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lundi 8 novembre 2021
La Musique de l'Histoire par Dominique Pagani
dimanche 24 février 2019
Christianisme et authentique subversion : remarques...
Mettre en avant la fonction protestataire du christianisme qui n'est pas
une religion d'esclaves (comme l'affirme Nietzsche) mais précisément le
contraire puisque le christianisme conduit nécessairement à briser les
chaînes de toutes les aliénations (en cela le calvinisme est adversaire
parfait du christianisme) c'est très bien. C'est intéressant mais cette
lecture matérialiste des évangiles en appauvrit considérablement le
sens. Elle aboutit à une anthropologie d'une pauvreté
absolue, et c'est finalement celle qui nous poursuit depuis le XIIIe
siècle. Une anthropologie qui nie l'esprit en niant l'Esprit, parce
qu'elle nie Dieu tout simplement. Elle valorise l'homme
psychique...C'est ne rien comprendre au sens de l'Incarnation christique
et au "mécanisme" de l'authentique rédemption ("Dieu s'est fait homme
pour que l'homme devienne Dieu")...et réduire le Christ à un Che Guevara
de qualité (morale) supérieure...Négation de l'homme total,
impossibilité pour l'homme d'accéder à la déification par la
pneumatisation de tout son être corps-âme-esprit, seule voie de Salut.
Qui plus est, voir dans les conciles une simple "institutionnalisation" du christianisme c'est passer à côté de la fonction régulatrice, épuratrice de ceux-ci. En écrasant les hérésies christologiques, les premiers conciles réaffirment bien au contraire le sens de l'Incarnation et le caractère subversif du christianisme. Le chrétien n'obéit qu'à Dieu (ni au roi ni à l'empereur - Quelle est la part de Constantin dans l’édification des doctrines ?), au Christ à deux natures non séparées et distinctes et non pas à un "Christ-homme".
La question de l'obéissance est même H.S. car le chrétien vise l'Union à Dieu pas l’imitation par génuflexion. Enfin cette "institutionnalisation" ne sépare en rien l'homme du cosmos puisque la liturgie (instituée), avec ses codes, elle-même est liturgie cosmique, elle abolit toutes la catégories du temps et de l'espace et réconcilie l'homme avec la Création, et l'aide à retrouver sa véritable condition ; notre état en ce monde étant anti-naturel.
Bref, une telle lecture plaisante pour la psyché n'en reste pas moins une poésie vitaliste anti-théologique (le logos est bien autre chose que le logos grec) qui dit "oui à la vie" sans trop envisager le sens vrai de cette existence humaine.
Commentaires inspirés par Engels et...Cousin :
Contributions à l'Histoire du Christianisme primitif Friedrich Engels (1894)
Qui plus est, voir dans les conciles une simple "institutionnalisation" du christianisme c'est passer à côté de la fonction régulatrice, épuratrice de ceux-ci. En écrasant les hérésies christologiques, les premiers conciles réaffirment bien au contraire le sens de l'Incarnation et le caractère subversif du christianisme. Le chrétien n'obéit qu'à Dieu (ni au roi ni à l'empereur - Quelle est la part de Constantin dans l’édification des doctrines ?), au Christ à deux natures non séparées et distinctes et non pas à un "Christ-homme".
La question de l'obéissance est même H.S. car le chrétien vise l'Union à Dieu pas l’imitation par génuflexion. Enfin cette "institutionnalisation" ne sépare en rien l'homme du cosmos puisque la liturgie (instituée), avec ses codes, elle-même est liturgie cosmique, elle abolit toutes la catégories du temps et de l'espace et réconcilie l'homme avec la Création, et l'aide à retrouver sa véritable condition ; notre état en ce monde étant anti-naturel.
Bref, une telle lecture plaisante pour la psyché n'en reste pas moins une poésie vitaliste anti-théologique (le logos est bien autre chose que le logos grec) qui dit "oui à la vie" sans trop envisager le sens vrai de cette existence humaine.
Commentaires inspirés par Engels et...Cousin :
Contributions à l'Histoire du Christianisme primitif Friedrich Engels (1894)
vendredi 13 mai 2016
La véritable révolution de la protohistoire : l'apparition de l'Etat (notes)
Pour Pierre Clastres, la
véritable révolution dans la protohistoire n'est pas à chercher du côté de
l'apparition de l'agriculture au néolithique mais au moment de l'émergence de
l'Etat. Ce dernier événement marque le véritable passage de la protohistoire à
l'histoire et la disparition des sociétés traditionnelles. En effet,
l'existence de sociétés agricoles n'est pas synonyme de bouleversement dans l'organisation
sociale des groupes humains archaïques. Et, pour empêcher l'apparition de
l'Etat - Clastres nomme ces sociétés premières,
sociétés contre l'Etat et non pas sans Etat, évitant ainsi le
positionnement ethnocentrique de l'observateur occidental moderne et qui
consisterait à dire qu'il manquerait quelque chose à ces sociétés - on fait la guerre. La violence - des conflits intertribaux- a pour fonction de faire
obstacle à la modification de l'ordre social et politique : empêcher
l'apparition d'un chef avec un pouvoir. S'il existe bien un chef dans ces
sociétés archaïques, celui-ci occupe un rôle symbolique au sein de celles-ci.
Tant que ce chef de pacotille existe, aucun cacique avec un pouvoir véritable
sur la communauté ne peut surgir. Il existe bien des personnages importants tel
le shaman, dans ces communautés amérindiennes, bénéficiant d'un certain prestige.
Celui-ci n'a, pour autant aucun pouvoir politique. Et bien qu'il soit, d'une
certaine manière le maître de la vie et de la mort, s'il échoue dans sa
mission, il est impitoyablement éliminé. En somme, ces sociétés contre l'Etat
sont les sociétés de l'ordre sans le pouvoir, autrement dit égalitaires, non
hiérarchisées empêchant, de fait, l'apparition de classes sociales. Contre les
marxistes, Clastres affirme donc que c'est bien l'exercice du pouvoir,
autrement dit l'Etat qui engendre la division sociale et le travail aliéné.
Les sociétés archaïques contre l'Etat
sont donc d'authentiques sociétés
acratiques, sans autorité(s), sans classes, sans rapports de
dominations/soumissions. Et même, s'il y a division de l'espace, avec des lieux
réservés aux femmes (le campement) et d'autres aux hommes (le domaine de la
chasse, la forêt), l'occupation de l'espace ne reflète pas ici une hiérarchie
entre les sexes. Aucun pouvoir ne
s'exerce pas ici. L'ensemble de la communauté est régie par des règles, certes,
mais elles existent pour maintenir la cohésion du groupe et non pas pour qu'un
individu ou un groupe d'individus puisse avoir l'ascendant sur un autre. Le
conservatisme dans ces sociétés est ou plutôt était (des Guayakis, il ne reste
plus rien par exemple) une condition de leur préservation. Tout ceci est
valable dans le cadre de petits groupes humains. (Voir notamment CLASTRES (P.). 2011, La société contre l'Etat,
Les Editions de Minuit). On peut également dire un mot sur l'opposition entre (les soi-disant) sociétés de la peur de la pénurie (pré-modernes ou anti-modernes) et sociétés d'abondance, à rebours du discours marxiste. Sur ce point l'anthropologue Marshall Sahlins rejoint Pierre Clatres. Ainsi les sociétés de chasseurs-collecteurs n'ont jamais été des sociétés de la peur de la pénurie, mais des sociétés d'abondance donnant, de fait, à ce dernier terme une définition totalement différente de celle communément admise dans nos sociétés des modernités. Ces sociétés archaïques produisent le nécessaire permettant de satisfaire les besoins du groupe. Pierre Clastres, l'anthropologue anarchiste confirme cet état de fait. L'activité productrice des sociétés traditionnelles indivisées socialement est limitée à la satisfaction des besoins alimentaires quotidiens sans qu'apparaisse la frustration du ventre. Et si des surplus sont dégagés, ils ne sont utilisés qu'à des fins socio-politiques (cérémonies, rituels initiatiques, visites d'étrangers etc.)...Pierre Clastres en
étudiant les groupes tribalites du Paraguay, les Guayakis "Rats
féroces" ou Aché, c'est-à-dire les personnes silencieuses et invisibles,
nous dit donc quelque chose de fondamental sur la société de l'être véritable...
à suivre...
