: Jean-Michel Lemonnier, bloc-notes: Jésus-Christ
Affichage des articles dont le libellé est Jésus-Christ. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Jésus-Christ. Afficher tous les articles

samedi 25 juin 2016

Fin du pentecostaire - Dimanche de tous les saints : appel au retour à l'état naturel de l'homme

Dans l'Orient chrétien (1), les périodes liturgiques sont désignées selon le nom donné aux livres liturgiques. Durant la période s'étalant de la veillée pascale jusqu'au dimanche de tous les saints autrement appelé premier dimanche après la Pentecôte qui tombe cette année le 26 juin 2016, nous sommes dans le Pentecostaire qui inclut les fêtes mobiles (Pâques, fêtée en sept dimanches, le septième étant la Pentecôte, Ascension, Pentecôte cinquante jours après Pâques, dimanche de tous les saints). On inclut dans le pentecotsaire le dimanche de tous les saints par cohérence théologico-liturgique même si la période de Pâques à la Pentecôte est réellement la période des 50 jours. Or donc, le pentecostaire succède au Triode de carême qui comprend le précarême, le grand carême, la résurrection de Lazare, l'Entrée à Jérusalem, la semaine de la Passion. Ainsi, de Pâques, réactualisant la Résurrection du Seigneur Jésus-Christ au dimanche suivant la Pentecôté, il y a unité. La Pentecôte est en quelque sorte l'acmé d'un processus initié au moment de la Résurrection du Christ et correspond à la glorieuse descente de l'Esprit-Saint. Elle est achèvement et début. Achèvement de la période de cinquante jours, qui est préparation à recevoir l'Esprit et début car elle annonce un changement de régime existentiel pour les chrétiens, selon le modèle archétypique     des disciples. La Pentecôte réactualise la genèse ou la fondation de l'Eglise et doit s'entendre comme l'accomplissement de la mission du Christ mais aussi le commencement de l'ère messianique du Royaume qui est mystiquement présent dans l'Eglise chrétienne en ce monde. Lors de cette réactualisation rituelle de cet événement central de l'année liturgique, les chrétiens sont invités à redécouvrir, à en prendre réellement conscience de la présence du Saint-Esprit qui agit en eux depuis leur baptême. Les disciples durent attendre la descente de l'Esprit pour avoir la force d'accomplir leur mission : "Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit", Evangile de Jésus-Christ selon Matthieu. Le saint Esprit qui vînt dans le coeur des disciples en y incrivant une loi nouvelle, de fait une mission, réalise ainsi le mystère de l’Église en tant que sacrement de la présence christique dans son Corps, mais également dans ses membres  forcément baptisés au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.  Voir le topaire, ton 8 dans le Pentecostaire (à la Pentecôte).
Le premier dimanche après la Pentecôte est dédié à la commémoration de tous les saints. Dans l'Église catholique romaine, cette fête est célébrée le premier novembre. La fête du premier dimanche est originairement une fête de tous les martyrs. Les autres saints ont été ajoutés peu-à-peu.Elle a commencé à être célébrée à Antioche, au IVe siècle. Saint Éphrem le Syrien ou encore saint Jean Chrysostome ont écrit à propos de cette fête. Pentecôte et dimanche de tous les saints sont intimement liés. Sans aucun doute, ne faut-il pas seulement comprendre cette fête comme étant celle célébrant la sainteté d'hommes de haute réalisation spirituelle. Cette fête nous invite plutôt à la métanoia, à envisager et comprendre que l'état d’union avec Dieu existe chez tous les chrétiens que le péché n'a pas séparé de Dieu. Car, selon l'authentique tradition chrétienne, la sainteté est l’état normal du chrétien. Cette célébration de tous les saints est donc avant tout et surtout, sinon exclusivement, un appel à la sainteté adressé à tous les chrétiens. L'état naturel de l'homme n'a rien à voir à ce que les matéralistes (souvent de pseudo-jouisseurs névropathes) veulent laissert croire, soit un état dans lequel l'homme se laisse aller à satisfaire tous ses bas instincts, toutes ses pulsions, tous ses fantasmes. Et c'est pour cela que notre époque n'aime pas les chrétiens, car ces derniers, aussi médiocres soient-ils parfois, sont le témoignage vivant, les porteurs d'un message qui dit que Dieu s'est fait homme pour que l'homme devienne Dieu à son tour. Autrement dit, la sanctification, plus encore la déification est l'état naturel de l'homme. Ce ne sont, évidemment, pas nos bondieusards laicards, nos athées du néo-clergé gestionnaires de l'aliénation spectaculaire marchande qui pourront entendre cela...

