: Jean-Michel Lemonnier, bloc-notes

mardi 13 mai 2014

Le cosmos eurasiste contre le chaos euroccidental

Le passage du chaos au cosmos...L'espace profane devient espace sacré selon la dialectique de l'hiérophanie...

La Russie byzantine, d'essence "socialiste" (1) et "traditionnelle", voici précisément ce qui révulse l’Euroccident qui meurt de son provincialisme narcissique, nombriliste et suicidaire. La haine de l'altérité, la détestation de tout ce qui refuse le néo-totalitarisme de la pensée unique postmoderne et la défense d'un pseudo-pluralisme des valeurs qui cache, au vrai, une seule et unique fascination pour "le même", voilà la raison d'être de toutes les campagnes de calomnies actuelles dirigées contre la Russie, des gauchistes hargneux aux libéraux-libertaires-sécuritaires qui, malgré leurs appels incantatoires insupportablement hypocrites à la tolérance et aux droits de l’homme, sont, en réalité, uniquement préoccupés par les droits de leur queue.


On évoquera, peu longuement, tous les pseudo-soutiens marxisants à la Russie qui ne peuvent guère considérer celle-ci que comme un ancien laboratoire d’un socialisme (dégénéré) et qui n’envisagent pour elle qu’un destin au sein d’une néo-URSS aberrament "athée", avec son nouvel "homme nouveau" qui ne serait qu'un homo sovieticus à peine "cosmétisé" ; un être, on le sait, guère différent du consommateur-aliéné du monde capitaliste. Autrement dit, le projet de ces gens : changer de mode de production pour tenter de remplir les "frigos" différemment avec toute la réussite que l'on sait...



Pour la Russie (et les partisans d'un certain projet géopolitique Eurasiste) il s’agit, aujourd'hui et plus que jamais, d’un combat contre la "catastrophe anthropologique" euroccidentale et contre la dissolution de la culture russe, plus globalement eurasiatique, dans une bouillie globaliste. Nulle question d’éliminer un "foyer infectieux" mais bien plutôt de refuser une "contamination" ou de la circonscrire (limiter dans un premier temps la puissance de l'aristocratie d'argent, de l'oligarcho-capitalisme et la sous-culture anglo-saxonne postmoderne invasive et nihiliste...)



A l'attention des menteurs qui dénoncent une supposée islamophobie russe (cf. Tchétchénie), la doctrine néo-eurasiste qui guide (et sans doute pas autant que certains voudraient nous le faire croire) l'action du dirigeant russe actuel appréhende l'islam sans aucune condescendance ni démagogie (Non à la charia ! Non à la déstabilisation wahabo-étasunienne du Caucase !). La culture, la religion musulmane ont, pour autant, leur place au sein d'un bloc continental eurasiatiatique formé d'un ensemble culturel organique, tout autant que les bouddhistes, les chamans sibériens, les chrétiens catholiques enfin débarrassés de leurs lépreuses mondanités spirituelles ou...les athées (sans que ces derniers puissent "mener le jeu"), etc.



Le laïcisme haineux des nécrothéologiens associé aux Bible and business évangéliques, s'illustrant à merveille à travers l'alliance du pornographe et du puritain, est une des composantes idéologiques de cet impérialisme euroccidental hétéroclite qui heurte évidemment la conception byzantine de l'Etat russe, les valeurs de l'orthodoxie chrétienne et la mentalité "socialiste" de l'homme archaïque (qui n'a heureusement (?) jamais lu une seule ligne de l'œuvre de Marx) héritier des vieilles communautés paysannes pacifiques eurasiennes dont il ne reste (quasiment) plus rien en Europe occidentale.


Au-delà de la Russie, c'est l'eurasisme en tant que doctrine (ou doctrines) qui est visée, consciemment ou non, par ces sycophantes.