Voir aussi sur ce BLOGUE : Pierre Clastres et Mircea Eliade :
samedi 9 janvier 2016
Marxisme, capitalisme : deux faces d'une même pièce pour Russel Means, Amérindien Lakota - Commentaires
Traduction d'un discours de l'Amérindien Russel Means, Lakota-Oglala, décécé en 2012 : http://partage-le.com/2015/05/le-marxisme-est-aussi-etranger-a-ma-culture-que-le-capitalisme-russell-means/
Quelques unes de mes réflexions générales à propos de son discours :
A bien y regarder, Russel Means ne dit pas autre chose que Pierre Clastres :
refus de la fusion politique, rejet de l’État. Contre ça, on fait ou faisait la
guerre entre tribus. R. Means fut membre du parti libertarien US. On est loin
du "communisme primitif" amérindien avec Ron Paul et son État
minimal, évidemment, mais il y a de ça...Une société sans État ne peut fonctionner, a priori, que dans le cas de
petit(e)s groupes humains/sociétés.
Et là, les marxistes se plantent complètement dans leur "compréhension" des sociétés et mentalités "primitives". C’est Pierre Clastres, l’ethno-anthropologue qui a raison face aux
marxistes sur ce point. On comprend mieux alors la détestation de R. Means envers le marxisme (1) et
son "application historique" (État dirigé par une classe
sociale, dictature du prolétariat) qu’il met sur le même plan que le capitalisme
(traduction politique : État dans les mains d’une classe dominante :
bourgeoisie). Le sous-entendu permanent dans son discours c'est : pas d’
État !
Il faut préciser quand même que il n’y a pas un monde amérindien homogène.
L’empire de l’Inca hiérarchisé face aux Shuars, ça n’a pas grand chose à voir
par exemple. L’« Indien »’ reste une invention coloniale.
Cela dit, l’histoire des peuples amérindiens avant l’arrivée des Européens
n’est sûrement pas l’histoire de la lutte des classes en ce qui concerne les
petits groupes amérindiens : pas d’Etat, révocabilité du chef (sans
pouvoir au sens où les Européens l’entendent), pas de classes sociales et là la
grille de lecture marxiste est ; très souvent, parfaitement inadaptée pour comprendre ces
sociétés. C’est peut-être vrai uniquement dans le cas d’empires centralisés de
type Inca...
De même, la conception du temps linéaire qui est autant celle du capitalisme
que du marxisme (demain sera mieux qu’aujourd’hui, la ligne du
« progrès ») était étranger à ces populations (conception
cyclique/mythique du temps). De plus, ces sociétés se caractérisent(-saient) par leur grand
conservatisme et conformisme pas de place pour les "rebelles", pas
de "révolutionnaires".
Et encore, pour citer Clastres qu’ont les marxistes à dire sur les religions autochtones-cosmqiues ? Le mythe est l’opium est du
peuple ? Si Marx n'a jamais saisi la fonction protestataire de la religion, mais seulement sa dimension attestaire ("La religion est le soupir...", etc.) Ensuite, peut-être qu’après les tragiques "rencontres" avec le monde européen
(et sa vision réductrice des sociétés amérindiennes "les Indiens")
on peut voir quelque chose en rapport avec une lutte des classes.
Certains amérindiens n’ont plus pas qu’à rejoindre les mouvements
révolutionnaires marxistes. D’autres, en Amérique du Nord. se sont accommodés :
casinos sur les réserves, d’autres refusent. Mais là encore, différentes
utilisations de l’argent des jeux. : parfois redistribué à la communauté. Concernant les jeux, environ les 3/4 des bénéfices sont
redistribués à des firmes non-amérindiennes qui ont aidé à construire les
"casinos". Et seulement 1% (j'ai lu autre part : proportion à hauteur
d'1/3) des nations amérindiennes des EUA bénéficient des retombées financières
liées à ces jeux. Nombre de casinos des réserves sont d'ailleurs fréquentées par
des amérindiens pauvres, la plupart du temps. Une plaie aussi donc, ces
casinos.
Mais - et c’est fondamenta l- en Amérique du sud, il existe toujours des sociétés
amérindiennes qui sont étrangères (et implictemeent allergiques) à l’organisation en classes
sociales. Grande variété de situations. Souvent, un pied dans la
modernité : rejoindre la société dominante ? Combattre contre elle,
mais sous quelle forme en privilégiant quoi ? La dimension ethnique (les rouges
contre les blancs), sociale (opprimés contre exploiteurs), etc. ?
Enfin, je pense à une anecdote : une ONG qui souhaitait installer des
latrines au sein d’une communauté Kogi (Colombie) : le "développement" !
Les gens là vivaient depuis des lustres sans ces toilettes. Comment faisaient-ils depuis des siècles et des
siècles ? C’est risible, sans doute, mais ça montre bien que là encore, le
petit blanc qui pense venir en aide à ces peuples ne se rend même pas
compte de son ethnocentrisme, de sa connerie, du poison qu'est sa charité de dame patronnesse qui a conduit à la mort des milliers de peuples dits "premiers"...
Bref, les Blancs du monde euro-américain doivent en rabattre avec leurs idéologies
diverses...Donc R. Means (seul un gauchiste crétin peut penser qu'il raisonne comme un bourgeois) est parfaitement légitime dans son rejet à la fois du
marxisme et du capitalisme, tout en sachant que d’autres Amérindiens d'Indo-Amérique, du Nord ou du Sud ont fait des choix différents des siens...
(1) Ailleurs dans les Amériques, lors des renaissances amérindiennes des années 1970/panindianisme, on appellera "crime de la gauche marxiste" le fait de nier le culturel, l’ethnique, le religieux.
lundi 21 décembre 2015
Trahison des élites et instruction au rabais
Les
récents propos de certains ministres - dont je préfère dès maintenant oublier
les noms - à propos de ce qu'un honnête citoyen est supposé apprendre dans un
établissement scolaire est l'occasion de relire (ou de lire) "La révolte
des élites et la trahison de la démocratie" (Flammarion, Champs Essais, 2010, première édition 1995) de Christopher Lasch pour bien se persuader que cette attitude
hautement méprisante envers les masses (minorités ethniques incluses) n'est pas neuve et que contrairement à
ce qu'aime faire croire le sympathisant de gauche - qu'importe sa chapelle - est
loin d'être le seul fait d'une droite dont l'intérêt pour les idées, selon
Alain de Benoist, tiendrait sur un confetti.
Quel est
ce discours qui fait écho à la critique radicale de Lasch concernant ces
"élites" ? C'est celui du mépris bourdieusien hérité des postures de
la gauche universitaire étasunienne. "Mépris de classe",
"enfermement dans la culture classique" voilà le traitement qui
serait infligé à l'élève issu d'un milieu socialement défavorisé et/ou
appartenant à une minorité ethnique et/ou religieuse dans le monde
"euroccidental". La "grande culture" n'aurait donc servi, jusqu'à
aujourd'hui, qu'à exclure les opprimés. Il a fallu créer une culture de substitution, accessible à tous.
Or donc,
Lasch s'appuyant sur le contenu d'un manifeste intitulé "Speaking for the
Humanities" expose le racisme sous-jacent contenu dans les positions de la
gauche universitaire étasunienne concernant cette exposition à l'altérité,
autrement dit à la "connaissance des choses sur des intérêts, des
situations, des traditions marginales et réprimées" à laquelle les enfants
des milieux privilégiés sont contraints, les minorités ethniques étant, quant à
elles, exemptes de "cette exposition à 'l'altérité' dans "l'œuvre d'
hommes blancs occidentaux" (p. 190).
Lisons
encore Lasch citant Kimball qui semble parfaitement résumer l'état actuel des
choses : "La 'rhétorique de l'universitaire' s'avère (...) 'profondément
exclusionnaire - on pourrait même dire raciste et sexiste' dans les postulats
qui la sous-tendent. Il apparaît que les gens ordinaires - spécifiquement s'ils
appartiennent au mauvais groupe ethnique ou à la mauvaise race - ne savent pas
lire les classiques avec la moindre compréhension, si tant est qu'ils savent
lire quoi que ce soit. Il faut donc reconcevoir les programmes en mettant
l'accent sur le cinéma, la photographie et des livres qui ne présentent pas des
exigences particulières pour le lecteur - le tout au nom de la démocratisation
de la culture" (p. 189).