(1) Les expressions "Orient chrétien" ou "christianisme oriental" prêtent à confusion; On aurait tendance à l'utiliser pour désigner les Eglises orthodoxes dans leur grande diversité (Eglises des trois conciles ou pré-chalcédoniennes, Eglises des 7 conciles)  or dans ces Eglises chrétiennes on compte aussi des Eglises rattachées à Rome.

jeudi 26 mai 2016

Christologie et iconoclasme (I)

Le débat christologique est central dans la crise iconoclaste. Cette dernière a été soutenue par les empereurs byzantins, souvent d'origines arménienne ou isaurienne (Isaurie, région de l'actuelle Turquie), aux VIIIe et IXe siècles. Il faut savoir qu'au VIIIe siècle l'Orient chrétien non-grec était majoritairement monophysiste. Le monophysisme est une hérésie christologique du Ve siècle considérant que la nature humaine de Jésus-Christ est absorbée par sa nature divine. Elle sera condamnée par le Concile de Chalcédoine en 451. La première théologie iconoclaste émane de Constantin V Copronyme (741-775) présentée au Concile d'Hiéria de 754, prétendument oecuménique. Nous connaissons le contenu des actes de ce Concile car ceux-ci sont conservés dans le compte rendu du VIIe Concile (Nicée II) de 787 qui rejette catégoriquement l'iconoclasme. Plusieurs facteurs contribuent à générer cette crise. D'abord, l'héritage spirtuel hellénique ;  l'iconoclasme grec différent de l'iconoclasme oriental et musulman (ou islamique) sur le plan philosophique influence la pensée iconoclaste. Ensuite, les accusations de polythéisme mais aussi d'idolâtrie de la part des musulmans. L'islam est à l'époque en pleine expansion. L'accusation portée vers les chrétiens accusés de vénérer plusieurs dieux, révèle surtout la méconnaissance ou l'incompréhension dans le monde musulman du Dieu trine/trinitaire. Les iconoclastes ("idéologiquement" et politiquement) en lutte contre l'islam veulent donc, en quelque sorte, "purifier" le christianisme et le laver de tous les soupçons que les musulmans  font peser sur lui.
Mais quels sont les arguments théologique des iconoclastes ? Pour ces "briseurs d'images", peindre l'humanité du Christ c'est être face à un dilemme. En effet, pour eux, on peut soit peindre uniquement l'humanité du Christ, soit peindre son humanité et sa divinité en même temps. Dans le premier cas c'est alors reconnaître que l'humanité et la divinité du Sauveur sont séparées,  c'est donc adhérer au nestorianisme, autre hérésie christologique du Ve siècle, qui consiste en la distinction de deux natures et même deux personnes : l'humaine et la divine. Marie étant, par ailleurs, la mère de Jésus-Christ, l'homme et non la mère de Dieu. Dans le second cas, une telle approche revient à valider l'idée que la divinité du Christ est limitée par son humanité, ce qui est proprement absurde ou encore que les deux natures sont confondues, ce qui revient à avaliser le monophysisme. On peut pourtant rapprocher la position des iconoclastes de celle des monophysistes. Cependant, les premiers considèrent que la déification du Christ-Homme absorbe ou supprime son humanité. 
La position des iconoclastes révèlent, en réalité, une ignorance à propos de l'union hyspostatique qui  implique forcément une distinction nette entre "nature" et "personne" mais aussi que les deux natures sont préservées. Par l'Incarnation se réalise l'union hypostatique, c'est-à-dire l'union en une seule hypostase ou personne de la nature divine et de la nature humaine. Jésus-Christ est donc une seule personne avec deux natures sans partage, sans séparation, sans changement. 
La crise iconoclaste soulève également un problème concernant la définition de l"'image". Les iconoclastes font la confusion entre l'image et le prototype. Pour eux, il y a égalité. Or, une image ne peut réprésenter ce modèle originel. Seul l'eucharistie, est pour ces "briseurs d'icônes" en mesure d'être  l"'image" ou le "symbole" du Christ

