: Jean-Michel Lemonnier, bloc-notes

samedi 23 mai 2015

Ascension : explications, implications, symbolisme (religions archaïques, christianisme), 21 mai 2015 - orthodoxie

"Le Christ s'est Élevé !", "En vérité, Il s'est Élevé !"
Lire Luc (XXIV, 36-53) : "Tandis qu’il [...] bénissait [les disciples ] , il fut emporté au ciel".

Quarante jours après Pâques, le Christ quitte définitivement le monde terrestre, le monde sensible mais il promet aux apôtres la venue de l'Esprit saint. Ce sera La Pentecôte. L'Ascension c'est aussi l'annonce du futur retour de Jésus-Christ sur Terre et la garantie pour les croyants ("élus") de trouver une place aux côtés du Christ à la droite du Père. Selon la tradition chrétienne, Jésus-Christ n'est pas le seul à monter au Ciel. L'Assomption de la Vierge Marie (fêtée le 15 août) est un autre exemple remarquable d'élévation. Celle-ci conserve son corps physique non corrompu qui est  ascensionné. L'ancien testament mentionne qu'Hénoch et Elie sont emportés au Ciel dans un char de feu. Selon la légende dorée, Jean et André, "le premier appelé" par Jésus, montent également au Ciel dans un nuage de lumière. Il s'agit dans tous les cas d'une élévation vers un autre niveau "cosmique", spirituel. 

Le régime existentiel des ces êtres est bouleversé. Leur vie terrestre irréprochable les conduit à accéder aux plus hautes sphères ou "galaxies" du monde divin ; Jésus se situant évidemment sur un  plan supérieur à celui de tous les autres ascensionnés dans l'espace suprahumain. Son espace est celui de la plus haute "qualité". 
Après avoir accepté cet acte de suprême humilité, cette "chute" dans la matière, à savoir vivre la condition des hommes, après avoir été rabaissé, ayant subi toutes les humiliations, martyrisé, crucifié, Jésus descendu dans les profondeurs des ténèbres s'élève au-dessus de tous. L'ascension est ainsi l'acmé d'un processus qui débute dès l'Incarnation dans la chair. On pourrait cependant discuter de cette idée du Dieu fait homme qui trôneraît au-dessus de toute l'humanité, car, chez les orthodoxes il est clairement dit que : "Dieu s'est fait homme pour que l'homme se fasse Dieu à son tour"...Aussi, chaque chrétien est invité à imiter Jésus-Christ et non pas à "se prendre pour Dieu ou un dieu" (et cela dans une prespective narcissique, égotique) mais bien au contraire à effectuer une métanoia, une renovatio totale de son propre être et accéder à un mode d'être supérieur, au mode d'être "suprême", à une condition "toute autre"... 

Ajoutons que par la récitation de cette phrase "Notre Père qui êtes aux Cieux" (inclus dans une des principales prières chrétiennes), le fidèle répète la parole la plus fréquemment prononcée parmi la communauté des chrétiens. Le "Notre Père", prière chrétienne qui mentionne pourtant  un des grands motifs archétypaux qu'on retrouve dans nombre de traditions religieuses antérieures au christianisme : le Ciel, les cieux, le monde céleste ou bien encore le monde des "ancêtres". 
Par ailleurs, l'élévation au Ciel ou la descente aux Enfers peuplent les mythes européens ou extra-européens, archaïques (chamanisme) ou plus récents. Parmi les figures qui permettent d’accéder à ces espaces suprahamains ou ces sur-mondes on trouve le "pilier cosmique" qui est centre du monde, souvent représenté par un poteau, un arbre. Ceux-ci peuvent être considérés à la fois comme des médiateurs entre l'humanité, i.e. le monde terrestre et le monde divin, céleste, ou comme l'incarnation ou la représentation du dieu. Dans les sociétés archaïques, ce sont des êtres célestes qui escaladent le "pilier" pour transmettre, les messages des hommes, au(x) dieu(x) ou bien à un ancêtre mythique. Un aïeul mythique qui, en outre, a fourni, à la communauté, des gestes archétypaux, des modèles exemplaires, les seuls qui soient authentiques car sacrés donc vrais et qui régissent donc la vie de la tribu. 
Le poteau, l'arbre sacré s'inscrivent dans un système de croyances complexes incluant des rites initiations. L'escalade du "poteau" permet au novice, parfois au "prêtre", une fois arrivé au sommet de communiquer avec le monde supraterrestre. L'ascensionné prie et reçoit alors des visions, des révélations. L'ascension est un des moyens les plus anciens permettant de communiquer avec "l'autre monde". Le chaman, l'homme-médecine, êtres de la "qualité" aux comportements extra-ordinaires, et  qui  sont en mesure à s'élever au Ciel par l'extase sont des modèles parfaits de l'homme religieux que doit imiter le novice dans le cadre des rites initiatiques. L'escalade ou l'ascension (concrètement ou en esprit, symboliquement) par le biais du pilier cosmique (ou sa représentation concrète), qui relie les différents niveaux spirituels, permet d’accéder à des espaces de qualités différentes, et de fait, de modifier son statut ontologique, d'effectuer une transmutation de son mode d'être au monde. 