Pour être sage de sa propre sagesse, il faut être savant d'autrui...
Pour être sage de sa propre sagesse, il faut être savant d'autrui...
lundi 17 août 2015
Socalisme clouscardien contre gauche deleuzienne
Michel Clouscard, un des derniers marxistes
conséquents de ces 40 dernières années, détruit ou déconstruit (c’est bien la
seule déconstruction à laquelle ne s’attaqueront jamais
les butlero-derrido-deleuzo-foucaulâtres (1)) à travers
son œuvre le grand "mythe" (au sens de mensonge) politique d’un mai
68 libérateur, d'où les accusations infamantes de "déviant
ultra-dextriste" dont il fait l'objet de la part de tous les argousins de
la bonne conscience social- démocrate molle du genou et de leurs alliés
flicaillons de la juste pensée de gauche. Rappelons que détruire un
"mythe", c'est prendre le risque d'être exclu d'une communauté...
Or donc, Clouscard démontre comment le mai 68
social a été liquidé par le mai 68 sociétal (bourgeois-estudiantin) acheté par
avance par le libéralisme, mais aussi la fonction du plan Marshall vis-à-vis du
C.N.R....Comment le ludique, le libidinal, la transgression vantés par la
"nouvelle gauche foucaldo-deleuzienne" ont permis le mutation
du capitalisme et l’émergence de nouveaux marchés, comment certains
progrès ont été détournés de leur usage (ou bien était-ce alors leur fonction
initiale ?), etc. L'usage progressiste (maîtrise de la natalité)
détourné par l'usage mondain, corporatiste. Allez faire comprendre, par
exemple, à l’électeur de "gauche RU486" que le phallocrate et la
facho-féministe sont deux faces d’une même pièce que la pilule (ne plus
s’emmerder avec une "poule pondeuse" ) mais aussi l’union
libre, la famille monoparentale, c’est le rêve du premier...
Le freudo-nietzscheo-marxisme
deleuzophrénique sera donc la doctrine qui justifiera la contre-révolution
capitaliste de mai 68 et le marché du désir. Ainsi donc, selon Deleuze et les
freudo-marxistes en général, l'inconscient produit les flux révolutionnaires du
désir. Ce sont donc ces flux qu'il faut libérer pour renverser la "vieille
société capitaliste répressive". Pourtant, à l'épreuve des faits, le
discours de rejet des valeurs répressives n'aboutit pas à une remise en cause
de l'ordre capitaliste. Bien au contraire, la permissivité et la prétendue
libération des mœurs permettent le sauvetage d'un capitalisme en crise,
celui de l'après-guerre : introduction de l'idéologie libertaire dans la
consommation (création de nouveaux marchés à destination des couches moyennes),
dans le monde de l'entreprise : fini le "vieux con",
le patron sévère et vaguement misanthrope en costard qui va à l'église le
dimanche, lecteur de Mauriac et amateur de musique baroque, place aux
"jeunes ordures" du néo-capitalisme libidinal, sociables et
narcissiques, fumeurs de cannabis (voir les rites d'initiation au modèle de
consommation du néo-capitalisme) en jean's et baskets Nike qui fréquentent les
boites porno-branchées d'Ibiza, fans de David Guetta et des Beatles...Le désir
coupé du procès de production est ainsi pure propagande de parvenus.
L'idéologie freudo-marxiste devra ainsi camoufler
les mœurs profiteuses du néo-capitalisme, des arrivistes, en modèle
transgressif et émancipateur vis-à-vis de la prétendue "vieille société
répressive" en libération des tabous par la circulation des flux
du désir, par la séduction. Schématiquement, le corps est alors présenté comme
un instrument de jouissance pour mieux nier le corps-instrument-force de
travail, de par incidence nier l’exploitation. Valoriser le sexe et le
genre et ignorer la classe, faire en sorte d'occulter cette lutte des
classes qui s'est pourtant généralisée, métamorphosée. Mais, il ne s'agit plus,
désormais, de se référer aux classes constituées, ontologisées ("les
ouvriers contre les bourgeois") mais de retracer leur engendrement
historique depuis la fin de la seconde guerre. Travail lamentablement refusé par
les "chercheurs" et autres théoriciens marxistes de seconde zone. Le
deleuzianisme (et tous ses rejetons idéologiques : genrisme/post-porno,
etc.) n'est donc pas contestation mais accomplissement du néo-capitalisme. Ce
discours confusionniste, faussement progressiste, de décervelage sera le
pouvoir de classe des parvenu-e-s de la nouvelle société. La levée des
interdits n’est que dressage des corps et conformisme total, écrasement des
âmes, soumission à la doxa du libéral-capitalisme deleuzien.
Outre son démontage rigoureux de l'idéologie
freudo-marxiste (ou libérale libertaire), Clouscard dévoile, à la fois, le
non-dit du marxisme et...de la psychanalyse. Chez lui, il n'y a pas de volonté
de destruction de cette dernière à la manière (deleuzienne) du philosophe du
jouir à la plage (dans le bac à sable) sagement et sans morale...Le philosophe
et sociologue Clouscard ne s'intéresse -il va sans dire...il va s'en dire- ni aux bruits de
couloirs, ni aux ragots. Il ne regarde pas l'histoire par le petit trou de la
serrure. Aucun marxiste mal dégrossi, genre "appareil" (si le chef de
secte n' a rien dit sur le sujet, c’est que c’est contre-révolutionnaire)
n'évoquera, par exemple, l'engendrement réciproque de Psyché (ici l’âme) et du
politique ou du psychoaffectif et du mode production, de l'Oedipe
freudien et de l'Oedipe de la praxis (le second surdéterminant le
premier). Le philosophe sudiste propose de faire remonter à
la surface la psychologie des profondeurs, "là où ça se
passe réellement", de démystifier les termes de la psychanalyse pour les
situer dans les rapports de production. La vérité de la chair n'est donc
pas si cachée et pas si inconsciente que cela. Dressage ! Clouscard est
donc authentiquement freudien et authentiquement marxiste et non pas freudo-marxiste.
Il rénove les pensées marxiste et freudienne sans les vider de leur essence.
Clouscard décode le parcours (humiliant) qui mène
de Cohn-Bendit à Le Pen (le retour du refoulé, de l’impensé de la nouvelle
société post-68) : le raté de mai 68, sans qualifications, qui dit n’avoir
pas trahi, ni renoncé (grande naïveté ou mauvaise foi ?) qui pensait vivre
de petits boulots après le retour à la campagne, possible dans les conditions
socio-économiques idéales de plein emploi et évidemment impossible après re-migration
vers la ville, boulot de grouillot...qui s’oppose donc au parvenu "il y a
des carrières-affaires après 68". Retour sur terre...ça ne l’empêchera de
continuer à planer mais avec grande maîtrise de cette consommation
ludique/marginale ("on n’aime pas les toxicos chez nous, on sait se
droguer"), et/ou partie de tennis et plongée pour décompresser et de
prendre la posture du rebelle mondain genre "docteur House
narcisse-cynique". Cela résume bien la situation politique actuelle : deux
grandes catégories, pas les seules, mais les plus représentatives du
psychodrame.
Désormais, le second se sent menacé. Le spectre
de l’interdit, de la castration resurgit. L’ado attardé se fait "père
sévère" (remarquez comme c’est comique au passage). De libertaire, il
passe à sécuritaire..., quand (les) Le Pen font accéder à la conscience de la
nouvelle société post-68, tout à fait opportunément, ce qui était nié
jusqu’alors par le libéral-libertaire : le producteur (le
premier..."Voici venu le temps des frustrés revanchards"). Sous les
pavés Le Pen, en effet... Effectivement, Clouscard ne s’est pas intéressé à Le
Pen dont l’unique fonction a été, pour la gauche (et la droite), de fournir une
figure du diable, de bête immonde aux suffrageants, empêchant alors
l’analyse clouscardienne de se déployer...
Évidemment, les jeunes faiseurs de Mai ont 70
balais aujourd’hui. Mais, il s’agit de deux situations originaires,
archétypales, fondatrices créées par deux "ancêtres mythiques" qui
auraient posé un geste in principio, aux origines, en ces temps
là...