à suivre...

jeudi 5 mai 2016

Je suis la lumière du monde...




Sur ces icônes représentant le Christ pantocrator, Jésus porte les saintes écritures et plus précisément, l'évangile selon Jean ouvert. Avec quelques rudiments de grec biblique, on arrive à comprendre et bien sûr à reconnaître le texte de l'évangile de Jean chapitre 8, verset 12 (selon une division du texte sacré communément admise). On lit ainsi une  transcription moderne du texte avec séparation des mots (tronquée sur la réprésentation à droite) : " Ἐγώ εἰμι τὸ φῶς τοῦ κόσμου: ὁ ἀκολουθῶν ἐμοὶ οὐ μὴ περιπατήσῃ ἐν τῇ σκοτίᾳ, ἀλλ’ ἕξει τὸ φῶς τῆς ζωῆς " (EGO (je) EIMI (suis) TO PHOS (lumère) TOU KOSMOU (cosmos, le monde, la création)...), "Je suis la lumière du monde et ; celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie". 
VOIR AUSSI sur ce BLOGUE : Jean l'évangéliste, Jean le Baptiste, d'un solstice l'autre  http://jeanmichel-lemonnier.blogspot.fr/2015/06/jean-levangeliste-jean-le-baptistedun.html




Révolte contre le monde moderne - socialisme chrétien chouan

Montage JML, 2016

dimanche 24 avril 2016

Duminica Floriilor - christianisme cosmique - Dimanche des Rameaux

"Duminica Floriilor", fête pagano-chrétienne ou bien plutôt chrétienne-cosmique...A la réactualisation rituelle de l'entrée du Christ dans Jérusalem se mêle une fête  païenne célébrant le printemps, certainement d'origine daco-romaine mais vraisemblablement antérieure au moment de l'arrivée des Indo-européens en Europe. On rappelera que l'existence d'un calendrier litugique identique d'une année à l'autre, milite en faveur de l'existence d'une pensée mythico-cyclique au sein du christianisme, orthodoxe ou non par aillers. De surcroît, on sait, de manière quasi-certaine que nombre de réjouissances festives liées aux cycles bio-cosmiques existaient bien avant l'installation des Indo-aryens en Eurasie occidentale (nous incluons ici l'Europe centre-orientale et occidentale). La naissance  de ces  fêtes s'incrivant dans un calendrier bio-cosmique sont sans doute contemporaines des peuples néolithiques, voire paléolithiques.
En outre, à l'évidence, c'est la célébration chrétienne (les "Rameaux" ou "Palmes" chez les orthodoxes), réactualisation d'un événement de la vie de Jésus-Christ qui s'est superposée à cette fête païenne "des fleurs" (il existe d'autres fêtes de ce type, célébrant l'arrivée du printemps ou de l'été comme Saint-Jean/Sânziene en juin par exemple), donnant naissance à toutes ces créations originales que sont les fêtes chrétiennes roumaines et plus généralement européennes centre-orientales. C'est évidemment dans le monde rural que celles-ci ont été le mieux conservées. Aujourd'hui, elles subissent le funeste sort de toute tradition appartenant aux sociétés traditionnelles (archaïques) et qui subsistent en ces temps de modernité (avancée)...

