: Jean-Michel Lemonnier, bloc-notes: christianisme cosmique
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dimanche 4 mai 2014

Massacre d'Odessa..."L'Europe c'est la paix !" (1) et le stade ultime du pourrissement intellectuel





Pour ce qui concerne le récent massacre d'Odessa, d'une sauvagerie inouïe, alors qu'il s'agit d'un crime de guerre (des personnes sans aucun moyen pour se défendre, enfermées dans un bâtiment que l'on a incendié),  la presse occidentale (française ici, autant dire atlantiste et collaborationniste) se contente de titrer avec détachement et une neutralité parfaitement cynique : "Des dizaines de morts lors d'affrontements à Odessa" (Le Figaro), "31 morts à Odessa en marge des affrontements" (Libération). Et la presse française aux ordres de Kiev-Washington de déverser son flot de conneries autorisées et obligatoires, donc : 

Totalement DEMENT, le confusionnisme, le cynisme et le mensonge partout !

Pourtant, la réalité c'est celle-ci. Une horreur sans nom :
Acculés dans la Maison des Syndicats, 46 manifestants russes (NDA : ou Ukrainiens contre la junte de Kiev) ont été asphyxiés ou brûlés vifs par la milice du parti « Pravyi Sektor », membre du Gouvernement, appuyés par des bandes de hooligans venus en renfort. « Bravo ! Que les diables rôtissent en Enfer », s’est exclamée sur Facebook une députée et porte-parole du parti « Svoboda », membre de l’Exécutif au pouvoir depuis la chute de Viktor Ianoukovitch.



Quelques jours auparavant :

Yulia Izotova, une infirmière de 21 an a été tuée hier par la garde nationale ukrainienne (pravy sektor) à Kramatorsk, République de Donetsk (est de l’Ukraine ancienne).


Voilà le résultat de la collaboration EUA-UE-OTAN, des milices privées de l’anglosphère, du pouvoir à Kiev et des porcs hooligans néo-nazis, supporters de foot abreuvés de haine et de mauvaise bière (comme dirait -presque- l'autre),  issus du lumpenprolétariat ukrainien...
Enfin, une vidéo réalisée par tous ces ridicules du show-business...."L'Europe" (1) c'est la paix (ne pas vomir) :


(1) Lire et entendre "union européenne" évidemment. Ici encore, la confusion constante entre le supermarché européen, l'union des marchands, la zone de libre-échange sous influence anglo-américano protestante et la véritable Europe (l'Eurasie) des peuples qui viendra...

(2)Rectif. du 5 mai : plus de 100 morts à ce jour, peut-être plus...http://ersieesist.livejournal.com/813.html

Ici sur un autre sujet, le crétinisme en phase terminale de certains journaleux. Marianne épingle Le Point.



VOIR AUSSI :
http://jeanmichel-lemonnier.blogspot.fr/p/geopolitique.html


AJOUT du 7 mai 2014 :
http://www.alterinfo.net/CE-QUE-KIEV-CACHE-SUR-LE-MASSACRE-D-ODESSA-_a102296.html

http://reseauinternational.net/odessa-un-simulacre-dincendie-pour-couvrir-lexecution-dun-des-plus-atroces-massacres-jamais-vus/



samedi 29 mars 2014

Chateaubriand, Haute-Bretagne, croix de saint Michel-Belenos...et autres sites sacrés (III) Champ Dolent, Mont-Dol, fontaine saint Samson, Cathédrale de Dol de Bretagne, Brocéliande et...Jésus-Christ


Crédit : JM Lemonnier, 2014
                                                                   
Géographie mégalithique, croix de Belenos-st Michel, le pays de Dol et le légendaire arthurien : forêt Brocéliande selon une antique localisation...


Menhir du Champ-Dolent 

Site, situation, caractéristiques de l'objet, légendes locales. 
Annotations de l'auteur du présent blogue sur document numérisé de Paul Bézier, 1883.

Ces récits semblent avoir été assez bien connus localement, autrefois, autrement dit jusqu'à la période d'après-guerre et avant les bouleversements socio-spatiaux liés à l'exode rural post-1945 (fin de l'"autochtonie" et "mort du paysan") puis l'exode urbain post-1975 (périurbanisation et arrivée des néo-ruraux ou rurbains).

                                         
                                      
Annotations de l'auteur du présent blogue

Crédit : JM Lemonnier, 2014
Crédit : JM Lemonnier, 2014


Crédit : JM Lemonnier, 2014


Fontaine Saint-Samson
Inscription : "Fontaine/ saint Samson, évêque fondateur de Dol au VIe s. Il vint en ce lieu en 548"