"Hristos s-a înălţat!" 


jeudi 21 mai 2015

Constantin le Grand et sa mère Hélène, saints protecteurs de la chrétienté et égaux aux apôtres - 21 mai 2015

La vénération de Constantin le Grand, "Apôtre du seigneur parmi les rois" et de sa mère Hélène, est très grande dans l'Eglise chrétienne orthodoxe. Elle confirme la dimension eschatologique de l'Eglise, soit, le Temps venu, le second avènement de Jésus-Christ, le jugement dernier et le Salut. Le symbole de la gloire de l'Empire romain-constantinien (par Constantin, Byzance devient la "nouvelle Rome")  est la promesse de la gloire prochaine du Royaume de Dieu. L’apôtre Paul écrit : « Le royaume de Dieu n’est pas manger et boire, mais justice, et paix, et joie dans l’Esprit Saint» (Rom. 14:17). Il ne s'agit donc pas, à travers la vénération de ces saints, Constantin et Hélène, personnes centrales dans l'histoire de la chrétienté, du développement du christianisme (la conversion de Constantin païen monothéiste au christianisme est fondamentale, cf. le récit mythistorique de sa conversion en 312, son baptême se fera, sans doute, sur son lit de mort) d'espérer un retour d'un l'empire terrestre mais d'être dans l'attente de la gloire du Royaume de Dieu, par la contemplation, la méditation, autrement dit la prière. 
Précisons que l'idée répandue selon laquelle les "morts", parmi eux les saints (morts physiquement) "dormiraient" dans l'attente du jugement dernier a peu de sens. Ils sont bien vivants mais dans une autre dimension, dans le monde suprahumain, au-delà du monde sensible. En effet, s'ils dormaient comment pourraient-ils "intercéder", porter assistance aux vivants (terrestres). Leur vie sur terre est achevée mais ils naissent au Ciel. 
Ajoutons que la mort, dans les sociétés traditionnelles (chrétiennes ou non) est considérée comme l'initiation suprême.


libre de droits

Liens :
Sfintii Constantin si Elena
SFANTUL CONSTANTIN CEL MARE si SFANTA SA MAMA, ELENA, Imparatii “de Dumnezeu incununati”. Predici audio si video. Viata si politica religioasa a Sfantului Imparat. CE RAMANE ASTAZI DIN MOSTENIREA CONSTANTINIANA?
Constantin cel Mare si crestinismul

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Roumanie : Le 23 avril, jour de la Saint-Georges, la saison des strigoi -qui débute à la Saint-André le 30 novembre- s'est achevée...
VOIR ICI sur ce blogue : http://jeanmichel-lemonnier.blogspot.fr/2014/11/saint-andre-30-novembre-la-saison-des.html
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Le mois de mai est le mois de Marie. Ci-dessous, icöne très rare de la Théotokos portant son fils dans son ventre :


source non identifiée

dimanche 12 avril 2015

Bloodgood - Out Of The Darkness (1989)


Entrons dans la Lumière du Christ ressuscité !

Christ est ressuscité !


C'est vrai, il est ressuscité !

Jésus ressuscite comme "le premier-Né d'entre les morts" (Saint Paul, Colossiens).

Après la Cène, anticipation du "banquet messianique" (et institution de l'eucharistie), la Passion, la mort par crucifixion, la descente aux enfers (motif mythologique antérieur au christianisme bien connu par ailleurs) et la libération des âmes séjournant dans le limbe des patriarches (sein d'Abraham, la demeure des justes) qui peuvent enfin accéder au Paradis, Jésus-Christ ressuscite d'entre les morts et accorde à Maria-Magdalena le privilège d'être le premier témoin de cette réalité à la fois historique et hors du temps, éternelle. Selon la tradition orthodoxe, Marie-Madeleine ira, par ailleurs,  témoigner de la résurrection du Christ devant Tibère, soit devant "César", devant...l'histoire...
Pour les chrétiens, la résurrection du Christ inaugure une nouvelle ère. Par cet événement fondamental, Jésus se révèle en tant que messie et le régime existentiel des hommes est changé, la Création tout entière qui soupirait dans l'attente de la resurrection du dieu incarné dans la chair (de facto dans l'histoire), est sauvée, totalement rénovée. Mais plus que de célébrer ou de "commémorer" un moment inscrit dans l'histoire, le fidèle chrétien revit durant le temps pascal ces événements fondateurs, exemplaires s'étant déroulés à ce moment là. Le croyant, par la régression ab origine, devient contemporain de Jésus et s'identifie au Dieu vainqueur des ténèbres en imitant (répétition archétypale) sa vie. Ainsi, si le Seigneur Jésus-Christ s'inscrit dans l'histoire et impose de fait sa marque du temps, ce qui constitue une nouveauté par rapport aux temps pré-chrétiens où les dieux n'ont pas d'existence historique, la réitération rituelle des événements de la vie du Christ durant l'année liturgique, témoigne des aspects cycliques du christianisme. Le chrétien sincérement converti ne peut accéder à un nouveau mode d'être qu'en mourant à la vie profane, en accédant à la "vie nouvelle" en se régénérant par imitation du Christ.
VOIR AUSSI sur ce blogue : Liturgie orthodoxe, liturgie cosmique