: Jean-Michel Lemonnier, bloc-notes

vendredi 27 mai 2016

Entretien avec le père François Brune "l'orthodoxe"

Il faut passer ce générique particulièrement énervant et abrutissant avant d'accéder au début de l'entretien vers 30 s.

Entretien avec le père François Brune. 
Catholique iconoclaste ? Plutôt catholique iconodoule... Il a accompli sa mission de soldat du Christ à la marge de l’Église catholique romaine (ECR). Critique de la théologie de saint Thomas d'Aquin soit celle de l'ECR (d'ailleurs reconnue comme fausse par son auteur), par incidence de celle de saint Augustin, lien entre les expériences des mystiques chrétiens occidentaux, les expériences de mort provisoire et l'orthodoxie chrétienne, la théologie de l'icône chez les orthodoxes...
Le Père François Brune a parfaitement compris la rupture entre Orient et Occident chrétien qui porte évidemment sur la question de l'infaillibilité du pape ou encore, évidemment, l'ajout du Filioque par les catholiques (au sens de ceux qui se rattachent à l’Église catholique romaine, on doit en outre toujours préciser que les orthodoxes confessent leur croyance en la sainte Église catholique et apostolique, il faudrait revenir sur ce point) qui a des conséquences théologiques graves. Saint Augustin (IVe s.) et à sa suite saint Thomas d'Aquin (XIIIe s.) sont les principaux penseurs à avoir dessiné la voie funeste sur laquelle les chrétiens occidentaux se sont engagés depuis des siècles. Le Filioque mais aussi la place limitée qu'occupe le Saint-Esprit (la Vierge Marie l'a quasiment remplacé) chez les catholiques romains sont le fait d'Augustin. C'est à lui que l'on doit également une théologie de la Grâce, source d'un profond désaccord entre catholiques romains et orthodoxes. Augustin  a dans sa pensée introduit la notion de "nature pure" , même si l'expression n'est pas utilisée telle quelle. Il distingue deux ordres, celui de la nature et celui de la grâce et montre par là la profonde contamination de son œuvre par le dualisme platonicien. La grâce se surajoute à la nature, la première rachetant la seconde. Cette positon est intenable pour les orthodoxes qui ne font pas de différences entre nature et surnature et n'ont guère besoin de faire appel à l'idée de "nature pure". Nous donnons ici quelques éléments d'explications que nous serons à amener à développer dans une future publication...
Or donc, le point de vue orthodoxe dit contre saint Augustin que nous subissons les conséquences du péché originel mais que nous n'en sommes pas responsables. Par contre, nous sommes bien responsables de nos fautes présentes. En outre, pour les chrétiens orthodoxes, Adam n'est pas un être parfait puisqu'il commet l'erreur. Or, les catholiques sous l'influence d'Augustin l'envisagent donc comme un être de perfection et considèrent que la liberté absolue a été détruite par le péché originel. Nous pouvons affirmer que c'est  la doctrine la Grâce de saint Augustin (piètre théologien puisque...philosophe), qui engendrera la désastreuse théologie de saint Thomas d'Aquin mais aussi des siècles plus tard la philosophie des Lumières. En somme, un chrétien qui dénoncerait l'idéologie des Lumières mère de la catastrophe anthropologique actuelle (engendrée par le freudo-nietzschéo- marxisme)  sans dénoncer l'augustinisme et le thomisme, comme c'est souvent le cas, n'a pas fait le début même d'un travail critique...

VOIR AUSSI sur ce BLOGUE : 
http://jeanmichel-lemonnier.blogspot.fr/2014/01/dieu-de-voltaire-dieu-de-st-thomas-et.html
http://jeanmichel-lemonnier.blogspot.fr/p/francois-brune.html

jeudi 26 mai 2016

Christologie et iconoclasme (I)