samedi 23 avril 2016

Saint-Georges, Samedi de Lazare, Dimanche des Rameaux

Le 23 avril revêt une importance toute particulière dans la tradition écclésiale mais aussi populaire d'Europe centrale et orientale et notamment en Roumanie. Ce jour là, on fête le glorieux martyr saint George le tropeophore, c'est-à-dire celui qui "porte la victoire" mais aussi de ses compagnons et ses compagnons, Anatole, Protoleon, Athanase et Glykerios.
 Issu d'une famille originaire de Cappadoce, né au IIIe siècle, tribun de la garde impériale de Dioclétien, Georges refuse d'obéir à ce dernier lors de la grande persécution des chrétiens. Bien né, aristocrate, devant l'attitude politique de Dioclétien, il abandonne tous ses biens, affranchit ses esclaves et confesse sa Foi en Christ à l'empereur, ce qui lui vaudra d'être persécuté et torturé. Sa vie après sa rupture totale avec le monde païen romain est pleine de phénomènes extraordinaires. 
En Roumanie, selon la tradition populaire, la saison des strigoi ("vampires") débute à la Saint-André, le 30 novembre, date d'entrée dans l'Avent de Noël qui est une période Carême (voir la thèse sur les carences aliementaires provoquant des hallucinations -> vampires, durant les périodes de jeûne) et s'achève à la Saint-Georges. Sachons que lors de sa persécution, le martyr tropeophore, réussit à faire avouer aux démons possédant la statue de l'idôle Apollon que Jésus-Christ est le seul dieu véritable. Or,saint Georges est réputé pour avoir combattu un Dragon, soit symboliquement le Diable (Drac, Dracul en roumain) et Vlad Dracul est en quelque sorte le saint patron des strigoi (des "vampires"). La Saint-Georges, en Roumanie, marquerait donc la victoire des soldats du Christ sur les légions de Satan, sur le Diable (le "Drac").  
Mais nous avons aussi proposé une autre analyse sur la nature de Vlad Dracul ici qui contrarie cette interprétation, et par incidence cette catégorisation de Vlad Dracul (Tepes).

saint Georges

Tropaire, ton 4 
"Libérateur des captifs, toi qui assures aux pauvres ta protection,  en qui les malades trouvent aussi médecin  et les princes, leur Seigneur,  victorieux défenseur,  saint Georges, victorieux et grand martyr intercède auprès du Christ notre Dieu  pour le salut de nos âmes".
__________________________________________
Le 23 avril de cette année 2016 est aussi le samedi de Lazare...

A lire sur ce blogue :
Samedi de Lazare, Dimanche des Rameaux, entrée du Seigneur dans Jérusalem
http://jeanmichel-lemonnier.blogspot.fr/2015/04/sambata-lui-lazar-sarbatoarea-intrarii.html
La resurrection de Lazare et la régénération du monde moderne
http://jeanmichel-lemonnier.blogspot.fr/2015/03/lazare-et-la-regeneration-du-monde.html



dimanche 10 avril 2016

Marie-Madeleine - Maria Magdalena et les Saintes Femmes Myrophores (Icônes) (1)

Montage : JML, 2016
Le troisième dimanche de Pâques (date de Pâques fixé au 1er mai pour cette année 2016) est le moment de l'année liturgique correspondant à la fête des Saintes Femmes myrophores. 