Aucune idéologie désormais. A la place, une
bouillie apolitique de dames patronnesses (mâles ou femelles) :
"contre la peine de mort mais pour l'euthanasie", pédocentrée :
maternage névrotique et dans le même temps, refus d'éduquer et d'instruire,
négation de la différence parents-adultes/enfants, "sexualités
périphériques"..., démagogie face à l'oligophrénie adolescente,
tolérance-lâcheté, "il faut vivre avec son époque", la mondialisation
comme phénomène naturel, "libéralisme avec compensation",
judiciarisation des relations sociales, déresponsabilisation(s), spontanéité
"analphabète" jaillie des profondeurs de l'inconscient, etc. Un
brouet qui révèle de mieux en mieux le cloaque fétide qu’est devenue cette nature
humaine déchue (Clouscard n'utiliserait évidemment pas ce terme, sa critique
n'est pas "morale" au sens religieux) de l’ex-Occident.
La théorie clouscardienne (ni idéologie du
loisir-plaisir-hédonisme, ni idéologie du travail) a une portée comparable à
celle de la découverte de l’inconscient (L’Huma, 1981). Rien d’étrange à
ce que cet authentique intellectuel reste méconnu (ou méprisé par les
sociologues et philosophes si on doit encore leur donner un nom...) puisqu’il
s’attaque au cœur d’un système qui s’est mis progressivement mis en place après
1945 et dont mai 68 a fait la promotion (une vingtaine d'années pour la période
d'incubation, la France radical-socialiste plutôt rurale n'était, de toute
évidence, pas prête à subir ces mutations socio-économique, politique et culturelle
d'une violence inouïe au sortir de la guerre) et qui nourrit nombre de coteries
politiques, économiques, "intellectuelles"...
On peut cependant formuler des critiques à propos
de sa pensée. La première et la plus conséquente c'est l' absence de remise en
cause du productivisme. Toute l'écologie politique (même si une bonne part est
effectivement, aujourd'hui, totalement indigente : de Corinne Lepage à
Cécile Duflot en passant par les Nicolas Hulot et Maud Fontenoy) présentée
comme "chantage moral". On délocaliserait et on délocalisera, de plus
en plus, les usines pour des raisons de protection de l'environnement, la
"décroissance" ne serait qu'un concept flou, nouvel avatar du
gauchisme. Pourtant, des milliers de pages savantes existent sur le sujet et
n'ont rien de lubies néo-hippies : critique conjointe du
libéralisme-libertaire, des scories du progrès et du productivisme capitaliste
ou de type socialiste (Voir notamment N. Georgescu-Roegen, J. Ellul, S.
Latouche, l'anarchiste-conservateur, "socialiste sans le progrès",
J-C Michéa ou encore un précurseur comme G. Bernanos). De surcroît, la défense
d'un sport élitaire qui cohabiterait avec un sport pour les masses (on ne parle
pas ici de la nécessaire activité physique) est franchement discutable. En
voilà, un beau système d'illusion...de la vraie "fausse conscience"
(Engels) : sophismes sur le "beau jeu", la culture populaire, le
"sport, lieu de synthèse de ces deux principes anthropologiques"
figurés par Narcisse (le "plaire") et Vulcain ("le faire")...Sur
ce point, Michéa écrit la même chose que Clouscard. Malgré ces quelques
pirouettes rhétoriques, la réalité historique dit que le "sport
socialiste" n'existe pas et n'a jamais existé. C'est toujours le camp
capitaliste qui a imposé, impose et imposera ses règles, même dans le sport
amateur. Sur ce sujet, on lira donc G. Debord avec profit.
Malgré ces quelques réserves, plonger dans
l'œuvre de Clouscard c'est prendre le risque de ne pas pouvoir en assumer la
totalité et d'effectuer d'abominables contresens (sa critique du capitalisme
libidinal n'est pas celle d'un père fouettard mais bien une critique
marxiste, certes non-stalinienne mais bien entendu matérialiste).
Quoi qu'il en soit, Clouscard est toujours aussi
peu lu (surtout à gauche). Le grand public devra donc se contenter des débats
de merde entre Onfray (bon pédagogue au demeurant, mais cette qualité ne
fait pas de lui un penseur) qui vient de découvrir les vertus de
l'Etat-nation (et Hegel par la même occasion) et Zemmour (ou n’importe quels autres
publicistes interchangeables) et pour la "classe intellectuelle" se
satisfaire de la logomachie des mutants (de Panurge) de la déconstruction et
des sophismes bourdieusiens.
(1) Cette domination des
logorrhées foucaldo-derrido-deuleuziennes (French theory) dans les discours
universitaro-culturo-mondains est d'autant plus totale qu'elle a trouvée
peu de téméraires (en dehors des Clouscard, Quine, Michéa, Mandosio,
Bricmont-Sokal, Annie Le Brun dans une certaine mesure...) en mesure d'en
effectuer la critique radicale. En effet, l'opacité de ces écrits
"postmodernes" décourage rapidement toute initiative
de...déconstructions de ces déconstructions ; celui qui s'attellerait à
une telle tâche courant le risque de passer pour un imbécile "non-sachant"
s'exposant aux sarcasmes de sophistes pleins de
morgue, conspédants aux raisonnements vicieuxés ("ceci
n'est ni un mot, ni un concept, ni un jeu de mots", Derrida...)...Au
cœur de la théorie du langage de Derrida on dit : on ne peut saisir
immédiatement le sens d'un discours ou ce que nous sommes sans passer par
des médiations, je ne suis pas ce que je pense être "je est un autre"
en somme (même si "je" n'existe pas selon Deleuze...). Bien pratique
pour tous ces imposteurs puisque je n'assume plus ce que j'écris, ni ce que je
suis... Nous ne parlons pas ici de personnes atteintes de certaines pathologies
qui se manifestent, entre autres, par des idées et un discours délirants mais
bien de ce quart-monde intellectuel pour qui l'incohérence des paroles et des
écrits sert à dissimuler une absence d'idées et à dire à peu près tout et son
contraire, de ce "subventionné" muni d'un outil scripteur, simplement
névrosé -et conscient de l'être- qui se prend pour un schizophrène !
Ainsi, plus c'est illisible, plus la mystification peut durer...et
l'inintelligibilité du discours présenté comme subversion pour échapper à la
"normativité langagière" est évidemment pure escroquerie...
Publié le 22:08/2015 sur Agoravox : http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/socialisme-clouscardien-contre-170978
Publié le 22:08/2015 sur Agoravox : http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/socialisme-clouscardien-contre-170978
mardi 13 mai 2014
Le cosmos eurasiste contre le chaos euroccidental
Le passage du chaos au cosmos...L'espace profane devient espace sacré selon la dialectique de l'hiérophanie...
La Russie byzantine, d'essence "socialiste" (1) et "traditionnelle", voici précisément ce qui révulse l’Euroccident qui meurt de son provincialisme narcissique, nombriliste et suicidaire. La haine de l'altérité, la détestation de tout ce qui refuse le néo-totalitarisme de la pensée unique postmoderne et la défense d'un pseudo-pluralisme des valeurs qui cache, au vrai, une seule et unique fascination pour "le même", voilà la raison d'être de toutes les campagnes de calomnies actuelles dirigées contre la Russie, des gauchistes hargneux aux libéraux-libertaires-sécuritaires qui, malgré leurs appels incantatoires insupportablement hypocrites à la tolérance et aux droits de l’homme, sont, en réalité, uniquement préoccupés par les droits de leur queue.
La Russie byzantine, d'essence "socialiste" (1) et "traditionnelle", voici précisément ce qui révulse l’Euroccident qui meurt de son provincialisme narcissique, nombriliste et suicidaire. La haine de l'altérité, la détestation de tout ce qui refuse le néo-totalitarisme de la pensée unique postmoderne et la défense d'un pseudo-pluralisme des valeurs qui cache, au vrai, une seule et unique fascination pour "le même", voilà la raison d'être de toutes les campagnes de calomnies actuelles dirigées contre la Russie, des gauchistes hargneux aux libéraux-libertaires-sécuritaires qui, malgré leurs appels incantatoires insupportablement hypocrites à la tolérance et aux droits de l’homme, sont, en réalité, uniquement préoccupés par les droits de leur queue.
On évoquera, peu longuement, tous les pseudo-soutiens marxisants à la Russie qui
ne peuvent guère considérer celle-ci que comme un ancien laboratoire
d’un socialisme (dégénéré) et qui n’envisagent pour elle qu’un destin au
sein d’une néo-URSS aberrament "athée", avec son nouvel "homme nouveau"
qui ne serait qu'un homo sovieticus à peine "cosmétisé" ; un être, on
le sait, guère différent du consommateur-aliéné du monde capitaliste.