Le débat christologique est central dans la crise iconoclaste. Cette dernière a été soutenue par les empereurs byzantins, souvent d'origines arménienne ou isaurienne (Isaurie, région de l'actuelle Turquie), aux VIIIe et IXe siècles. Il faut savoir qu'au VIIIe siècle l'Orient chrétien non-grec était majoritairement monophysiste. Le monophysisme est une hérésie christologique du Ve siècle considérant que la nature humaine de Jésus-Christ est absorbée par sa nature divine. Elle sera condamnée par le Concile de Chalcédoine en 451. La première théologie iconoclaste émane de Constantin V Copronyme (741-775) présentée au Concile d'Hiéria de 754, prétendument oecuménique. Nous connaissons le contenu des actes de ce Concile car ceux-ci sont conservés dans le compte rendu du VIIe Concile (Nicée II) de 787 qui rejette catégoriquement l'iconoclasme. Plusieurs facteurs contribuent à générer cette crise. D'abord, l'héritage spirtuel hellénique ;  l'iconoclasme grec différent de l'iconoclasme oriental et musulman (ou islamique) sur le plan philosophique influence la pensée iconoclaste. Ensuite, les accusations de polythéisme mais aussi d'idolâtrie de la part des musulmans. L'islam est à l'époque en pleine expansion. L'accusation portée vers les chrétiens accusés de vénérer plusieurs dieux, révèle surtout la méconnaissance ou l'incompréhension dans le monde musulman du Dieu trine/trinitaire. Les iconoclastes ("idéologiquement" et politiquement) en lutte contre l'islam veulent donc, en quelque sorte, "purifier" le christianisme et le laver de tous les soupçons que les musulmans  font peser sur lui.
Mais quels sont les arguments théologique des iconoclastes ? Pour ces "briseurs d'images", peindre l'humanité du Christ c'est être face à un dilemme. En effet, pour eux, on peut soit peindre uniquement l'humanité du Christ, soit peindre son humanité et sa divinité en même temps. Dans le premier cas c'est alors reconnaître que l'humanité et la divinité du Sauveur sont séparées,  c'est donc adhérer au nestorianisme, autre hérésie christologique du Ve siècle, qui consiste en la distinction de deux natures et même deux personnes : l'humaine et la divine. Marie étant, par ailleurs, la mère de Jésus-Christ, l'homme et non la mère de Dieu. Dans le second cas, une telle approche revient à valider l'idée que la divinité du Christ est limitée par son humanité, ce qui est proprement absurde ou encore que les deux natures sont confondues, ce qui revient à avaliser le monophysisme. On peut pourtant rapprocher la position des iconoclastes de celle des monophysistes. Cependant, les premiers considèrent que la déification du Christ-Homme absorbe ou supprime son humanité. 
La position des iconoclastes révèlent, en réalité, une ignorance à propos de l'union hyspostatique qui  implique forcément une distinction nette entre "nature" et "personne" mais aussi que les deux natures sont préservées. Par l'Incarnation se réalise l'union hypostatique, c'est-à-dire l'union en une seule hypostase ou personne de la nature divine et de la nature humaine. Jésus-Christ est donc une seule personne avec deux natures sans partage, sans séparation, sans changement. 
La crise iconoclaste soulève également un problème concernant la définition de l"'image". Les iconoclastes font la confusion entre l'image et le prototype. Pour eux, il y a égalité. Or, une image ne peut réprésenter ce modèle originel. Seul l'eucharistie, est pour ces "briseurs d'icônes" en mesure d'être  l"'image" ou le "symbole" du Christ

à suivre...

vendredi 13 mai 2016

La véritable révolution de la protohistoire : l'apparition de l'Etat (notes)


Pour Pierre Clastres, la véritable révolution dans la protohistoire n'est pas à chercher du côté de l'apparition de l'agriculture au néolithique mais au moment de l'émergence de l'Etat. Ce dernier événement marque le véritable passage de la protohistoire à l'histoire et la disparition des sociétés traditionnelles. En effet, l'existence de sociétés agricoles n'est pas  synonyme de bouleversement dans l'organisation sociale des groupes humains archaïques. Et, pour empêcher l'apparition de l'Etat - Clastres nomme ces sociétés premières,  sociétés contre l'Etat et non pas sans Etat, évitant ainsi le positionnement ethnocentrique de l'observateur occidental moderne et qui consisterait à dire qu'il manquerait quelque chose à ces sociétés - on fait la guerre. La violence - des conflits intertribaux- a pour fonction de faire obstacle à la modification de l'ordre social et politique : empêcher l'apparition d'un chef avec un pouvoir. S'il existe bien un chef dans ces sociétés archaïques, celui-ci occupe un rôle symbolique au sein de celles-ci. Tant que ce chef de pacotille existe, aucun cacique avec un pouvoir véritable sur la communauté ne peut surgir. Il existe bien des personnages importants tel le shaman, dans ces communautés amérindiennes, bénéficiant d'un certain prestige. Celui-ci n'a, pour autant aucun pouvoir politique. Et bien qu'il soit, d'une certaine manière le maître de la vie et de la mort, s'il échoue dans sa mission, il est impitoyablement éliminé. En somme, ces sociétés contre l'Etat sont les sociétés de l'ordre sans le pouvoir, autrement dit égalitaires, non hiérarchisées empêchant, de fait, l'apparition de classes sociales. Contre les marxistes, Clastres affirme donc que c'est bien l'exercice du pouvoir, autrement dit l'Etat qui engendre la division sociale et le travail aliéné. Les sociétés  archaïques contre l'Etat sont donc d'authentiques  sociétés acratiques, sans autorité(s), sans classes, sans rapports de dominations/soumissions. Et même, s'il y a division de l'espace, avec des lieux réservés aux femmes (le campement) et d'autres aux hommes (le domaine de la chasse, la forêt), l'occupation de l'espace ne reflète pas ici une hiérarchie entre les sexes. Aucun pouvoir  ne s'exerce pas ici. L'ensemble de la communauté est régie par des règles, certes, mais elles existent pour maintenir la cohésion du groupe et non pas pour qu'un individu ou un groupe d'individus puisse avoir l'ascendant sur un autre. Le conservatisme dans ces sociétés est ou plutôt était (des Guayakis, il ne reste plus rien par exemple) une condition de leur préservation. Tout ceci est valable dans le cadre de petits groupes humains.  (Voir notamment CLASTRES (P.). 2011, La société contre l'Etat, Les Editions de Minuit). On peut également dire un mot sur l'opposition entre (les soi-disant) sociétés de la peur de la pénurie (pré-modernes ou anti-modernes) et sociétés d'abondance, à rebours du discours marxiste. Sur ce point  l'anthropologue Marshall Sahlins rejoint Pierre Clatres. Ainsi les sociétés de chasseurs-collecteurs n'ont jamais été des sociétés de la peur de la pénurie, mais des sociétés d'abondance donnant, de fait, à ce dernier terme une définition  totalement différente de celle communément admise dans nos sociétés des modernités. Ces sociétés archaïques produisent le nécessaire permettant de satisfaire les besoins du groupe. Pierre Clastres, l'anthropologue anarchiste confirme cet état de fait. L'activité productrice des sociétés traditionnelles indivisées socialement est limitée à la satisfaction des besoins alimentaires quotidiens sans qu'apparaisse la frustration du ventre. Et si des surplus sont dégagés, ils ne sont utilisés qu'à des fins socio-politiques (cérémonies, rituels initiatiques, visites d'étrangers etc.)...Pierre Clastres en étudiant les groupes tribalites du Paraguay, les Guayakis "Rats féroces" ou Aché, c'est-à-dire les personnes silencieuses et invisibles, nous dit donc quelque chose de fondamental sur la société de l'être véritable...
à suivre... 
Voir aussi sur ce BLOGUE : Pierre Clastres et Mircea Eliade :