Crédit : JM Lemonnier, 2014


Crédit : JM Lemonnier, 2014


Crédit : JM Lemonnier, 2014

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Cathédrale de Dol, siège de l'antique évêché de Dol de Bretagne dont la fondation "mythique" est attribuée à saint Samson (Fin Ve s.-565) venu du Pays de Galles. La Bretagne comptait 9 évêchés confondus avec les pays historiques (à différencier avec les pays traditionnels). Le diocèse de Dol disparaît en 1801.
C'est de la Vita prima sancti Samsonis, document fondamental de l'historiographie bretonne datant du Haut Moyen Âge que nous parvient l'essentiel des connaissances concernant  la vie du saint abbé-évêque, personnage central du christianisme breton, mais aussi de précieuses informations sur l'émigration bretonne et la Domnonée. Le document, datant vraisemblablement au VIIe s, a ceci de particulier qu'il fut rédigé par un cousin du saint c'est-à-dire un proche de l'évêque. Chose rare qui permet de considérer les informations présentes dans le document comme fiables au-delà des "ornementations fabuleuses" mythico-légendaires présentes dans le récit. Deux autres"Vie de saint Samson" ont été rédigées tardivement. De nombreux  commentaires d'historiens ayant travaillé sur le sujet sont accessibles au profane. On voudra bien s'y reporter.

Présence et représentations de la Domnonée et de la Cornouaille de part et d’autre de la Manche. D’après les Vies de saints et les listes généalogiques médiévales. Bernard Merdrignac http://abpo.revues.org/1842

Sur G. Scholar :



Crédit : JM Lemonnier, 2014


Nef de la cathédrale

Crédit : JM Lemonnier, 2014

Autel de saint Samson

Crédit : JM Lemonnier, 2014

Quels liens entre les sites pagano-chrétiens du Mont-Saint-Michel, du Mont-Dol, de la cathédrale de Dol, de la fontaine de saint Samson et du menhir du Champ-Dolent ? Le Mont-Dol, la cathédrale de Dol forme une droite qui croise une autre ligne partant du Mt-St-Michel   . Ces deux lignes se croisent au lieu de la fontaine sacrée de St-Samson située à Carfantin (Kerfeunten soit le "village de la fontaine" en breton)  au sud-est de Dol. Entre outre, la cathédrale de Dol a été construite sur une autre source sacrée...Le Menhir du Champ Dolent, quant à lui, localisé à proximité de la fontaine Saint-Samson ne rentrerait pas dans un quelconque alignement inclus dans un complexe géométrique sacré. De plus, les hypothèses prétendant expliquer la raison de la présence de cette pierre dressée extraite du massif granitique de Bonnemain et transportée sur plusieurs kilomètres ne sont guère satisfaisantes...A voir...

Voir : Géographie des granites de la péninsule bretonne



Notes JM Lemonnier, 2002
On évoquera, également, le Mont-Garrot à proximité du Mont-Dol.  Le Mont Garrot près de Saint-Suliac (Ille et Vilaine), lui aussi tombe de Gargantua comme le Mont-St-Michel (la "dent de Gargantua" du Mont-Garrot est un menhir) et sur lequel saint Suliac, un Gallois (cf. émigration bretonne) mais qui n'est pas un des 7 saints fondateurs de Bretagne contrairement à saint Samson, combattit un dragon. Le Mont-Garrot est rarement sinon jamais mentionné à notre connaissance dans les différents écrits spéculatifs concernant les théories faisant du nord de l'Ille et Vilaine (l'arrière pays du Mont consacré à Michel-Belenos) un complexe mégalithico-pagano-chrétien lié à un système zodiaco-géométrique sacré. En outre, le Mont-Garrot semble avoir été un site mégalithique exceptionnel dans cette zone nord-est de l'Armorique (3 menhirs et 3 dolmens dont 1 allée couverte). L'occupation du site est, cependant antérieure au néolithique et  remonte au LXXe millénaire avant J-C, c'est-à-dire à la fin du paléolithique moyen.

A voir donc, les liens entre le Mont-Dol, Dol-de-Bretagne, la fontaine et le Mont-Saint-Michel...Plus généralement, entre l'ensemble des sites mégalithiques-paléochrétiens, chrétiens, lieux de combats mythiques (ou légendaires, cela dépend pour qui...) entre un saint et/ou l'archange Michel et Satan...et les liens éventuels (jamais démontrés) entre l'ensemble de ces sites et le Mont-Garrot...



Photographies :  J-M Lemonnier


ARTICLES LIES :

samedi 11 janvier 2014

Dieu de Voltaire, Dieu de st Thomas et d'Aristote : dieu bourgeois, dieu mesquin. Mort de Dieu, mort de l'homme


A partir du moment où le dieu des philosophes se retire de la Création, il laisse aux hommes le soin de diriger leurs affaires eux-mêmes. Dieu de commerçants, de bourgeois médiocres et pragmatiques, de l'ordre établi. Il ne s'agit pas, pour autant, de défendre le dieu "comptable" tout aussi terne de st Thomas d'Aquin ("et d'Aristote") tout aussi détestable que celui de Voltaire. Ce dernier quand il déclare que Dieu est supérieur à la petitesse des hommes, justifie, à vrai dire l'existence d'un dieu de "marchands". L'homme est fait de bas instincts (mais peut-être sommes nous aussi trompés par le discours libéral) comme Voltaire... Il fallait à celui-ci un dieu mesquin et lâche, un dieu à son image. Construire l'image d'un dieu étranger aux affaires terrestres pour mieux le liquider ensuite...

