxistes orthodoxes (peu nombreux) aux droites
dites "nationales" en passant par les
sociaux-démocrates libéraux, tous sont technophiles. S'ils ne partagent
pas tous la même vision du monde, tous veulent ignorer l'essentiel :
l'aliénation engendrée par la société technicienne. Même les premiers cités
pour qui la technique créée par le capitalisme deviendra instrument d'émancipation
des classes laborieuses, ignorent sciemment, quelque chose de fondamental comme
"la révolte des luddites" qui est, une opposition
HAUTEMENT morale à
l'industrialisation et au progrès technique aliénant (destruction des machines
(1)) car l'existence historique de cette
révolte leur renvoie certains de leurs théories (marxistes) à travers la
figure. L'homme
peut dire non tout de suite à l'aliénation (il en est sans doute de moins en moins
capable cependant), sans passer par des phases d'ajustements ou de transitions de 70 ans qui ne permettront jamais le passage du socialisme au communisme. Et c'est pour cela que
ces "marxistes" considèrent comme nécessaire l'existence d'une
avant-garde (CHIEN DE GARDE) révolutionnaire (pour Lénine les ouvriers n'étaient que des cons)
en mesure de tenir tout ce petit monde en laisse. Robert Castel a bien montré, d'ailleurs, que ce qui s'apparente à du "progrès social" (généralisation du salariat, avantages sociaux, salaire minimum...) n'est consenti que pour mieux fidéliser le travailleur, acheter sa soumission et renforcer sa subordination au patron.
Qui peut encore, en outre, croire que les modernisations du capitalisme doivent poser les bases matérielles du "socialisme" ?
Remettre
en cause ce "mythe" politique tenace et, par ailleurs,
incroyablement paralysant pour
l'émergence d'un véritable mouvement
politique "anti-système", c'est implicitement et nécessairement contester l'héritage de la
modernité des Lumières en tant que projet émancipateur. Mais les personnels
politiques et intellectuels actuels, ne sont pas en mesure de le faire, parfois
par manque de moyens...intellectuels...c'est ça le plus triste, si seulement,
ils étaient uniquement de "mauvaise foi"...
(1) seuls des imbéciles ou des idéologues (encore
une fois) peuvent voir dans ce rejet de la technique, un refus de toutes les
innovations qui ont permis d'améliorer les conditions d'existence de l'être
humain. Personne (?) ne songerait à remettre en cause les apports de la
médecine moderne dans l'allègement de la souffrance physique et psychologique,
même si certaines maladies (infarctus, diabètes, dépressions...) sont
assurément des conséquences d'une existence moderne et qu'il y a une fuite en
avant certaine dans cette modernité guérisseuse : les progrès de la médecine
pallient les conséquences de la dégradation des conditions de vie de l'homme
(hyper-)moderne. Dans une société idéale(-ment humaine), la seule question que
devrait se poser l'homme face à une innovation technique : cela va-t-il me
rendre plus humain, "meilleur" ? Si la réponse est négative alors
cette "nouveauté" n'a pas lieu d'être. Cela implique donc de renouer
avec une métaphysique particulière et d'en finir avec la société libérale-progressiste axiologiquement neutre.