Autrement dit, le projet de ces gens : changer de mode de production
pour tenter de remplir les "frigos" différemment avec toute la réussite
que l'on sait...
Pour la Russie (et les partisans d'un certain projet géopolitique
Eurasiste) il s’agit, aujourd'hui et plus que jamais, d’un combat contre
la "catastrophe anthropologique" euroccidentale et contre la dissolution de la culture russe, plus globalement eurasiatique, dans une bouillie globaliste. Nulle question d’éliminer un "foyer infectieux" mais bien plutôt de refuser une "contamination" ou de la circonscrire (limiter dans un premier temps la puissance de l'aristocratie d'argent, de l'oligarcho-capitalisme et la sous-culture anglo-saxonne postmoderne invasive et nihiliste...)
A l'attention des menteurs qui dénoncent une supposée islamophobie russe
(cf. Tchétchénie), la doctrine néo-eurasiste qui guide (et sans doute
pas autant que certains voudraient nous le faire croire) l'action du
dirigeant russe actuel appréhende l'islam sans aucune condescendance ni
démagogie (Non à la charia ! Non à la déstabilisation wahabo-étasunienne
du Caucase !). La culture, la religion musulmane ont, pour
autant, leur place au sein d'un bloc continental eurasiatiatique formé
d'un ensemble culturel organique, tout autant que les bouddhistes, les
chamans sibériens, les chrétiens catholiques enfin débarrassés de leurs
lépreuses mondanités spirituelles ou...les athées (sans que ces derniers puissent "mener le jeu"), etc.
Le laïcisme haineux des nécrothéologiens associé aux Bible and business
évangéliques, s'illustrant à merveille à travers l'alliance du
pornographe et du puritain, est une des composantes idéologiques de cet
impérialisme euroccidental hétéroclite qui heurte évidemment la
conception byzantine de l'Etat russe, les valeurs de l'orthodoxie
chrétienne et la mentalité "socialiste" de l'homme archaïque (qui n'a heureusement (?) jamais lu une seule ligne de l'œuvre de Marx) héritier des vieilles communautés paysannes pacifiques eurasiennes dont il ne reste (quasiment) plus rien en Europe occidentale.
Au-delà de la Russie, c'est l'eurasisme en tant que doctrine (ou doctrines) qui est visée, consciemment ou non, par ces sycophantes.
Il existe différentes définitions/conceptions de l'Eurasie. Outre l'approche par la géographie physique (plaque tectonique
eurasiatique) (2), ce qui nous intéresse c'est un projet (géo-)politique eurasiste particulier.
Celui qui permettrait de considérer la doctrine eurasiste russo-centrée
pour la dépasser (notamment l'idée de continent intermédiaire) et
permettre d'inclure l'ensemble des nations d'Europe dans un grand
ensemble continental solidaire. Le pantouranisme, le néo-ottomanisme
(mais non pas, forcément, tous les Etats concernés par la doctrine) et
autres formes d'irrédentismes, n'ont, pas contre, rien à apporter à ce
projet, sinon la division.
L'eurasisme est un sentiment, une expérience, théorisés (ou
en voie de théorisation), en une "synthèse patriotique" des grands
espaces, des vieilles terres du Grand continent, centre
cosmo-géographique de la Foi (multiple), bienveillant à l'égard de
toutes les cultures ancestrales qui respectent l'homme.
L'eurasisme arrache le masque "libéral" de
la fausse tolérance et des arrières-pensées hypocrites qui
l'accompagnent et ouvre un dialogue frontal, entre "visions du monde
sophistiquées" pour repousser la violence aveugle due aux
incompréhensions culturelles et au laisser-faire démagogique. Il
va autant à l'encontre du chauvinisme des "Bidochons" politiquement
analphabètes et philosophiquement "demeurés" à la remorque de
l'"identitarisme" binaire et de son catholicisme de patronnage, que des
valeurs de l'Euroccident de l'existence hors-sol, en phase
d'autodissolution qui tentent de finir d'éteindre la vieille conscience révolutionnaire anti-marchande des peuples.
Très concrètement sur le plan géostratégique, l'Empire
militaro-marchand qui a le plus grand mépris pour ces vieilles nations
européennes, et notamment envers celles des ex-démocraties populaires
(polonaise, tchèque, roumaine, bulgare...) se sert du très fort
ressentiment anti-russe et de la composante politique victimaire ("Tout
est de la faute des grands empires voisins !") (3) présents
dans ces denières pour installer, depuis 25 ans, à la fois des bases
militaires avancées dans l'objectif d'encercler la Russie mais aussi de
nouveaux (super-)marchés et faire obstacle, de fait, à la "grande réconciliation" eurasiste.
A la bêtise crasse du "réalisme socialiste" catagogique ont succédé
les rêves creux de pseudo-émancipations individuelles propres à
l'imaginaire capitaliste dont la figure anthropologique caractéristique
moyenne est le bon petit bourgeois "frileux". Pour le moment, encore
illusionnés par le mirage de promesses d'enrichissement et
d'épanouissement personnels, l'Euroamérique est perçue comme une
"libératrice" par ces peuples, mais le réveil risque d'être
effroyablement difficile...On observe, cependant, déjà ici et là, des signes d'une immense amertume...Reste à savoir à quoi servira cette dernière...
L'appel de l'Eurasie (ou d'une Eurasie) en tant que projet
émancipateur, toujours en construction contre le sectarisme des
idéologues de tout poil, finira par se faire entendre
pleinement dans tout cet espace allant des rives de l'Atlantique (et
encore plus loin à l'ouest) à la péninsule du Kamtchatka, chez tous ceux
qui refusent cette dynamique ethnocidaire et matérialiste imposée par
le monde de la raison marchande qui transforme l'être humain en estomac,
en un porc libidineux, arrogant, manipulateur et procédurier,
dissimulant sa trouille abyssale de la mort et de sa possible
néantisation derrière le ricanement et un faux détachement cynique...Un
post-humain qui ne peut guère considérer le monde que comme un
gigantesque (super-)marché, un terrain de jeux, voire un immense
"bordel"...
La croix, Arbre de vie qui rejoint les différents niveaux cosmiques, alliance du Ciel et de la terre, son centre est le cœur du monde... |
Au bord de l'abîme nous sommes face à un choix : participer
chacun, même très modestement, à l'émergence de la plénitude de l'homme
au sein d'un cosmos eurasiste ou collaborer au triomphe du chaos
euroccidental...
(2) L'Eurasie correspondant à la plaque eurasiatique des
géologues est beaucoup trop vaste. L'Eurasie politique serait plus
restreinte et obligerait à une cohabitation avec des voisins
bienveillants. Cependant, connaître l'Eurasie à la fois comme milieu(x)
(biogéographie) et espace produit par l'homme est fondamental puisque le
projet géopolitique du même nom prend appui sur la conscience
d'appartenir à une terre, à un environnement particulier et sur
l'attachement à des lieux...
(3) Jamais celle des différents dirigeants du pays ?...
vendredi 14 mars 2014
Marxisme-léninisme, marxisme clouscardien, socialisme anti-progressisme : filiations et ruptures radicales
Quelques notes inspirées, après être tombé sur un "nid de buses progressistes-productivistes" (1) niant l'existence des "classes moyennes" et focalisé sur le clivage classe ouvrière/bourgeoisie (et donc incompréhension de l'idée du travailleur collectif, ensemble organique réunissant le manuel et l'intellectuel). Il va sans dire que ce discours méprisant le "réel actuel" relève du crétinisme marxiste-léniniste dogmatique et poussiéreux (2). Les analyses de Clouscard -que ces idéologues ignorent royalement- ont bien montré l'existence de cette classe moyenne, certes hétérogène (il faut donc parler de classes moyennes, de couches moyennes), aujourd'hui hégémonique, clientèle du "marché du désir" selon la formule chère à l'auteur et qui, de par sa toute puissance, a entraîné un nouveau clivage centré sur la division production/consommation depuis des décennies (à partir de la date symbolique de 1968). Clouscard est, certes, un progressiste-productiviste et de ce point de vue là, il reste fidèle au "marxisme prométhéen" (pléonasme?), mais tout son mérite est d'avoir montré que d'une part, le projet marxiste est compatible avec la démocratie et d'autre part d'avoir démontré qu'un certain nombre de positions sectaires lénino-staliniennes n'ont plus à rien à faire dans les mouvements politiques qui se réclament de Marx.