Ce sera le rôle d'un Nietzsche, par exemple, de proclamer, plus tard, la "mort de Dieu", d'annoncer le déicide, (son inexistence en réalité). Un Nietzsche qui attribuera pourtant une volonté de puissance à un univers supposé inerte. Assez peu conséquent comme aboutissement d'un raisonnement pour un athée, cela-dit...Pour Marx, la religion telle qu'il la conçoit : une pathologie, une consolation, un besoin face à la misère sociale. 
En somme, ces deux philosophes ont présenté des propos de peu d'intérêt, relatifs à cet objet mal indentifié qu'est Dieu, mais parfaitement conformes au "zeigeist" du XIXe s. Les thèses de Marx ne sont  pourtant pas étrangères à des formes de religiosité : promesse millénariste d'un monde meilleur, messianisme, fin de l'histoire ("eschatologie marxiste") ou encore la fonction sotériologique du prolétariat... Le marxisme (ou plutôt l'interprétation erronée des thèses de Marx) a bien été un opium des peuples au XXe siècle...  On n'évoquera pas très longuement Sade, dans la mesure, où son discours "immoral", prônant un retournement de toutes valeurs (chrétiennes) est flagrant dans la pensée libérale, capitaliste, contemporaine.

Tardivement, une des manifestations de cette volonté de créer des succédanés modernes de Dieu ou des dieux (qui témoigne aussi de l'incapacité de l'homme à se débarasser de l'existence d'un phénomène qui échappe à sa vie consciente, qu'il ne contrôle pas) sera l'invention d'un "inconscient structural", commun à tous, "modernes" comme "archaïques", mais  également invention du surmoi (autorité morale). Vaguement révolutionnaire, assez génial et... tellement pratique...

En outre, on ne dira jamais assez l'influence déterminante que les "théologiens de la mort de Dieu" (de Voltaire à Nietzsche, certes, malgré eux) ont pu avoir sur la naissance des fanatismes qui ont mené aux massacres de masses de 1793 à aujourd'hui. Accepter de vivre dans un monde sans dieu pour que naisse l'homme, nous dirent-ils. Pour quels résultats ? Des génocides, des guerres d'une violence inouïe inconnue jusqu'alors...Que l'on regarde l'histoire du XXe s. sans aveuglement, et l'on verra que ce sont bien des élites soi-disant "positives" et "rationnelles" qui ont plongé le monde dans les guerres les plus atroces qu'ait connue l'histoire de l'humanité, mais aussi créé les conditions du mal-être de l'homme moderne et post-moderne (destruction de l'environnement, pathologies physiques et mentales...), malgré quelques innovations dont on reconnaîtra le grand intérêt (médecine...). Mais, constatons objectivement que la "grille d'analyse" qui constiste à lire l'histoire comme une marche continuelle vers le progrès ne fait plus l'unanimité chez les "modernes". Ces désillusions face à la "religion du progrès" entraînent ce formidable pessimisme actuel face à l'histoire, malgré les appels incantatoires réguliers au rassemblement -sur le plan politique- du "camp des progressistes" contre celui de la "réaction". Eructations sur le mode de l'opposition binaire qui apparaissent de plus en plus pathétiques et ridicules pour l'homme moderne qui possède encore une vague conscience/connaissance historique...

Or donc, face au dieu vengeur, bourreau, aigri et calculateur n'aimant pas les hommes et qui consigne sur un cahier comme un vulgaire épicier  les "péchés" de ses créatures, comme face au dieu de l'hypothèse déiste tel qu'imaginé par un Voltaire, "nous" devons avoir la même attitude : rejet et mépris.

Seule, cette extraordinaire puissance miséricordieuse manifestée à l'échelle du cosmos tout entier qui gênait mais  aussi effrayait ces philosophes-bourgeois du XVIIIe s. est digne d'être appelée Dieu. Ces misérables dieux "thomiste" et "voltairien" doivent mourir "en nous" et à l'extérieur de "nous" et laisser leur place à cette incommensurable force cosmique faite d'un amour indicible, puissance à la fois terrifiante et fascinante...

(1989)
Dead - your god is dead
Fools - your god is dead
[...]
God hear my death call


Pour que l'homme se fasse dieu à son tour !
(1989)




dimanche 15 décembre 2013

Abolition du temps historique : fin d'année et fin du temps...