                                                                                           Montage : JML, 2016

mardi 29 mars 2016

Prière du coeur, Hésychasme et mensonges des gourous du Nouvel Âge


Il existe un nombre considérable d'articles, de vidéos, de livres traitant en partie ou totalement de la "Prière du cœur". Or parmi ces productions, un bon nombre n'a absolument aucun rapport avec l'authentique "Prière du cœur", celle transmise par les Pères de l'Eglise et relevant de l'orthodoxie chrétienne. L'inculture religieuse crasse qui prévaut dans les milieux "new age" spiritualistes est la raison de l'usurpation de l'expression "Prière du cœur" qui au...cœur de la tradition spirituelle hésychaste. Il est inutile de faire la liste de toutes les niaiseries "nouvel âge" qui correspondent à ce que Oswald Spengler appelait "religiosités secondaires" et qui loin d' annoncer un renouveau spirituel au sein de ce que nous pouvions encore autrefois le "monde occidental" (expression avec laquelle, nous européens-eurasiatiques, devons rompre) est le prodrome de la disparition imminente de toutes formes de traditions religieuses sérieuses "enracinées". Dans le cadre de ces discours dans lesquels - cela dit au passage - on relève généralement une haine presque totale, vomitive, envers les traditions ecclésiales et un tas d'aberrations comme celle consistant à dire que la prière ne présente pas forcément un caractère religieux. Il convient de rappeler ici que ces bigots du "nouvel âge", ayant élaboré une bouillie œcuménique totalement aberrante, excluent la plupart du temps les traditions chrétiennes catholique et orthodoxe. Ces remarques liminaires posées, passons à la définition et à l'explication de cette "Prière du cœur" qui vise l'Union du fidèle avec Dieu. Cette "prière du cœur" est aussi nommée "Prière de Jésus" et s'inscrit au cœur de la tradition chrétienne de l'hésychasme. L'esychia, terme grec signifiant "paix, silence", c'est la recherche de Dieu. Cette pratique prend sa source dans les Evangiles, dans le message du Christ. La "Prière du cœur" ou "Prière de Jésus" consiste en la répétition permanente d'une phrase simple (avec des variantes) : "Seigneur, aie pitié", "Seigneur, Jésus-Christ, Fils de Dieu, prends pitié de moi, pêcheur", c'est le Kirie Eleison. Il n'est pas question ici de rabâcher continuellement la même phrase. Il faut avoir conscience qu'il s'agit avant tout d'une attitude du cœur, de contemplation, de désirer le Christ. Signalons que c'est Joseph l'Hésychaste (1898-1959) qui rétablira le mode de vie hésychaste au Mont-Athos. Mais c'est saint Syméon le Nouveau Théologien qui définit cette méthode. Aux alentours de l'an 1000, il décrit cette technique ainsi : "Pour prier, il faut fermer la porte de sa cellule, se mettre dans un état de tranquillité, s'asseoir, incliner la tête sur sa poitrine, regarder vers le milieu du ventre, comprimer la respiration, faire un effort mental pour trouver le "lieu du cœur", c'est-à-dire pour se représenter cet organe, tout en répétant "l'épiclèse de Jésus-Christ" ". On le voit, nous sommes très éloignés ici des niaiseries "nouvel âge" qui consistent à  définir la "Prière du cœur" en évoquant cette vague notion d'amour universel, d'intentions envoyées à ses frères humains et autres fadaises sentimentalistes petites-bourgeoises, que sais-je encore...
Saint Grégoire Palamas (cf. théologie palamite), moine du mont Athos qui deviendra évêque de Thessalonique, parmi d'autres religieux va défendre l'hésychasme. En 1782,  l'évêque Macaire de Corinthe écrit sa "Philocalie" (traduit par "amour de la beauté") en se basant, notamment, sur l'œuvre des Pères du désert. La "Prière de Jésus" est alors essentiellement réservée aux moines. Au XIXe siècle, le livre "les Récits d'un pèlerin russe", fait découvrir cette pratique spirituelle au plus grand nombre qui connaît alors un très grand succès dans tout le monde chrétien orthodoxe. Durant la période soviétique, malgré les persécutions religieuses et alors que l'édifice ecclésiastique s'effondre, la "Prière du cœur" devient une forme de résistance face au régime athée de Moscou. 

Or donc, cette prière s'accompagne d'une technique basée sur le souffle, ce qui n'a rien d'anodin. Associée à la respiration, cette prière est donc très puissante et génère à terme une profonde modification physique et psychologique et finalement un changement de mode d'être au monde, une modification du régime existentiel du pratiquant qui progresse vers sa déification (divinisation de la nature de l'homme). L'homme psychique devient homme spirituel.