Il existe différentes définitions/conceptions de l'Eurasie. Outre l'approche par la géographie physique (plaque tectonique eurasiatique) (2), ce qui nous intéresse c'est un projet (géo-)politique eurasiste particulier. Celui qui permettrait de considérer la doctrine eurasiste russo-centrée pour la dépasser (notamment l'idée de continent intermédiaire) et permettre d'inclure l'ensemble des nations d'Europe dans un grand ensemble continental solidaire. Le pantouranisme, le néo-ottomanisme (mais non pas, forcément, tous les Etats concernés par la doctrine) et autres formes d'irrédentismes, n'ont, pas contre, rien à apporter à ce projet, sinon la division.
L'eurasisme est un sentiment, une expérience, théorisés (ou en voie de théorisation), en une "synthèse patriotique" des grands espaces, des vieilles terres du Grand continent, centre cosmo-géographique de la Foi (multiple), bienveillant à l'égard de toutes les cultures ancestrales qui respectent l'homme.

L'eurasisme arrache le masque "libéral" de la fausse tolérance et des arrières-pensées hypocrites qui l'accompagnent et ouvre un dialogue frontal, entre "visions du monde sophistiquées" pour repousser la violence aveugle due aux incompréhensions culturelles et au laisser-faire démagogique. Il va autant à l'encontre du chauvinisme des "Bidochons" politiquement analphabètes et philosophiquement "demeurés" à la remorque de l'"identitarisme" binaire et de son catholicisme de patronnage, que des valeurs de l'Euroccident de l'existence hors-sol, en phase d'autodissolution qui tentent de finir d'éteindre la vieille conscience révolutionnaire anti-marchande des peuples.

Très concrètement sur le plan géostratégique, l'Empire militaro-marchand qui a le plus grand mépris pour ces vieilles nations européennes, et notamment envers celles des ex-démocraties populaires (polonaise, tchèque, roumaine, bulgare...) se sert du très fort ressentiment anti-russe et de la composante politique victimaire ("Tout est de la faute des grands empires voisins !") (3) présents dans ces denières pour installer, depuis 25 ans, à la fois des bases militaires avancées dans l'objectif d'encercler la Russie mais aussi de nouveaux (super-)marchés et faire obstacle, de fait, à la "grande réconciliation" eurasiste. 

A la bêtise crasse du "réalisme socialiste" catagogique ont succédé les rêves creux de pseudo-émancipations individuelles propres à l'imaginaire capitaliste dont la figure anthropologique caractéristique moyenne est le bon petit bourgeois "frileux". Pour le moment, encore illusionnés par le mirage de promesses d'enrichissement et d'épanouissement personnels, l'Euroamérique est perçue comme une "libératrice" par ces peuples, mais le réveil risque d'être effroyablement difficile...On observe, cependant, déjà ici et là, des signes d'une immense amertume...Reste à savoir à quoi servira cette dernière...

 L'appel de l'Eurasie (ou d'une Eurasie) en tant que projet émancipateur, toujours en construction contre le sectarisme des idéologues de tout poil, finira par se faire entendre pleinement dans tout cet espace allant des rives de l'Atlantique (et encore plus loin à l'ouest) à la péninsule du Kamtchatka, chez tous ceux qui refusent cette dynamique ethnocidaire et matérialiste imposée par le monde de la raison marchande qui transforme l'être humain en estomac, en un porc libidineux, arrogant, manipulateur et procédurier, dissimulant sa trouille abyssale de la mort et de sa possible néantisation derrière le ricanement et un faux détachement cynique...Un post-humain qui ne peut guère considérer le monde que comme un gigantesque (super-)marché, un terrain de jeux, voire un immense "bordel"...

La croix, Arbre de vie qui rejoint les différents niveaux cosmiques, alliance du Ciel et de la terre, son centre est le cœur du monde...
Mais le passage du chaos au cosmos est possible. Et, seuls le réveil des "dieux" endormis et la réactivation des figures archétypales logées au centre de sa conscience permettra à l'homme privé, de longue date, de ses racines terriennes et spirituelles de naître à nouveau au monde et de jouir d'une liberté retrouvée. C. G. Jung considérait que les catastrophes historiques atroces du XXe s. ont eu pour cause première une "stérilisation de la psyché" de l'homme moderne...En l'état actuel des choses, celles du XXIe s. auront, sans doute, la même origine... 