Pour l'homme traditionnel, archaïque (1), les derniers jours de la fin de l'année sont identifiés au chaos d'avant la création. Cette période du passage de l'ancienne à la nouvelle année doit être considérée comme une abolition du temps et une répétition de la création. C'est à la fois le monde et l'homme qui sont est anéantis pour renaître à nouveau. Par la régression ab origine, l'homme devient alors contemporain des dieux. Le nouvel an a donc une fonction eschato-cosmologique. Traditionnellement, c'est dans cette période que se manifeste le monde suprahumain., comme par exemple, lors de la fête de Samonios ou Samain qui marque l'entrée dans la nouvelle année chez les Celtes antiques (Novembre). La dernière nuit de l'année est marquée par l'apparition des animaux funéraires comme le cheval (Nubie, septentrion européen...), animal psychopompe accompagnant les âmes des défunts et assurant le lien entre les différents "niveaux cosmiques". Durant ce temps de transition et d'abolition du temps ordinaire, les âmes des morts et surtout les dieux et des déesses tellurico ou chtonico-funéraires qui viennent des entrailles de la terre, de l'Enfer, selon une conception traditionnelle (grecque par exemple) se manifestent aux vivants. L' invasion du monde des vivants par les morts et les dieux annule la "loi du temps", la confusion sociale est grande, les orgies se multiplient, etc. A Babylone, la récitation rituelle du "poème de la création" (Enuma Elish) se faisait à cette époque de fin d'année donc de fin du monde. Ce récit cosmogonique, narrait le combat mythique entre dieu Marduk et le monstre marin Tiamat dont le corps déchiqueté servit à créer le monde, soit la victoire de l'ordre cosmique sur le chaos. Pour l'homme babylonien d'existence traditionnelle chaque fin d'année considérée comme une période chaotique, était le moment de la renaissance de Tiamat. La nouvelle année -qui correspond donc à un événement mythique qui eut lieu ab origine : la création- marquait la victoire de Marduk sur Tiamat. Au risque de nous répéter, nous signalerons qu'on trouvera trace de ces idées dans les toutes dernières sociétés agro-pastorales d'Europe centrale et orientale pourtant chrétiennes mais marquées par des formes religieuses archaïques.
Cet intérêt pour le  renouvellement périodique du monde et sa réalité qui s'inscrivent dans une conception cosmogonico-eschatologique souvent indéchiffrables pour le moderne  sont communs à de nombreuses sociétés et courants philosophiques : Mésopotamiens, peuples amazoniens, Grecs (stoïciens, platoniciens...) néo-pythagoriciens ("Grande année" et cyclicité du temps), Indiens hindouistes...L'idée d'une régénération du monde (palingénésie) succédant à sa destruction est assez commune à travers le temps et l'espace. Cette compréhension du passage de l'année révolue au  nouvel an comme événement purificateur et régénérateur  n'est qu'un aspect de la conception cyclique du temps pour de nombreuses sociétés. Mais les juifs et les chrétiens sont loin d'être étrangers à cette approche cyclique du temps (cyclicité de l'année liturgique). (2)

En outre, il est peut-être possible d'observer dans les "beuveries" et excès inhérents à ces fêtes de fins d'années chez les "modernes" (3), la permanence de cette volonté de s'affranchir pendant la durée des festivités, du temps continu, profane. On pourrait affirmer que la prise de substances (alcool, drogues...) à des doses permettant de modifier son état de conscience, dans ce "monde moderne" n'est que la persistance d'une volonté recréatrice d'une expérience religieuse -renouer avec un monde originaire, chaotique appelé à être transformé en cosmos- sans cesse renouvelée mais parfaitement vaine ; l'homme d'attitude moderne, c'est-à-dire l'homme de l'avoir et du paraître, ayant totalement rompu avec le religieux sacré et n'en n'ayant plus aucune clé de compréhension...Là où l'homme archaïque fêtait les dieux ou le Dieu (son corps appartenait aux dieux ou au Dieu) et se solidarisait avec le monde suprahumain à travers une pratique rituelle, le "moderne" (son corps lui appartient) ne va que vers sa néantisation. D'une manière certaine, écrivons que ce dernier cherche à s'abrutir, pour effectivement échapper à une histoire (individuelle ou collective) tout comme l'homme archaïque mais au contraire de ce dernier ses "abus" ne s’inscrivent en rien dans une perspective religieuse, cosmique et/ou "transcendante". En effet, tous les excès du "moderne areligieux" (états d'ébriétés répétés, orgies et intoxications sexuelles chnotiques, gavages divers : sons, images, nourriture...) relèvent du "pathologique". (Post-)Modernité et fabrique d' "abrutis"...

Il faut donc aussi comprendre que par rapport à l'homme archaïque, l'homme moderne areligieux n'est en aucun cas "libre". Le premier contrairement au second est le seul à pouvoir réellement "abolir l'histoire" pour un temps donné. Les techniques orientales menant au dépassement de sa simple condition d'être humain, du yogi ou du méditant à titre d'exemples, tiennent de cette volonté de s'affranchir de l'histoire momentanément puis définitivement (la "répétition", le temps cyclique, le cercle des existences étant un "piège" dont il faut se sortir pour les "Orientaux" traditionalistes). C'est parce que dans ce cas, le temps cyclique (des hindouistes ou des bouddhistes) est désacralisé, donc parfaitement terrifiant, effroyable. 

La "terreur de l'histoire" dans une "existence traditionnelle" conduit ou oblige l'être humain à abolir périodiquement le temps. Le caractère insupportable de certains événements historiques mais aussi des catastrophes cosmiques le mène à adopter ce comportement mythique.