jeudi 5 mai 2016

Je suis la lumière du monde...




Sur ces icônes représentant le Christ pantocrator, Jésus porte les saintes écritures et plus précisément, l'évangile selon Jean ouvert. Avec quelques rudiments de grec biblique, on arrive à comprendre et bien sûr à reconnaître le texte de l'évangile de Jean chapitre 8, verset 12 (selon une division du texte sacré communément admise). On lit ainsi une  transcription moderne du texte avec séparation des mots (tronquée sur la réprésentation à droite) : " Ἐγώ εἰμι τὸ φῶς τοῦ κόσμου: ὁ ἀκολουθῶν ἐμοὶ οὐ μὴ περιπατήσῃ ἐν τῇ σκοτίᾳ, ἀλλ’ ἕξει τὸ φῶς τῆς ζωῆς " (EGO (je) EIMI (suis) TO PHOS (lumère) TOU KOSMOU (cosmos, le monde, la création)...), "Je suis la lumière du monde et ; celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie". 
VOIR AUSSI sur ce BLOGUE : Jean l'évangéliste, Jean le Baptiste, d'un solstice l'autre  http://jeanmichel-lemonnier.blogspot.fr/2015/06/jean-levangeliste-jean-le-baptistedun.html




Révolte contre le monde moderne - socialisme chrétien chouan

Montage JML, 2016

dimanche 24 avril 2016

Duminica Floriilor - christianisme cosmique - Dimanche des Rameaux

"Duminica Floriilor", fête pagano-chrétienne ou bien plutôt chrétienne-cosmique...A la réactualisation rituelle de l'entrée du Christ dans Jérusalem se mêle une fête  païenne célébrant le printemps, certainement d'origine daco-romaine mais vraisemblablement antérieure au moment de l'arrivée des Indo-européens en Europe. On rappelera que l'existence d'un calendrier litugique identique d'une année à l'autre, milite en faveur de l'existence d'une pensée mythico-cyclique au sein du christianisme, orthodoxe ou non par aillers. De surcroît, on sait, de manière quasi-certaine que nombre de réjouissances festives liées aux cycles bio-cosmiques existaient bien avant l'installation des Indo-aryens en Eurasie occidentale (nous incluons ici l'Europe centre-orientale et occidentale). La naissance  de ces  fêtes s'incrivant dans un calendrier bio-cosmique sont sans doute contemporaines des peuples néolithiques, voire paléolithiques.
En outre, à l'évidence, c'est la célébration chrétienne (les "Rameaux" ou "Palmes" chez les orthodoxes), réactualisation d'un événement de la vie de Jésus-Christ qui s'est superposée à cette fête païenne "des fleurs" (il existe d'autres fêtes de ce type, célébrant l'arrivée du printemps ou de l'été comme Saint-Jean/Sânziene en juin par exemple), donnant naissance à toutes ces créations originales que sont les fêtes chrétiennes roumaines et plus généralement européennes centre-orientales. C'est évidemment dans le monde rural que celles-ci ont été le mieux conservées. Aujourd'hui, elles subissent le funeste sort de toute tradition appartenant aux sociétés traditionnelles (archaïques) et qui subsistent en ces temps de modernité (avancée)...