L'Eurasie c'est donc la tellurocratie, le cœur d'un monde régénéré, le foyer d'un "socialisme" anti-économiste et anti-utilitariste, tellurique et cosmique, centre d'une "hiérogamie" et qui plus encore, sans doute (entorse véritable au discours de certains théoriciens de l'eurasisme/eurasie ?), révèle une nostalgie des sociétés d'avant l’État, de l'ordre sans le pouvoir, s'opposant radicalement à la thalassocratie matérialiste anglo-américaine et au modèle de l'homme aliéné, standardisé et servile et qui, pourtant, se prétend libre...

Au bord de l'abîme nous sommes face à un choix : participer chacun, même très modestement, à l'émergence de la plénitude de l'homme au sein d'un cosmos eurasiste ou collaborer au triomphe du chaos euroccidental...



(1) Le terme est polysémique et le lecteur averti évitera toute confusion malheureuse...
(2) L'Eurasie correspondant à la plaque eurasiatique des géologues est beaucoup trop vaste. L'Eurasie politique serait plus restreinte et obligerait à une cohabitation avec des voisins bienveillants. Cependant, connaître l'Eurasie à la fois comme milieu(x) (biogéographie) et espace produit par l'homme est fondamental puisque le projet géopolitique du même nom prend appui sur la conscience d'appartenir à une terre, à un environnement particulier et sur l'attachement à des lieux...
(3) Jamais celle des différents dirigeants du pays ?...

Publié sur Agoravox le 13 mai 2014, auteur Jean-Michel Lemonnier  :




dimanche 4 mai 2014

Massacre d'Odessa..."L'Europe c'est la paix !" (1) et le stade ultime du pourrissement intellectuel





Pour ce qui concerne le récent massacre d'Odessa, d'une sauvagerie inouïe, alors qu'il s'agit d'un crime de guerre (des personnes sans aucun moyen pour se défendre, enfermées dans un bâtiment que l'on a incendié),  la presse occidentale (française ici, autant dire atlantiste et collaborationniste) se contente de titrer avec détachement et une neutralité parfaitement cynique : "Des dizaines de morts lors d'affrontements à Odessa" (Le Figaro), "31 morts à Odessa en marge des affrontements" (Libération). Et la presse française aux ordres de Kiev-Washington de déverser son flot de conneries autorisées et obligatoires, donc : 

Totalement DEMENT, le confusionnisme, le cynisme et le mensonge partout !

Pourtant, la réalité c'est celle-ci. Une horreur sans nom :
Acculés dans la Maison des Syndicats, 46 manifestants russes (NDA : ou Ukrainiens contre la junte de Kiev) ont été asphyxiés ou brûlés vifs par la milice du parti « Pravyi Sektor », membre du Gouvernement, appuyés par des bandes de hooligans venus en renfort. « Bravo ! Que les diables rôtissent en Enfer », s’est exclamée sur Facebook une députée et porte-parole du parti « Svoboda », membre de l’Exécutif au pouvoir depuis la chute de Viktor Ianoukovitch.



Quelques jours auparavant :

Yulia Izotova, une infirmière de 21 an a été tuée hier par la garde nationale ukrainienne (pravy sektor) à Kramatorsk, République de Donetsk (est de l’Ukraine ancienne).


Voilà le résultat de la collaboration EUA-UE-OTAN, des milices privées de l’anglosphère, du pouvoir à Kiev et des porcs hooligans néo-nazis, supporters de foot abreuvés de haine et de mauvaise bière (comme dirait -presque- l'autre),  issus du lumpenprolétariat ukrainien...
Enfin, une vidéo réalisée par tous ces ridicules du show-business...."L'Europe" (1) c'est la paix (ne pas vomir) :


(1) Lire et entendre "union européenne" évidemment. Ici encore, la confusion constante entre le supermarché européen, l'union des marchands, la zone de libre-échange sous influence anglo-américano protestante et la véritable Europe (l'Eurasie) des peuples qui viendra...

