: Jean-Michel Lemonnier, bloc-notes

vendredi 13 mai 2016

La véritable révolution de la protohistoire : l'apparition de l'Etat (notes)


Pour Pierre Clastres, la véritable révolution dans la protohistoire n'est pas à chercher du côté de l'apparition de l'agriculture au néolithique mais au moment de l'émergence de l'Etat. Ce dernier événement marque le véritable passage de la protohistoire à l'histoire et la disparition des sociétés traditionnelles. En effet, l'existence de sociétés agricoles n'est pas  synonyme de bouleversement dans l'organisation sociale des groupes humains archaïques. Et, pour empêcher l'apparition de l'Etat - Clastres nomme ces sociétés premières,  sociétés contre l'Etat et non pas sans Etat, évitant ainsi le positionnement ethnocentrique de l'observateur occidental moderne et qui consisterait à dire qu'il manquerait quelque chose à ces sociétés - on fait la guerre. La violence - des conflits intertribaux- a pour fonction de faire obstacle à la modification de l'ordre social et politique : empêcher l'apparition d'un chef avec un pouvoir. S'il existe bien un chef dans ces sociétés archaïques, celui-ci occupe un rôle symbolique au sein de celles-ci. Tant que ce chef de pacotille existe, aucun cacique avec un pouvoir véritable sur la communauté ne peut surgir. Il existe bien des personnages importants tel le shaman, dans ces communautés amérindiennes, bénéficiant d'un certain prestige. Celui-ci n'a, pour autant aucun pouvoir politique. Et bien qu'il soit, d'une certaine manière le maître de la vie et de la mort, s'il échoue dans sa mission, il est impitoyablement éliminé. En somme, ces sociétés contre l'Etat sont les sociétés de l'ordre sans le pouvoir, autrement dit égalitaires, non hiérarchisées empêchant, de fait, l'apparition de classes sociales. Contre les marxistes, Clastres affirme donc que c'est bien l'exercice du pouvoir, autrement dit l'Etat qui engendre la division sociale et le travail aliéné. Les sociétés  archaïques contre l'Etat sont donc d'authentiques  sociétés acratiques, sans autorité(s), sans classes, sans rapports de dominations/soumissions. Et même, s'il y a division de l'espace, avec des lieux réservés aux femmes (le campement) et d'autres aux hommes (le domaine de la chasse, la forêt), l'occupation de l'espace ne reflète pas ici une hiérarchie entre les sexes. Aucun pouvoir  ne s'exerce pas ici. L'ensemble de la communauté est régie par des règles, certes, mais elles existent pour maintenir la cohésion du groupe et non pas pour qu'un individu ou un groupe d'individus puisse avoir l'ascendant sur un autre. Le conservatisme dans ces sociétés est ou plutôt était (des Guayakis, il ne reste plus rien par exemple) une condition de leur préservation. Tout ceci est valable dans le cadre de petits groupes humains.  (Voir notamment CLASTRES (P.). 2011, La société contre l'Etat, Les Editions de Minuit). On peut également dire un mot sur l'opposition entre (les soi-disant) sociétés de la peur de la pénurie (pré-modernes ou anti-modernes) et sociétés d'abondance, à rebours du discours marxiste. Sur ce point  l'anthropologue Marshall Sahlins rejoint Pierre Clatres. Ainsi les sociétés de chasseurs-collecteurs n'ont jamais été des sociétés de la peur de la pénurie, mais des sociétés d'abondance donnant, de fait, à ce dernier terme une définition  totalement différente de celle communément admise dans nos sociétés des modernités. Ces sociétés archaïques produisent le nécessaire permettant de satisfaire les besoins du groupe. Pierre Clastres, l'anthropologue anarchiste confirme cet état de fait. L'activité productrice des sociétés traditionnelles indivisées socialement est limitée à la satisfaction des besoins alimentaires quotidiens sans qu'apparaisse la frustration du ventre. Et si des surplus sont dégagés, ils ne sont utilisés qu'à des fins socio-politiques (cérémonies, rituels initiatiques, visites d'étrangers etc.)...Pierre Clastres en étudiant les groupes tribalites du Paraguay, les Guayakis "Rats féroces" ou Aché, c'est-à-dire les personnes silencieuses et invisibles, nous dit donc quelque chose de fondamental sur la société de l'être véritable...
à suivre... 
Voir aussi sur ce BLOGUE : Pierre Clastres et Mircea Eliade :



jeudi 5 mai 2016

Je suis la lumière du monde...




Sur ces icônes représentant le Christ pantocrator, Jésus porte les saintes écritures et plus précisément, l'évangile selon Jean ouvert. Avec quelques rudiments de grec biblique, on arrive à comprendre et bien sûr à reconnaître le texte de l'évangile de Jean chapitre 8, verset 12 (selon une division du texte sacré communément admise). On lit ainsi une  transcription moderne du texte avec séparation des mots (tronquée sur la réprésentation à droite) : " Ἐγώ εἰμι τὸ φῶς τοῦ κόσμου: ὁ ἀκολουθῶν ἐμοὶ οὐ μὴ περιπατήσῃ ἐν τῇ σκοτίᾳ, ἀλλ’ ἕξει τὸ φῶς τῆς ζωῆς " (EGO (je) EIMI (suis) TO PHOS (lumère) TOU KOSMOU (cosmos, le monde, la création)...), "Je suis la lumière du monde et ; celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie". 
VOIR AUSSI sur ce BLOGUE : Jean l'évangéliste, Jean le Baptiste, d'un solstice l'autre  http://jeanmichel-lemonnier.blogspot.fr/2015/06/jean-levangeliste-jean-le-baptistedun.html