 Que reste-t-il au moderne areligieux pour définitivement s'affranchir, quant à lui, de cette "terreur de l'histoire" ? Le marxisme et sa promesse d'un hypothétique âge d'or qui viendra à la fin de l'histoire une fois les "conditions réunies" ? Le délire techno-scientiste et transhumaniste et autres philosophies prométhéennes qui verraient émerger  un homme nouveau ? La recherche de l'immortalité du corps biologique ? d'une "terre sans mal" ?
Enfin, il est inutile d'évoquer une autre réponse radicale possible -et  individuelle cette fois- face à cette angoisse du moderne et son désir de mettre fin à son histoire personnelle, tellement elle est "évidente"... 

(1) le terme n'étant pas utilisé dans un but  dépréciatif, entendre "archaïque" au sens de "début", de "commencement" ou d'antique voire encore de "principe" (arkhế). C'est une catégorie générique qui renvoie autant à l'individu d'une époque pré-capitaliste (domination formelle), une société de type féodal le plus souvent sinon exclusivement, qu'aux individus qui peuplent ces espaces ruraux qui dominent l'espace eurasiatique durant des millénaires. Il n'est pas question d'essentialiser l'homme des sociétés dites traditionnelles mais de considérer (hypothèse) qu'un mode de production associé à une organisation particulière de la société (on pense au tripartisme identifié par G. Dumézil) produit un type d'homme particulier.

(2) savoir également que les "penseurs de la modernité" ont mis en évidence des conceptions cycliques  du temps  :
-  Kondratiev "rectifié" par  Shumpeter :
cycles économiques : deux phases expansion-(innovation) puis récession(baisse de la consommation)-dépression
- Clouscard :
 répétition de trois "moments", trois modalités du capitalisme : libéralisme, fascisme, "société de consommation" qui interviennent à des moments opportuns, soit une autorégulation du système capitalisme. Chaque nouvelle modalité sauve la précédente
 
(3)  à différencier du "moderne" croyant strictement monothéiste qui lutte contre l’histoire par la croyance, la méditation/contemplation/prière même si le moderne areligieux s’inscrit comme le premier dans l'histoire, le linéaire judéo-chrétien


 

dimanche 27 octobre 2013

Croix de saint Michel-de Belenos en Bretagne

La présence du dieu solaire Belenos -et de celle de son équivalent chrétien l'archange saint Michel-  est très forte en Bretagne. En effet, on trouve dans cette région et province historique un grand nombre de chapelles consacrées à l'archange Michel. Au fil des siècles après l'arrivée des premiers chrétiens, ces dernières se substituèrent à des lieux de culte dédiés au dieu gaulois Belenos, dieu médecin, dieu de la Lumière, fils de Taranis.

Selon un axe nord-est sud-ouest, du Mont-Saint-Michel-Tombelaine (A) en passant par le Mont-Dol, les Monts d'Arrée (Menez Are) et Saint-Michel de Brasparts (Menez Mikael) jusqu'à la baie d'Audierne on observe un alignement des lieux consacrés à Belenos et Michel.  Il en est de même selon une direction nord-sud : de la baie de Lannion à Carnac traçant un axe sur lequel se situent des chapelles consacrées au chef des archanges et... à Belenos. On obtient donc une croix de saint Michel ou croix de Belenos.



Carte (très) schématique réalisée par nos soins (2002) d'après les indications relevées dans "Bretagne, terre sacrée. Un ésotérisme celtique", 1977, G. Le Scouëzec, Ed. Albatros, Paris

Ceux -i.e. les matérialistes grossiers- qui ne pourront que relever que le Mt-St-Michel n'est pas administrativement en Bretagne (1) n'ont même pas à lire ce billet. Les moins atteints par cette modernité catagogique qui rend ridicule toute évocation du sacré entendront que, d'une part, nous sommes ici face à une "géographie du sacré" et que, d'autre part, il faut accepter de considérer l’irrationalité comme une composante à part entière de l'être humain et des sociétés. On peut alors comprendre la "logique" de ces êtres humains et des sociétés auxquelles ils appartiennent, violentées récemment (depuis l'avènement d'une bourgeoisie marchande et urbaine durant le bas Moyen Âge jusqu'à notre époque post-moderne en passant par la révolution française bourgeoise) par les forces "anti-traditionalistes". Il faut bien sûr se soumettre à un long et pénible travail de définition des termes et expressions employés (que nous éluderons) pour éviter tout contresens. Nous dirons simplement que concernant le mot "Tradition", par exemple, il ne fait, ni référence à la frange dissidente de l’Église catholique romaine, ni aux détestables et méprisables mouvements néo-païens racialistes européens. Le christianisme breton (ou ce qu'il en reste) est fondamentalement un christianisme cosmique et populaire. Ici ni repli sur soi, ni fascination pour la "race".  Ce christianisme là n'est pas un christianisme moral, mais allez faire comprendre cela à la fois à des chrétiens traditionalistes et à des gauchistes athées (2). Outre le fait qu'il soit imprégné d'éléments pré-chrétiens, il présente un bon nombre d’éléments relevant de la pensée mythique.  Sans nier l'historicité du Christ, la dimension trans-historique du personnage de Jésus-Christ imprègne le caractère populaire et cosmique de ce christianisme rural. Une forme de christianisme que nous retrouvons partout à travers le monde et, par exemple, dans cette Roumanie encore rurale (n'en déplaise aux géographes propagandistes post-marxistes "fascinés par la ville", il existe encore en Europe un "rural isolé", un "berceau civilisationnel" en partie préservé, matrice des peuples ou "vagina gentium"), en Transylvanie, en Moldavie ou dans les Maramures.