(2)Rectif. du 5 mai : plus de 100 morts à ce jour, peut-être plus...http://ersieesist.livejournal.com/813.html

Ici sur un autre sujet, le crétinisme en phase terminale de certains journaleux. Marianne épingle Le Point.



VOIR AUSSI :
http://jeanmichel-lemonnier.blogspot.fr/p/geopolitique.html


AJOUT du 7 mai 2014 :
http://www.alterinfo.net/CE-QUE-KIEV-CACHE-SUR-LE-MASSACRE-D-ODESSA-_a102296.html

http://reseauinternational.net/odessa-un-simulacre-dincendie-pour-couvrir-lexecution-dun-des-plus-atroces-massacres-jamais-vus/



samedi 29 mars 2014

Chateaubriand, Haute-Bretagne, croix de saint Michel-Belenos...et autres sites sacrés (III) Champ Dolent, Mont-Dol, fontaine saint Samson, Cathédrale de Dol de Bretagne, Brocéliande et...Jésus-Christ


Crédit : JM Lemonnier, 2014
                                                                   
Géographie mégalithique, croix de Belenos-st Michel, le pays de Dol et le légendaire arthurien : forêt Brocéliande selon une antique localisation...


Menhir du Champ-Dolent 

Site, situation, caractéristiques de l'objet, légendes locales. 
Annotations de l'auteur du présent blogue sur document numérisé de Paul Bézier, 1883.

Ces récits semblent avoir été assez bien connus localement, autrefois, autrement dit jusqu'à la période d'après-guerre et avant les bouleversements socio-spatiaux liés à l'exode rural post-1945 (fin de l'"autochtonie" et "mort du paysan") puis l'exode urbain post-1975 (périurbanisation et arrivée des néo-ruraux ou rurbains).

                                         
                                      
Annotations de l'auteur du présent blogue

Crédit : JM Lemonnier, 2014
Crédit : JM Lemonnier, 2014


Crédit : JM Lemonnier, 2014


Fontaine Saint-Samson
Inscription : "Fontaine/ saint Samson, évêque fondateur de Dol au VIe s. Il vint en ce lieu en 548"

Crédit : JM Lemonnier, 2014


Crédit : JM Lemonnier, 2014


Crédit : JM Lemonnier, 2014

.
Cathédrale de Dol, siège de l'antique évêché de Dol de Bretagne dont la fondation "mythique" est attribuée à saint Samson (Fin Ve s.-565) venu du Pays de Galles. La Bretagne comptait 9 évêchés confondus avec les pays historiques (à différencier avec les pays traditionnels). Le diocèse de Dol disparaît en 1801.
C'est de la Vita prima sancti Samsonis, document fondamental de l'historiographie bretonne datant du Haut Moyen Âge que nous parvient l'essentiel des connaissances concernant  la vie du saint abbé-évêque, personnage central du christianisme breton, mais aussi de précieuses informations sur l'émigration bretonne et la Domnonée. Le document, datant vraisemblablement au VIIe s, a ceci de particulier qu'il fut rédigé par un cousin du saint c'est-à-dire un proche de l'évêque. Chose rare qui permet de considérer les informations présentes dans le document comme fiables au-delà des "ornementations fabuleuses" mythico-légendaires présentes dans le récit. Deux autres"Vie de saint Samson" ont été rédigées tardivement. De nombreux  commentaires d'historiens ayant travaillé sur le sujet sont accessibles au profane. On voudra bien s'y reporter.