Par ailleurs, les progressistes ont toujours fait comme si l'être humain était dénué de toute âme, de tout désir de transcendance ou d'attachements à des lieux, à des personnes à des traditions, des valeurs et on sait à quel point Marx, par exemple, méprisait ces paysans dont les "comportements conservateurs" ne pouvaient s'expliquer que par l'abrutissement propre à une existence campagnarde. Finalement, sur ce point le discours libéral de droite ou de gauche est le même. que celui de Marx et de nombre de marxistes. Ces progressistes n'ont d'ailleurs toujours pas saisi que ce petit peuple (4) méprise et méprisait ces adorateurs du progrès du fait de leurs discours ethnocidaires. Il faut, ici, rappeler le rejet des thèses des révolutionnaires français chez une large part des paysans de l'ouest de la France...ou de celles des communistes est-européens par les petits paysans des Balkans ou des Carpates...
Enfin, on dira que le militantisme à gauche (voire le militantisme tout court) a toujours séduit ceux que la "vie intérieure" terrifie...
Michéa nous dit -sans rejeter Marx, mais les marxistes certainement- l'intérêt qu'il y a à (re-)découvrir les penseurs du socialisme, du syndicalisme révolutionnaire, de l'anarcho-socialisme, tels Georges Sorel ou Pierrre Joseph Proudhon et en général les socialistes pré-marxistes ou utopiques en se réfèrant donc, en partie (car l'idée d'un progrès continu présent dans ces doctrines doit être remise en cause, plutôt Fourier que Cabet donc sur ce point) aux théoriciens pronant une révolution socialiste pacifique. Une des idées- forces de ces doctrines est que la création de communautés socialistes au sein de la société capitaliste permettrait la disparition de cette dernière. Michéa ne considère pas, pour autant que ces "communautés intentionnelles" seraient suffisantes pour "renverser" le système capitaliste. Les expériences menées dans "communautés néo-rurales" et autres les "communautés hippies", par exemple, ont, en effet, largement montré leurs limites et, surtout, leur dimension "petite-bourgeoise" mais aussi "parasitaire" (installation dans la misère rurale grâce à l'exode post-1945). La sortie du capitalisme selon Michéa est donc bien un compromis entre deux "intentions" (cf. supra) et passe obligatoirement par une révolution anthropologique totale.
(1) Finalement, j'y ai retrouvé le discours bien trop fréquent du bon gros beauf bien con et d'autres frustrès (toutes étiquettes politiques confondues, soyons justes) qui méprisent le travail et les professions intellectuels et... surtout les "humanités" et dans ce cas, avec pour seule "culture" celle du militant de gauche radicale (tout est dit). Et on sait à quel point cette engeance, si prompte à "fasciser" ce qui s'écarte seulement d'un iota de sa ligne idéologique, a toujours eu la mentalité policière... On n'insistera pas sur la dimension "bouffe-curé" du discours de ces personnes. Simplement, l'anticléricalisme (comprendre anti-catholique ; le catholicisme étant à peu près la seule branche confessionnelle du christianisme dont ils aient entendu parler) en 2014 en France, c'est plus qu'une lutte de retard, cela relève, bien plus, de la pathologie, de la névrose obsessionnelle...disons même de la connerie la plus crasse.
Cependant, on a AUSSI le droit de douter d'un certain nombre de ses positions. A titre d'exemple significatif, les raisons avancées par Clouscard expliquant les raisons pour lesquelles on dégraisse dans les entreprises et on délocalise ne sont pas validées par les évolutions des politiques économiques actuelles. Ainsi, on ne délocalise pas, de plus en plus pour des raisons de destruction de l'environnement dues aux productions industrielles et la pollution générée par celles-ci (disons qu'elles peuvent constituer une excuse et il est vrai que le discours "écologiste" émerge politiquement et médiatiquement en pleine crise du capitalisme dans les années 60, l'idéologie 68arde viendra à son secours avec son discours "idéaliste" et "libérateur") mais bien plutôt et toujours exclusivement pour des raisons de coût de la main-d'oeuvre. Inutile de dire que Clouscard fustigeait tous les mouvements décroissantistes (qu'on ne confondra pas, comme prennent plaisir à le faire les économistes libéraux, keynésiens et les pseudo-écolos "durables" de gouvernements, avec l'absence de croissance actuelle ou la récession) et est resté sur cette ligne dure productiviste... Si l'industrialisation et la machine (sanctifiéés par les marxistes et les capitalistes) (3) ont permis à l'homme de le mettre à l'abri de la pénurie (c'est loin d'être vrai partout, cf. l'ex-bloc communiste), on peut douter que celles-ci continuent très longtemps à assurer cette "protection". Comment croire, aujourd'hui, à la croissance d'une production industrielle illimitée (pour produire quoi, d'ailleurs?) dans un monde aux ressources naturelles limitées, à une croissance infinie dans un monde fini ? Il reste que Clouscard est assurément un des rares penseurs marxistes qui nous soit contemporain à avoir produit une somme d'analyses parfaitement géniales et fulgurantes concernant la nature du néo-capitalisme dont l'origine est à rechercher dans l'imposition du le Plan Marshall et qui s'affirme de manière autoritaire et sans fard par mutation dans la contre-révolution capitaliste de Mai 68. Nous connaissons la suite...
Il faut alors, à l'évidence, porter une attention particulière aux propos de Michéa qui défend le socialisme sans le "progrès" et qui remet à leur place les "progressistes" (sociaux-démocrates ou (néo-)marxistes révolutionnaires) en leur "demandant" de faire preuve de plus d'humilité, les considérant comme dogmatiques et figés, croyants fanatiques dans le "culte du progrès" et du demain sera toujours meilleur qu'aujourd'hui et des lendemains qui chantent... En effet, à l'épreuve de l'histoire, cette "religion du progrès" est loin d'avoir fait montre d'une réelle pertinence. Et là, il faut considérer avec intérêt les thèses des décroissants anti-productivistes qui ont, forcément, aussi à voir avec cette "décence commune" (cf. paragraphe 4). Autant dire que la figure du "producteur" au sens marxiste ne fait l'objet d'aucun culte parmi les décroissants. En tout cas, le "producteur" pour les décroissants n'est pas de même nature que celui des progressistes. Certains hurlent à la réaction, au poujadisme à la lecture des thèses décroissantistes, pourtant Poujade le défenseur du petit commerçant parasitaire qui accumule du capital sans produire est bien loin de l'idéal prôné par ceux qui refusent la croissance illimitée (et la croissance du capital, fait en effet partie de ces "croissances non désirables ou désirées"). Il y a beaucoup à dire à ce sujet...
Par ailleurs, les progressistes ont toujours fait comme si l'être humain était dénué de toute âme, de tout désir de transcendance ou d'attachements à des lieux, à des personnes à des traditions, des valeurs et on sait à quel point Marx, par exemple, méprisait ces paysans dont les "comportements conservateurs" ne pouvaient s'expliquer que par l'abrutissement propre à une existence campagnarde. Finalement, sur ce point le discours libéral de droite ou de gauche est le même. que celui de Marx et de nombre de marxistes. Ces progressistes n'ont d'ailleurs toujours pas saisi que ce petit peuple (4) méprise et méprisait ces adorateurs du progrès du fait de leurs discours ethnocidaires. Il faut, ici, rappeler le rejet des thèses des révolutionnaires français chez une large part des paysans de l'ouest de la France...ou de celles des communistes est-européens par les petits paysans des Balkans ou des Carpates...
Enfin, on dira que le militantisme à gauche (voire le militantisme tout court) a toujours séduit ceux que la "vie intérieure" terrifie...