Or donc, pourquoi l'ange psychostase qui pèsera l'âme des morts lors du jugement dernier est-il si présent sur cette partie de l'écorce terrestre ?  Des prophéties (Marie-Julie Jahenny) et la tradition populaire indiquent que la Bretagne sera épargnée des "derniers événements" à la fin des temps. On comprend le pourquoi de cette protection par Belenos et saint Michel si l'on sait que c'est cette terre qui a vu naître la grand-mère de Jésus (origine bretonne de Jésus-Christ). Enceinte de Marie avant son départ de Plonévez-Porzay en Finistère elle débarque en Galilée (proximité étymologique avec le mot Gaule ?) pour mettre au monde la mère du sauveur de l'humanité. La Bretagne est, ainsi, véritablement à la fois centre du monde et centre de l'univers (pas d'ethnocentrisme ici, il faut comprendre qu'il existe une multiplicité de "centres"). On peut dire que la Bretagne est marquée par la croix de l'archange et du dieu gaulois et se trouve être sous  le signe d'un dieu de lumière. Par cette croix c'est l'intégralité du territoire breton qui est sacré. Et les habitants passés, présents et futurs, plus généralement ceux qui trouvent "refuge" en Bretagne, sont sanctifiés par la présence éternelle de sainte Anne (qui finira ses jours en Bretagne (3)) et de son petit-fils -dieu incarné dans la chair- venu lui rendre visite. 
________________________

(1) Le Mont fut breton par le Traité de Compiègne de 867 sous le règne de Salomon (Salaün en breton), roi de Bretagne, assassin d'Erispoé fils de Nominoë. Avec ce traité, le royaume de Bretagne atteint son expansion territoriale maximale. Outre le précieux Mont-Saint-Michel, c'est tout l'Avranchin, le Cotentin et les îles anglo-normandes qui passent sous domination bretonne. Quelques années auparavant Salaün obtient un territoire compris entre les rivières de la Sarthe et de la Mayenne.


Ajoutons. Il y a beaucoup trop  à dire sur la manipulation actuelle des identités régionales fortes par les forces mondialistes dont l'Europe communautaire est un des vecteurs. Cette manipulation s'exprime aussi à travers la promotion de la création des "métropoles" et la réforme des collectivités territoriales en France. Cette volonté de court-circuiter, in fine, l'échelon étatique français ne rappelle que trop le jeu des Anglais en Bretagne il y a des siècles, voire des Allemands durant la seconde guerre mondiale. Rien qui puisse annoncer une "renaissance" bretonne ou celtique car il s'agit bien d'un asservissement complet et définitif de ces régions à des forces qui leur sont, en réalité parfaitement hostiles. Autrement dit euro-régions, pièges à cons !
Deux cartes à comparer : celle de l'Europe des SS avec celle du "projet européen post-1945"...Vers une Europe des ethnies sous contrôle germano-étasunien...

(2) Nous prenons simplement l'exemple de deux types de populations aux antipodes l'une de l'autre. Nous ne sommes ni de ces "dominicains" chrétiens bourgeois dénaturant le message du Christ par leur sectarisme ni de ces "staliniens" rejetant le religieux par "principes" tout aussi sectaires (en termes d'intolérance, ils se valent autant) décrétant le vrai et le faux, l'acceptable et le méprisable ou encore ce qui est doit être politiquement classé à "droite" ou à "gauche" en termes de valeurs....à la manière des curetons d'autrefois ou de certains évangéliques de nos jours, faisant la part entre les œuvres de Dieu et celles du diable...Souvent, des obsessionnels laïcards, dans le second cas, manipulant et adaptant la laïcité pour (mal) dissimuler leur haine du religieux, du spirituel et par incidence de l'histoire des peuples européens. Très et trop Français.

(3) La Bretagne est la seule terre  sur laquelle est apparue la grand-mère du Christ. Anne apparut au paysan-cultivateur Nicolazic en 1625. Depuis lors la commune de Sainte-Anne-d'Auray est un lieu de pèlerinage pour les chrétiens, catholiques romains essentiellement. 

(A) NB : l'hypothèse attribuant une filiation étymologique entre le nom du l’ilot Tombelaine situé à proximité du Mont et le dieu Belenos semble avoir été abandonnée (tombe de Belenos...)...Qu'on nous explique alors cette croix de Belenos qui signe le territoire breton en tenant compte des éléments présentés ci-avant...