Présence et représentations de la Domnonée et de la Cornouaille de part et d’autre de la Manche. D’après les Vies de saints et les listes généalogiques médiévales. Bernard Merdrignac http://abpo.revues.org/1842

Sur G. Scholar :



Crédit : JM Lemonnier, 2014


Nef de la cathédrale

Crédit : JM Lemonnier, 2014

Autel de saint Samson

Crédit : JM Lemonnier, 2014

Quels liens entre les sites pagano-chrétiens du Mont-Saint-Michel, du Mont-Dol, de la cathédrale de Dol, de la fontaine de saint Samson et du menhir du Champ-Dolent ? Le Mont-Dol, la cathédrale de Dol forme une droite qui croise une autre ligne partant du Mt-St-Michel   . Ces deux lignes se croisent au lieu de la fontaine sacrée de St-Samson située à Carfantin (Kerfeunten soit le "village de la fontaine" en breton)  au sud-est de Dol. Entre outre, la cathédrale de Dol a été construite sur une autre source sacrée...Le Menhir du Champ Dolent, quant à lui, localisé à proximité de la fontaine Saint-Samson ne rentrerait pas dans un quelconque alignement inclus dans un complexe géométrique sacré. De plus, les hypothèses prétendant expliquer la raison de la présence de cette pierre dressée extraite du massif granitique de Bonnemain et transportée sur plusieurs kilomètres ne sont guère satisfaisantes...A voir...

Voir : Géographie des granites de la péninsule bretonne



Notes JM Lemonnier, 2002
On évoquera, également, le Mont-Garrot à proximité du Mont-Dol.  Le Mont Garrot près de Saint-Suliac (Ille et Vilaine), lui aussi tombe de Gargantua comme le Mont-St-Michel (la "dent de Gargantua" du Mont-Garrot est un menhir) et sur lequel saint Suliac, un Gallois (cf. émigration bretonne) mais qui n'est pas un des 7 saints fondateurs de Bretagne contrairement à saint Samson, combattit un dragon. Le Mont-Garrot est rarement sinon jamais mentionné à notre connaissance dans les différents écrits spéculatifs concernant les théories faisant du nord de l'Ille et Vilaine (l'arrière pays du Mont consacré à Michel-Belenos) un complexe mégalithico-pagano-chrétien lié à un système zodiaco-géométrique sacré. En outre, le Mont-Garrot semble avoir été un site mégalithique exceptionnel dans cette zone nord-est de l'Armorique (3 menhirs et 3 dolmens dont 1 allée couverte). L'occupation du site est, cependant antérieure au néolithique et  remonte au LXXe millénaire avant J-C, c'est-à-dire à la fin du paléolithique moyen.

A voir donc, les liens entre le Mont-Dol, Dol-de-Bretagne, la fontaine et le Mont-Saint-Michel...Plus généralement, entre l'ensemble des sites mégalithiques-paléochrétiens, chrétiens, lieux de combats mythiques (ou légendaires, cela dépend pour qui...) entre un saint et/ou l'archange Michel et Satan...et les liens éventuels (jamais démontrés) entre l'ensemble de ces sites et le Mont-Garrot...



Photographies :  J-M Lemonnier


ARTICLES LIES :

lundi 17 mars 2014

Quelques mots sur l'histoire de la Roumanie durant la seconde guerre mondiale : tragédies et lâchetés diverses


"La Roumanie a une contribution insigne à la fin de la guerre" (Radio New-York, 18 septembre 1944)

Le passage de la Roumanie dans le camp des alliés "a produit un renversement du front extrêmement dangereux qui ménerait non seulement à la perte de La Roumanie mais aussi à celle de la Bulgarie, de la Yougoslavie et de la Grèce, mettant en danger toute l'armée allemande des Balkans" d'après Keitel et Guderian, maréchaux allemands dans un rapport envoyé à Hitler

Et pourtant...

Malgré ce fait historique décisif évident, la Roumanie n'a pas été "récompensée" par les vainqueurs de la seconde guerre mondiale. En réalité, elle aura été constamment manipulée par les grandes puissances de la fin des années 30 jusqu'à l'invasion soviétique à la fin de la guerre. 

Carol II et sa camarilla laisseront faire les nazis et les soviétiques qui dépècent la Roumanie en 1940. Hitler impose le diktat de Vienne et oblige la Roumanie à revoir ses frontières de 1918-1920 (Union et Traité de Trianon) également avec la Bulgarie et la Hongrie. La Roumanie est parfaitement isolée après la défaite française de 1940, totalement impuissante face aux visées irrédentistes de ses voisins. 