La prière du cœur une prière divino-humaine engendre progressivement un changement intérieur chez celui qui la pratique mais a aussi pour objectif de changer le statut ontologique du monde. Le néophyte doit donc veiller à prendre toutes les précautions nécessaires quand il se lance dans cette expérience. Le Royaume de Dieu est Jésus-Christ et c'est Marie qui conduit le prieur vers cette demeure. Marie est la maison de Dieu. C'est Elle qui a reçu l'homme-dieu en son sein. En nous offrant à Elle, à Marie qui est donc porte du Ciel, nous pouvons nous introduire en Christ. Il s'agit alors de s'abandonner à Elle avec une confiance parfaite. Cette prière doit alors permettre d'abolir la distance infinie entre le croyant et Jésus-Christ avec l'aide de la Theotokos et aboutir à la divinisation de l'homme. Il s'agit, dans un premier temps d'entrer en soi-même en faisant taire les bavardages mentaux, puis de dans un deuxième temps de trouver Dieu pour s'unir à Lui. Cette union à Dieu, cette divinisation est donc le but le plus élevé qui soit et demande un effort considérable en empruntant un chemin ardu où le risque de découragement est grand. Cette voie de salut s'oppose donc en tout point aux mensonges de tous les gourous du "nouvel âge" qui promettent à leurs brebis une transformation spirituelle spontanée en affirmant a priori la divinisation de l'homme alors que rien n'a été fait dans ce sens par le "disciple" pour atteindre cet état. Nous sommes, finalement, avec ces pseudo-maîtres spirituels, qui pullulent dans cette société sécularisée dans laquelle les authentiques traditions religieuses ont été oubliées, typiquement dans le mensonge bourgeois du monde post-chrétien du "tout est permis, tout est possible"...

Prière de Jésus  en Roumain : 
"Doamne Iisuse Hristoase, Fiul lui Dumnezeu, ai mila de mine, pacatosul"

samedi 19 mars 2016

Synodikon de l'orthodoxie - Dimanche du Triomphe de l'orthodoxie (20 mars)

Demain dimanche 20 mars, c'est le premier jour du Grand Carême et le dimanche du triomphe de l'orthodoxie. La première célébration a eu lieu en 843. Ce dimanche est devenu la fête de la victoire de l'orthodoxie sur toutes les hérésies dont une des plus importantes est la condamnation de la vénération des icönes : http://www.pagesorthodoxes.net/eikona/icones-intro.htm 
 C'est l'occasion de lire ce document "Le Synodikon de l'orthodoxie" (traduction Jean Gouillard). 
Cet article est éclairant pour ceux qui ignorent de quoi tout cela relève :  "Controverses et continuité de la conscience orthodoxe à Byzance à la lumière du Synodikon de l'orthodoxie" (Jean Gouillard, 1964) http://www.persee.fr/doc/ephe_0000-0001_1964_num_1_1_4879
A lire aussi : http://www.doxologia.ro/puncte-de-vedere/icoana-cea-mai-credibila-lui-hristos-lume

Voir aussi sur ce blogue : http://jeanmichel-lemonnier.blogspot.fr/2015/03/dimanche-du-triomphe-de-lorthodoxie.html


samedi 19 décembre 2015

Sur les dimensions de la Liturgie : dimension eschatologique, temps et centralité cosmiques (partie IV)