Lisons donc Michéa, et ce passage tiré de son dernier livre qui illustre et synthétise fort bien sa pensée :
"S'il y a une chose qui devrait être universellement claire -après un siècle d'errements et d'échecs du mouvement révolutionnaire- c'est que le monde ne pourra véritablement changer en bien (et aucun "sens de l'histoire" ni aucune théorie du "progrès" ne peuvent garantir mécaniquement cette issue désirable) que s'il change simultanément par en bas et par en haut, et que si chacun, par conséquent, est disposé, dans sa vie quotidienne à y mettre un peu du sien. Les révolutionnaires "professionnels" qui ne rêvent quant à eux, que de 'saisie jacobine de l'Etat' (Guy Debord) devraient bien plutôt s'interroger sur leur propre rapport personnel à la volonté de puissance et à la common decency (décence ordinaire)" Michéa J-C, Les mystères de la gauche, De l'idéal des Lumières au triomphe du capitalisme absolu, Flammarion
Michéa nous dit -sans rejeter Marx, mais les marxistes certainement- l'intérêt qu'il y a à (re-)découvrir les penseurs du socialisme, du syndicalisme révolutionnaire, de l'anarcho-socialisme, tels Georges Sorel ou Pierrre Joseph Proudhon et en général les socialistes pré-marxistes ou utopiques en se réfèrant donc, en partie (car l'idée d'un progrès continu présent dans ces doctrines doit être remise en cause, plutôt Fourier que Cabet donc sur ce point) aux théoriciens pronant une révolution socialiste pacifique. Une des idées- forces de ces doctrines est que la création de communautés socialistes au sein de la société capitaliste permettrait la disparition de cette dernière. Michéa ne considère pas, pour autant que ces "communautés intentionnelles" seraient suffisantes pour "renverser" le système capitaliste. Les expériences menées dans "communautés néo-rurales" et autres les "communautés hippies", par exemple, ont, en effet, largement montré leurs limites et, surtout, leur dimension "petite-bourgeoise" mais aussi "parasitaire" (installation dans la misère rurale grâce à l'exode post-1945). La sortie du capitalisme selon Michéa est donc bien un compromis entre deux "intentions" (cf. supra) et passe obligatoirement par une révolution anthropologique totale.
(1) Finalement, j'y ai retrouvé le discours bien trop fréquent du bon gros beauf bien con et d'autres frustrès (toutes étiquettes politiques confondues, soyons justes) qui méprisent le travail et les professions intellectuels et... surtout les "humanités" et dans ce cas, avec pour seule "culture" celle du militant de gauche radicale (tout est dit). Et on sait à quel point cette engeance, si prompte à "fasciser" ce qui s'écarte seulement d'un iota de sa ligne idéologique, a toujours eu la mentalité policière... On n'insistera pas sur la dimension "bouffe-curé" du discours de ces personnes. Simplement, l'anticléricalisme (comprendre anti-catholique ; le catholicisme étant à peu près la seule branche confessionnelle du christianisme dont ils aient entendu parler) en 2014 en France, c'est plus qu'une lutte de retard, cela relève, bien plus, de la pathologie, de la névrose obsessionnelle...disons même de la connerie la plus crasse.
(2) "La vérité est que les innombrables intellectuels anglais [NDA : français conviendrait très bien] qui baisent le cul de Staline ne sont pas différents de la minorité qui fait allégeance à Hitler ou Mussolini, ni des spécialistes de l'efficacité qui, dans les années vingt, prêchaient le "punch", le "nerf", la "personnalité" et le "soyez un loup!" Orwell, G.
(3) Quel que soit le mode de production l'abrutissement du travailleur reste le même. Collectivisation = fordisme=toyotisme=technicisme=aliénation. Ajoutons que les pays dits "socialistes" (Europe centrale et orientale + URSS) n'ont jamais dépassé le stade de la "dictature du prolétariat", en réalité celle du Parti donc d'une clique de profiteurs-parasites
(4) On ne fera pas non plus de ce "petit peuple" une figure christique, lui aussi compte son lot de racistes, de crétins à préjugés et d'irrécupérables prêts à tendre le bras de manière à faire un angle de 45° avec l'horizon devant le premier chef vaguement charismatique qui se présentera à lui. Seulement, Orwell et Michéa considèrent que c'est parmi ce "petit peuple" que l'on trouve le plus fréquemment ces comportements de "décence ordinaire", d'authencité et d'adhésion à ce concept fondamental maussien du "donner, recevoir et rendre"...On sait également que Guy Debord était beaucoup moins optimiste que Michéa quant à la fréquence de l'adhésion de ce "petit peuple" à ces valeurs...
(4) On ne fera pas non plus de ce "petit peuple" une figure christique, lui aussi compte son lot de racistes, de crétins à préjugés et d'irrécupérables prêts à tendre le bras de manière à faire un angle de 45° avec l'horizon devant le premier chef vaguement charismatique qui se présentera à lui. Seulement, Orwell et Michéa considèrent que c'est parmi ce "petit peuple" que l'on trouve le plus fréquemment ces comportements de "décence ordinaire", d'authencité et d'adhésion à ce concept fondamental maussien du "donner, recevoir et rendre"...On sait également que Guy Debord était beaucoup moins optimiste que Michéa quant à la fréquence de l'adhésion de ce "petit peuple" à ces valeurs...
samedi 11 janvier 2014
Dieu de Voltaire, Dieu de st Thomas et d'Aristote : dieu bourgeois, dieu mesquin. Mort de Dieu, mort de l'homme
A partir du moment où le dieu des philosophes se retire de la Création, il laisse aux hommes le soin de diriger leurs affaires eux-mêmes. Dieu de commerçants, de bourgeois médiocres et pragmatiques, de l'ordre établi. Il ne s'agit pas, pour autant, de défendre le dieu "comptable" tout aussi terne de st Thomas d'Aquin ("et d'Aristote") tout aussi détestable que celui de Voltaire. Ce dernier quand il déclare que Dieu est supérieur à la petitesse des hommes, justifie, à vrai dire l'existence d'un dieu de "marchands". L'homme est fait de bas instincts (mais peut-être sommes nous aussi trompés par le discours libéral) comme Voltaire... Il fallait à celui-ci un dieu mesquin et lâche, un dieu à son image. Construire l'image d'un dieu étranger aux affaires terrestres pour mieux le liquider ensuite...
Ce sera le rôle d'un Nietzsche, par exemple, de proclamer, plus tard, la "mort de Dieu", d'annoncer le déicide, (son inexistence en réalité). Un Nietzsche qui attribuera pourtant une volonté de puissance à un univers supposé inerte. Assez peu conséquent comme aboutissement d'un raisonnement pour un athée, cela-dit...Pour Marx, la religion telle qu'il la conçoit : une pathologie, une consolation, un besoin face à la misère sociale.
Ce sera le rôle d'un Nietzsche, par exemple, de proclamer, plus tard, la "mort de Dieu", d'annoncer le déicide, (son inexistence en réalité). Un Nietzsche qui attribuera pourtant une volonté de puissance à un univers supposé inerte. Assez peu conséquent comme aboutissement d'un raisonnement pour un athée, cela-dit...Pour Marx, la religion telle qu'il la conçoit : une pathologie, une consolation, un besoin face à la misère sociale.
En somme, ces deux philosophes ont présenté des propos de peu d'intérêt, relatifs à cet objet mal indentifié qu'est Dieu, mais parfaitement conformes au "zeigeist" du XIXe s. Les thèses de Marx ne sont pourtant pas étrangères à des formes de religiosité : promesse millénariste d'un monde meilleur, messianisme, fin de l'histoire ("eschatologie marxiste") ou encore la fonction sotériologique du prolétariat... Le marxisme (ou plutôt l'interprétation erronée des thèses de Marx) a bien été un opium des peuples au XXe siècle... On n'évoquera pas très longuement Sade, dans la mesure, où son discours "immoral", prônant un retournement de toutes valeurs (chrétiennes) est flagrant dans la pensée libérale, capitaliste, contemporaine.
Tardivement, une des manifestations de cette volonté de créer des succédanés modernes de Dieu ou des dieux (qui témoigne aussi de l'incapacité de l'homme à se débarasser de l'existence d'un phénomène qui échappe à sa vie consciente, qu'il ne contrôle pas) sera l'invention d'un "inconscient structural", commun à tous, "modernes" comme "archaïques", mais également invention du surmoi (autorité morale). Vaguement révolutionnaire, assez génial et... tellement pratique...