Le Roi Carol II finit par laisser sa place (il ne prononcera jamais le mot abdication) à son fils Michel Ier sur ordre du Maréchal Antonescu (1), héros de la première guerre (le "Pétain roumain") qui crée l'Etat national-légionnaire en formant une coalition éphémère avec la Garde de Fer (2) ou mouvement légionnaire du défunt Codreanu assassiné en 1938 sous le règne de... Carol II. Hitler fait miroiter à Antonescu -qui n'adhère pas au nazisme rappelons-le-  la récupération des territoires perdus et lui laisse administrer la Transnistrie (pas d'annexion roumaine).

Guerre sainte contre le bolchévisme, timbre roumain de 1941
Or donc, du pacte Molotov-Ribbentrop à l'accord Churchill-Staline en 1944, le bilan est catastrophique sur plusieurs points. La Grande Roumanie (2) (la Roumanie intégre ou complète) disparaît, laissant la place à une Roumanie amputée de la Bessarabie et de la Bucovine, soit une perte territoriale d'environ 58000 km2.  
La coût humain de la guerre est monstrueux : presque 800000 morts. L' économie du pays est ruinée, ses ressources naturelles dévastées et, cette Roumanie qui rejoint pourtant le camp allié à la fin de la guerre est dans  l'obligation d'entretenir l'armée d'occupation soviétique et de payer des réparations aux vainqueurs. De plus, l'URRS se servira de la chair des soldats roumains en les envoyant au front exposés en première ligne contre les Allemands après 1944. Et encore, la Roumanie devra fournir 100000 ouvriers à l'URSS, des Saxons ou des Souabes, i.e. principalement la minorité allemande de Roumanie/Transylvanie. Ils seront déportés en Sibérie qui sera un tombeau pour beaucoup...

Et ce, malgré les tentatives du roi Michel Ier (Roi "sous tutelle" de 1927 à 1930 puis en septembre 1940 alors qu'il n'a que 19 ans) d'apaiser les souffrances de son peuple en engageant des négociations avec  les Alliés pour obtenir une capitulation "exclusive" face aux Anglo-étasuniens et en déclarant la guerre aux puissances de l'axe le 23 août 1944 (cf. infra Dialogue entre Antonescu et le Roi) une fois Antonescu destitué. En vain, la Roumanie est aux mains des Soviétiques en 1944. La "Grande Roumanie", tellement prometteuse sur le plan culturel notamment (voir la période l'entre-deux-guerres) et promise à devenir une puissance européenne importante devra subir une soviétisation-satellisation forcée...au moins jusqu'au règne du francophile Ceausescu qui tentera de réhabiliter des figures importantes de la scène culturelle roumaine et mondiale  et faire "rentrer au pays" certaines d'entre elles (en vain...)...Enfin, faut-il rappeler que le P.C.R. accueillit en son sein de nombreux fascistes roumains après accords passés avec Ana Pauker ministre communiste juive orthodoxe ? Une Ana Pauker accusée ensuite de "déviance dextriste" (!) et "excommuniée" lors du tournant antisémite des partis staliniens au début des années 1950. 



(1) En "Occident", le conducator est, la plupart du temps, perçu comme un fasciste, antisémite virulent. En Roumanie, le regard porté sur ce personnage diverge sensiblement de cette vision...La preuve avec cettte série d'articles  récents publiés dans une revue roumaine d'histoire... Lien vers : Ion Antonescu, fut-il un héros ? Impensable que des historiens français puissent, simplement, poser la même question au sujet de Philippe Pétain...
(2) Le programme politique et disons la "vision du monde" des membres de la Légion de l'archange saint Michel de Codreanu n'avait, in fine, que peu à voir avec le gouvernement de soudards de Ion Antonescu qui ne fut à tout dire  qu'un opportuniste 
(3) Le Traité de Trianon en 1920 officialise l'Union de tous les pays roumains. Le géographe français Emmanuel de Martonne sera chargé du traçage des frontières du Royaume