La Divine Liturgie est au centre la Création. Le lieu où elle est célébrée devient le centre de la Création. L'Univers tout entier rayonne autour de ce centre liturgique. Chaque lieu de culte où elle est célébrée devient donc le centre de l'univers, mais s'il y a une multiplicité de centres, il n'existe bien sûr qu'une Création. Qui plus est par Création il faut non seulement entendre le monde sensible mais aussi le monde invisible, l'Autre Monde. La Liturgie (orthodoxe) est donc bien une liturgie cosmique qui convoque l'entiéreté des mondes. Lors de la célébration liturgique, toute l'économie de la Création est actualisée, des commencements à la fin des temps. Le centre de  la Divine Liturgie projette l'éternité dans le temps. C'est un temps en dehors du temps. Formule paradoxale qui dit que toutes les catégories du temps et d'espace sont abolies. 
La Liturgie est Théophanie. La présence du Christ n'est pas imaginaire ou symbolique, elle est réelle durant la célébration ou plutôt réactualisation rituelle. Cette seconde expression devrait être préférée  à la première, car il s'agit moins de se souvenir ou de commémorer que de régresser aux origines, i.e. lors de la vie du Christ.
La Liturgie réactualise ainsi  le mystère de l'Incarnation par l'Anaphore quand le célébrant en présence des co-célébrants prononce les paroles dites lors de la Cène. A partir de ce moment, Le célébrant et les co-célébrants (les fidèles), donc ceux qui "réactualisent", deviennent contemporains du Christ. Ce dernier est avec eux, ici et maintenant. 
Toute l'économie du salut est présente dans la Liturgie, de la première à la seconde Venue. La Liturgie affirme autant le temps des commencements, ab origine que la présence des fins dernières. Elle a donc bien une dimension eschatologique dans ses différentes déclinaisons : à l'échelle individuelle (mort de la personne), de la société (du monde) et dans celle concernant la "dernière génération".

La liturgie eucharistique est le centre de l'énergie divine qui se diffuse à travers tout l'univers. Elle n'est pas une idée, un concept théorique, elle est expérience. Expérience de la Gloire de Dieu...

Les temps de la vie de l'Eglise sont organisés de manière à ce qu'ils soient ouverts sur l'éternité. Différents temps cohabitent les uns avec les autres qui sont autant de cycles. Ils sont tous liés. 
1) le premier correspond au cycle des jours, c'est celui de la vie du Christ,
2) le deuxième est le cycle des semaines qui correspond au temps de la Création, soit 8 jours ; le 8e jour étant une ouverture sur l'éternité, 
3) le troisième est le cycle des mois centré sur les différentes fêtes et sur la vie des saints, sur des dates fixes,
4) le quatrième correspond au temps des fêtes mobiles comme Pâques et qui sont véritablement ouverture sur l'éternité. Par l'exemple de sa vie, le Christ, ayant vaincu la mort, nous fait passer du temps à l'éternité.

source non identifiée

Si chaque jour du temps liturgique cyclique oblige à la répétition, à la mêmeté rituelle, à l'actualisation des mêmes événements, des changements subtils se produisent en l'homme religieux. La tension d'epectase, celle qui ouvre le coeur à Dieu et remplit progressivement de Grâce transforme ce temps cyclique, spiralique en éternité sphérique correspondant à un état de plénitude absolue, "finale". C'est ce vers quoi doit tendre l'homme religieux, en l'occurrence le chrétien sincère. C'est un chemin de grande humilité, très risqué et décourageant. Mais c'est aussi la seule voie de la sincérité spirituelle, forcément discrète et secrète. Il faut donc montrer la plus grande méfiance à l'égard des êtres qui étalent leur vie spirituelle, affichent leurs convictions religieuses à leur boutonnière. L'indécence n'est, évidemment, pas de se déclarer chrétien mais de se déclarer chrétien et illuminé. L'authentique chrétien éclairé, espèce rare, n'éprouve, de toute évidence, aucun besoin d'affirmer son état de béatitude à la face du monde...

VOIR aussi sur ce blogue :
http://jeanmichel-lemonnier.blogspot.fr/2015/10/sur-les-dimensions-de-la-liturgie-et.html
http://jeanmichel-lemonnier.blogspot.fr/2015/10/precisions-sur-le-concept-de.html
http://jeanmichel-lemonnier.blogspot.fr/2015/11/sur-les-dimensions-de-la-liturgie-et.html
http://jeanmichel-lemonnier.blogspot.fr/2015/10/jacques-le-juste-frere-du-seigneur-23.html