En outre, on ne dira jamais assez l'influence déterminante que les "théologiens de la mort de Dieu" (de Voltaire à Nietzsche, certes, malgré eux) ont pu avoir sur la naissance des fanatismes qui ont mené aux massacres de masses de 1793 à aujourd'hui. Accepter de vivre dans un monde sans dieu pour que naisse l'homme, nous dirent-ils. Pour quels résultats ? Des génocides, des guerres d'une violence inouïe inconnue jusqu'alors...Que l'on regarde l'histoire du XXe s. sans aveuglement, et l'on verra que ce sont bien des élites soi-disant "positives" et "rationnelles" qui ont plongé le monde dans les guerres les plus atroces qu'ait connue l'histoire de l'humanité, mais aussi créé les conditions du mal-être de l'homme moderne et post-moderne (destruction de l'environnement, pathologies physiques et mentales...), malgré quelques innovations dont on reconnaîtra le grand intérêt (médecine...). Mais, constatons objectivement que la "grille d'analyse" qui constiste à lire l'histoire comme une marche continuelle vers le progrès ne fait plus l'unanimité chez les "modernes". Ces désillusions face à la "religion du progrès" entraînent ce formidable pessimisme actuel face à l'histoire, malgré les appels incantatoires réguliers au rassemblement -sur le plan politique- du "camp des progressistes" contre celui de la "réaction". Eructations sur le mode de l'opposition binaire qui apparaissent de plus en plus pathétiques et ridicules pour l'homme moderne qui possède encore une vague conscience/connaissance historique...
Tardivement, une des manifestations de cette volonté de créer des succédanés modernes de Dieu ou des dieux (qui témoigne aussi de l'incapacité de l'homme à se débarasser de l'existence d'un phénomène qui échappe à sa vie consciente, qu'il ne contrôle pas) sera l'invention d'un "inconscient structural", commun à tous, "modernes" comme "archaïques", mais également invention du surmoi (autorité morale). Vaguement révolutionnaire, assez génial et... tellement pratique...
En outre, on ne dira jamais assez l'influence déterminante que les "théologiens de la mort de Dieu" (de Voltaire à Nietzsche, certes, malgré eux) ont pu avoir sur la naissance des fanatismes qui ont mené aux massacres de masses de 1793 à aujourd'hui. Accepter de vivre dans un monde sans dieu pour que naisse l'homme, nous dirent-ils. Pour quels résultats ? Des génocides, des guerres d'une violence inouïe inconnue jusqu'alors...Que l'on regarde l'histoire du XXe s. sans aveuglement, et l'on verra que ce sont bien des élites soi-disant "positives" et "rationnelles" qui ont plongé le monde dans les guerres les plus atroces qu'ait connue l'histoire de l'humanité, mais aussi créé les conditions du mal-être de l'homme moderne et post-moderne (destruction de l'environnement, pathologies physiques et mentales...), malgré quelques innovations dont on reconnaîtra le grand intérêt (médecine...). Mais, constatons objectivement que la "grille d'analyse" qui constiste à lire l'histoire comme une marche continuelle vers le progrès ne fait plus l'unanimité chez les "modernes". Ces désillusions face à la "religion du progrès" entraînent ce formidable pessimisme actuel face à l'histoire, malgré les appels incantatoires réguliers au rassemblement -sur le plan politique- du "camp des progressistes" contre celui de la "réaction". Eructations sur le mode de l'opposition binaire qui apparaissent de plus en plus pathétiques et ridicules pour l'homme moderne qui possède encore une vague conscience/connaissance historique...
Or donc, face au dieu vengeur, bourreau, aigri et calculateur n'aimant pas les hommes et qui consigne sur un cahier comme un vulgaire épicier les "péchés" de ses créatures, comme face au dieu de l'hypothèse déiste tel qu'imaginé par un Voltaire, "nous" devons avoir la même attitude : rejet et mépris.
Seule, cette extraordinaire puissance miséricordieuse manifestée à l'échelle du cosmos tout entier qui gênait mais aussi effrayait ces philosophes-bourgeois du XVIIIe s. est digne d'être appelée Dieu. Ces misérables dieux "thomiste" et "voltairien" doivent mourir "en nous" et à l'extérieur de "nous" et laisser leur place à cette incommensurable force cosmique faite d'un amour indicible, puissance à la fois terrifiante et fascinante...
(1989)
Dead - your god is dead
Fools - your god is dead
[...]
God hear my death call
Pour que l'homme se fasse dieu à son tour !
(1989)
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lundi 18 novembre 2013
Plus-de-jouir et néo-capitalisme. Dressage à la consommation ludique, libidinale, marginale. Narcissisme et capitalisme. Marché du désir.
La partie de l'œuvre de Clouscard, consacrée au Mai 68 libertaire -révolte petite-bourgeoise- expliquée à partir de l'évolution du mode de production (répression du producteur/permissivité pour le consommateur) est incompréhensible, irrecevable pour le "gauchiste", dispensé de l'impératif de production, qui hurle au fascisme, à la "Réaction", à un retour à un prétendu ordre moral ante-1968 (1) à chaque évocation du surmoi et à chaque critique des injonctions au plus-de-jouir dictées par un "marché du désir" qu'il prend comme étant une somme de "libertés authentiques". Libertés qui ne sont, la plupart du temps (cf. infra) pas autres choses, qu'aliénations, qu'un impitoyable conditionnement et une soumission aux codes de ce système néo-capitaliste qui émerge dans les années 1960.
"Pour une consommation ultra-rapide, immédiate, brutale. Il faut en prendre pour la semaine. Une bonne et grosse soupe pour les rustauds du mondain. Dressage sommaire : boum-boum et pam-pam. Le rythme et la "violence" et allez vous coucher. Les deux animations essentielles de la mondanité capitaliste, la bande et le rythme, sont réduites à leur plus simple expression. (...) C'est qu'on n'a plus besoin de raffiner [on s'adresse] au tout venant, aux incultes du mondain. (...) Il faut enrégimenter la populace, les troupiers du mondain, ses bidasses. On doit les amener (...) à un gestuel si élémentaire qu'à côté le salut militaire peut paraître un raffinement. [Ce ne sont] que les restes du festin de la consommation mondaine, du néo-capitalisme. (...) Cette consommation mondaine, la part du vulgaire, doit permettre trois opérations idéologiques. D'abord fixer les sensibilités aux symboles de la consommation mondaine du capitalisme. Et selon les figures les plus pauvres. Pour empêcher ces jeunes d'accéder à une conscience politique. Pour fabriquer des abrutis. Verrouiller les âmes et les cœurs. La sono et les coups. Ensuite créer le besoin, du ludique, du marginal. Sans le satisfaire réellement. Exaspérer l'envie et ne pas laisser accéder au festin. (...) Exciter la concupiscence et ne laisser que les miettes. Ainsi conditionner une immense clientèle au marché du désir. Et préparer une certaine intégration des masses à la social-démocratie libertaire du loisir et du plaisir."
"Pour une consommation ultra-rapide, immédiate, brutale. Il faut en prendre pour la semaine. Une bonne et grosse soupe pour les rustauds du mondain. Dressage sommaire : boum-boum et pam-pam. Le rythme et la "violence" et allez vous coucher. Les deux animations essentielles de la mondanité capitaliste, la bande et le rythme, sont réduites à leur plus simple expression. (...) C'est qu'on n'a plus besoin de raffiner [on s'adresse] au tout venant, aux incultes du mondain. (...) Il faut enrégimenter la populace, les troupiers du mondain, ses bidasses. On doit les amener (...) à un gestuel si élémentaire qu'à côté le salut militaire peut paraître un raffinement. [Ce ne sont] que les restes du festin de la consommation mondaine, du néo-capitalisme. (...) Cette consommation mondaine, la part du vulgaire, doit permettre trois opérations idéologiques. D'abord fixer les sensibilités aux symboles de la consommation mondaine du capitalisme. Et selon les figures les plus pauvres. Pour empêcher ces jeunes d'accéder à une conscience politique. Pour fabriquer des abrutis. Verrouiller les âmes et les cœurs. La sono et les coups. Ensuite créer le besoin, du ludique, du marginal. Sans le satisfaire réellement. Exaspérer l'envie et ne pas laisser accéder au festin. (...) Exciter la concupiscence et ne laisser que les miettes. Ainsi conditionner une immense clientèle au marché du désir. Et préparer une certaine intégration des masses à la social-démocratie libertaire du loisir et du plaisir."
Michel Clouscard, 1981/Ed. sociales, rééd. 2012, Le capitalisme de la séduction : critique de la social-démocratie libertaire, Delga, pages 291-293 (Chapitre "Le prosaïsme du mondain : les nouvelles coutumes de masse et la cascade des snobismes")
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