vendredi 11 octobre 2013

(Post-) Modernité et déchéance

L'homme moderne, c'est l'homme déchu. C'est l'homme qui prend conscience de sa nullité face au règne de la quantité et qui est, en même temps, parfaitement narcissique. C'est l'homme qui n'existe que parce qu'il porte une marchandise dans ses bras. Si on lui enlève cette marchandise il n'existe plus en tant que "moderne". Il ne redevient alors pas pour autant un homme des sociétés traditionnelles, il est simplement perdu. Il n'a, alors, plus d'existence au sein de la "modernité". L'homme moderne c'est l'homme repu, autosatisfait, c'est celui qui ne s'interroge que peu sur lui-même. C'est l'homme esclave de ses passions mauvaises, orgueilleux, ennemi des gens de bien, coupable d'hybris. Il vit dans le chaos. C'est un "individu". Mais ce qui le caractérise le mieux, et si on s'exprime clairement c'est la haine du sacré qu'il porte en lui. Il ne peut guère penser l'existence en dehors de l'économie. A l'inverse le monde traditionnel ne conditionne plus l'existence humaine à travers des impératifs économiques qui deviennent, dans ce cas, subordonnés à des principes extra-économiques susceptibles de donner un sens profond à l'existence humaine et de permettre le développement des capacités les plus hautes. L'homme (post-)moderne est prisonnier de l'histoire. Son esprit obscurci par la matière, focalisé sur le monde sensible est alors dans l'incapacité de soupçonner l'existence d'un monde suprahumain. Le moderne est agonisant, il se retourne sur son lit, incapable de se tenir debout, sensible aux convulsions de l'histoire. Sa chute dans le règne du matériel lui ôte, de fait, toute nostalgie du divin. Il n'a alors que deux possibilités : s'effondrer totalement, définitivement et aller vers son anéantissement complet, sa néantisation, c'est-à-dire vers une"seconde mort" ou bien s’élever, s"augmenter" au prix d'un effort  qui demande des "forces" difficilement mobilisables pour un homme d'attitude moderne.

 La modernité (ou post-modernité depuis une quarantaine d'années) est fondamentalement catagogique, elle n'élève pas mais tire vers le bas, elle massifie, elle rend ridicule. Elle s'illustre dans l'homme cannabinoïdé (au propre ou au figuré) à prothèses technologiques qui pousse un caddie dans les allées des non-lieux de le (post-)modernité, après une semaine de travail dans un "open-space"...Elle ne répond à rien, détruit, ne construit pas dans la mesure où elle ne suit (ou n'est guidée par) aucun plan supérieur, transcendant lié à une méta-histoire. L'homme moderne ou post-moderne s'illustre aussi à merveille à travers trois figures parmi d'autres : celle du "fan,", du militant politique, ou du "supporter" d'équipe sportive, trois comportements, trois façons qui s'offrent à lui d'être un parfait imbécile qui se noie dans la matière, dans ce que l'on appelle, in fine le "quotidien". Mais on pourra toujours voir, avec un peu d'effort, dans ces trois cas de figures des comportements mythiques dans une existence moderne...une volonté de sortir du temps profane de la modernité pour entrer dans un temps mythique...

 Il faut, bien sûr, ne pas confondre cette critique de la modernité -puisqu'elle est antipolitique et n'est pas uniquement "nostalgique" d'un temps historique révolu- avec les pathétiques "petites réactions" bourgeoises qu'on retrouve ici et là de nos jours en France par exemple : celles des faiseurs d'opinions à la  Finkielkraut, Zemmour ou encore celles des vulgaires "revanchards" lepenistes,et autres épiciers du "mécontentement plébéien" qui appartiennent toutes à la modernité. C'est peu de le dire... Cette critique n'est pas, systématiquement, non plus une critique du "progrès". Elle existe aussi (ou surtout) pour pointer du doigt les scories du "progrès". Disons qu'elle est bien plus une critique du "développement" que du "progrès".

En outre, cette critique peut fort bien être autant chrétienne, musulmane, bouddhiste, hindouiste (l'hindouisme est numériquement le plus grand paganisme) que "païenne"(1)  (mais faut-il accorder crédit aux montages païens post-modernes?) ou a-religieuse si on en reste strictement aux quelques remarques du présent billet. La véritable pensée traditionnelle qui s'oppose donc à la pensée moderne est une et multiple. Elle prend de nombreuses formes mais est fondamentalement unique. Elle s'adapte ou s'est adaptée à des contextes historiques ou des structures mentales particulières à un moment donné. Nulle question ici de retour du même, d'indifférenciation donc. Au contraire, c'est bien la différence entre moi et l'autre qui permet l'existence de pensées traditionnelles. Autrement dit, nous sommes très éloignés ici des grands projets unificateurs de la post-modernité, telle l'idéologie mondialiste.