Révolte contre le monde moderne - socialisme chrétien chouan

Montage JML, 2016

dimanche 24 avril 2016

Duminica Floriilor - christianisme cosmique - Dimanche des Rameaux

"Duminica Floriilor", fête pagano-chrétienne ou bien plutôt chrétienne-cosmique...A la réactualisation rituelle de l'entrée du Christ dans Jérusalem se mêle une fête  païenne célébrant le printemps, certainement d'origine daco-romaine mais vraisemblablement antérieure au moment de l'arrivée des Indo-européens en Europe. On rappelera que l'existence d'un calendrier litugique identique d'une année à l'autre, milite en faveur de l'existence d'une pensée mythico-cyclique au sein du christianisme, orthodoxe ou non par aillers. De surcroît, on sait, de manière quasi-certaine que nombre de réjouissances festives liées aux cycles bio-cosmiques existaient bien avant l'installation des Indo-aryens en Eurasie occidentale (nous incluons ici l'Europe centre-orientale et occidentale). La naissance  de ces  fêtes s'incrivant dans un calendrier bio-cosmique sont sans doute contemporaines des peuples néolithiques, voire paléolithiques.
En outre, à l'évidence, c'est la célébration chrétienne (les "Rameaux" ou "Palmes" chez les orthodoxes), réactualisation d'un événement de la vie de Jésus-Christ qui s'est superposée à cette fête païenne "des fleurs" (il existe d'autres fêtes de ce type, célébrant l'arrivée du printemps ou de l'été comme Saint-Jean/Sânziene en juin par exemple), donnant naissance à toutes ces créations originales que sont les fêtes chrétiennes roumaines et plus généralement européennes centre-orientales. C'est évidemment dans le monde rural que celles-ci ont été le mieux conservées. Aujourd'hui, elles subissent le funeste sort de toute tradition appartenant aux sociétés traditionnelles (archaïques) et qui subsistent en ces temps de modernité (avancée)...

samedi 23 avril 2016

Saint-Georges, Samedi de Lazare, Dimanche des Rameaux

Le 23 avril revêt une importance toute particulière dans la tradition écclésiale mais aussi populaire d'Europe centrale et orientale et notamment en Roumanie. Ce jour là, on fête le glorieux martyr saint George le tropeophore, c'est-à-dire celui qui "porte la victoire" mais aussi de ses compagnons et ses compagnons, Anatole, Protoleon, Athanase et Glykerios.
 Issu d'une famille originaire de Cappadoce, né au IIIe siècle, tribun de la garde impériale de Dioclétien, Georges refuse d'obéir à ce dernier lors de la grande persécution des chrétiens. Bien né, aristocrate, devant l'attitude politique de Dioclétien, il abandonne tous ses biens, affranchit ses esclaves et confesse sa Foi en Christ à l'empereur, ce qui lui vaudra d'être persécuté et torturé. Sa vie après sa rupture totale avec le monde païen romain est pleine de phénomènes extraordinaires. 
En Roumanie, selon la tradition populaire, la saison des strigoi ("vampires") débute à la Saint-André, le 30 novembre, date d'entrée dans l'Avent de Noël qui est une période Carême (voir la thèse sur les carences aliementaires provoquant des hallucinations -> vampires, durant les périodes de jeûne) et s'achève à la Saint-Georges. Sachons que lors de sa persécution, le martyr tropeophore, réussit à faire avouer aux démons possédant la statue de l'idôle Apollon que Jésus-Christ est le seul dieu véritable. Or,saint Georges est réputé pour avoir combattu un Dragon, soit symboliquement le Diable (Drac, Dracul en roumain) et Vlad Dracul est en quelque sorte le saint patron des strigoi (des "vampires"). La Saint-Georges, en Roumanie, marquerait donc la victoire des soldats du Christ sur les légions de Satan, sur le Diable (le "Drac").  
Mais nous avons aussi proposé une autre analyse sur la nature de Vlad Dracul ici qui contrarie cette interprétation, et par incidence cette catégorisation de Vlad Dracul (Tepes).

saint Georges

Tropaire, ton 4 
"Libérateur des captifs, toi qui assures aux pauvres ta protection,  en qui les malades trouvent aussi médecin  et les princes, leur Seigneur,  victorieux défenseur,  saint Georges, victorieux et grand martyr intercède auprès du Christ notre Dieu  pour le salut de nos âmes".
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Le 23 avril de cette année 2016 est aussi le samedi de Lazare...

A lire sur ce blogue :
Samedi de Lazare, Dimanche des Rameaux, entrée du Seigneur dans Jérusalem
http://jeanmichel-lemonnier.blogspot.fr/2015/04/sambata-lui-lazar-sarbatoarea-intrarii.html
La resurrection de Lazare et la régénération du monde moderne
http://jeanmichel-lemonnier.blogspot.fr/2015/03/lazare-et-la-regeneration-du-monde.html