(1) au-delà de l'hindouisme, les formes de paganismes vivants présents à la surface de la terre sont trop nombreux pour être citées ici.















lundi 23 septembre 2013

Le paysan roumain, homme religieux




"Tu viens et tu nous dis: vous êtes les derniers paysans en Europe/au monde, vous devez disparaître. Moi, je te dis: pourquoi ne serait-ce pas toi le dernier con au monde et que ce serait à toi et non à moi de disparaître ?" (traduction libre, vidéo)


Le paysan (pas l'agriculteur moderne areligieux (1) et "destructeur") roumain (2), homme religieux, en solidarité mystique avec les rythmes cosmiques, croit au Christ Pantocrator qui descend sur terre (3) pour rendre visite aux paysans. Une croyance qui renvoie à un christianisme cosmique (christianisme populaire) et dominée par la nostalgie d'une nature sanctifiée par la présence de Jésus-Christ. Le paysan est "homme véritable" car il se conforme à l'enseignement des mythes (mythos, c'est la parole vraie), à des modèles exemplaires venant de ses ou de son dieu. Il est, à la fois, allié et auxiliaire de Dieu car c'est un créateur. En effet, en prenant possession d'un lieu, il transforme le chaos en cosmos. Il participe à l'instauration d'un ordre cosmique. Il faut donc bannir l'idée selon laquelle l'homo religiosus fuirait l'histoire en cherchant un refuge dans le sacré, le "religieux mythique". Au contraire, il s'y implique pleinement en combattant, sans cesse, par la ritualisation, notamment, des "forces" du chaos qui peuvent condamner son monde. Tout cela suppose que pour le paysan-religieux, le temps et l'espace sont forcément hétérogènes. Pour lui, il existe donc un Temps sacré, mythique et réversible d'une part et un temps profane, ordinaire, historique et irréversible d'autre part. L'homme religieux fait aussi l'expérience et a conscience de l'existence  d'espaces de "qualités" différentes, autrement dit d'un espace fait de ruptures : l'espace sacré et réel et l'espace profane, irréel, "amorphe" et chaotique, quotidien, où l'homme subit des "obligations". Le paysan cherche à retrouver ou réintégrer l'aurore cosmogonique, c'est-à-dire qu'il réactualise un événement s'étant déroulé in illo tempore en construisant sa maison par exemple. Celle-ci est conforme à un prototype céleste ou cosmique. L'espace profane qui n'était que chaos devient, par incidence, un espace sacré et centre du monde. L'homme religieux crée ainsi son propre monde et en veillant à la survie de celui-ci, il assure la sienne. 

Que l'on compare simplement le rôle assigné à une habitation moderne selon le furieux techniciste Le Corbusier et son '"habitat fonctionnel" et concentrationnaire (4) ou selon n''importe quel architecte-urbaniste qui doit obligatoirement satisfaire à la "nécessité capitaliste" moderne, avec celui dédié à une demeure selon l'homo religiosus et on comprendra ce qui différencie une existence moderne d'une existence traditionnelle

Or donc, à travers ces croyances et surtout cette Weltanschauung ou vision du monde, on peut identifier une révolte passive du paysan donc de l'homme religieux  contre les agressions de l'histoire, les guerres, les invasions (5) les dominations imposées par différents "maîtres". L'histoire -le temps irréversible- est la plus grande menace pour l'homme religieux dont les derniers paysans roumains authentiques présentent, encore de nos jours, quelques unes de ses qualités. En s'inscrivant dans une perspective cosmique, les sociétés paysannes ou agricoles traditionnelles d'Europe centrale et orientale (pacifiques la plupart du temps) se révoltent (ou se révoltaient...) alors contre une histoire tragique et injuste... Elles luttent contre le temps historique destructeur et cherchent à contrer son irreversibilité.

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(1) Même si l'homme fondamentalement a-religieux, donc moderne ou post-moderne est rare, peut-être introuvable, il se différencie de "l'homme religieux authentique conscient" de part son absence de solidarité avec la nature et le cosmos. 

Plus l'homme est religieux, plus il a de modèles exemplaires inspirés des dieux, moins il l'est, moins il possède de ces modèles, plus la place du "profane" est grande et plus ses activités deviennent "aberrantes" puisque ces dernières ne correspondent à aucun modèle transhumain. Le passage d'une vision traditionnelle ou archaïque du monde à une vision  moderne désacralisée est donc une effroyable dégradation du sens de l'existence humaine...

En outre, qu'on ne confonde surtout pas le moderne (agriculteur ou non) installé à la "campagne" (on ne discutera pas du terme employé) qui vit dans un monde désacralisé avec le paysan des dernières communautés agro-pastorales traditionnelles est-européennes...

(2) Ce n'est évidemment plus le type dominant, même en Roumanie et en Europe centrale et orientale plus généralement.

(3) Il s'agit là de la hiérophanie suprême, le dieu qui se fait homme et s’incarne de fait dans l'histoire. Se référer à (toute) l’œuvre d'Eliade : "Aspects du mythe", "Le sacré et le profane", "La nostalgie des origines", "Le mythe de l'éternel retour", "Mythes, rêves et mystères", etc.

(4) les "utopies" actuelles, certes moins ambitieuses mais tout aussi "involuées",  telles la "ville durable"/normes HQE, etc. appartiennent au même "inconscient moderniste" anti-traditionnaliste.

(5)  à ce propos les pays roumains, de par leur position au sein de l'espace eurasiatique, ont constamment eu à subir les agressions des différents empires voisins (ottoman, russe, austro-hongrois puis soviétique) mais aussi celles des mouvements migratoires de différents peuples  (Mongols, Slaves, Tatars...) et aujourd'hui celles de l'impérialisme occidentiste (capitalisme-démocratie-communisme) ou occidentaliste/atlantiste (euro-étasunien).