Les
récents propos de certains ministres - dont je préfère dès maintenant oublier
les noms - à propos de ce qu'un honnête citoyen est supposé apprendre dans un
établissement scolaire est l'occasion de relire (ou de lire) "La révolte
des élites et la trahison de la démocratie" (Flammarion, Champs Essais, 2010, première édition 1995) de Christopher Lasch pour bien se persuader que cette attitude
hautement méprisante envers les masses (minorités ethniques incluses) n'est pas neuve et que contrairement à
ce qu'aime faire croire le sympathisant de gauche - qu'importe sa chapelle - est
loin d'être le seul fait d'une droite dont l'intérêt pour les idées, selon
Alain de Benoist, tiendrait sur un confetti.
Quel est
ce discours qui fait écho à la critique radicale de Lasch concernant ces
"élites" ? C'est celui du mépris bourdieusien hérité des postures de
la gauche universitaire étasunienne. "Mépris de classe",
"enfermement dans la culture classique" voilà le traitement qui
serait infligé à l'élève issu d'un milieu socialement défavorisé et/ou
appartenant à une minorité ethnique et/ou religieuse dans le monde
"euroccidental". La "grande culture" n'aurait donc servi, jusqu'à
aujourd'hui, qu'à exclure les opprimés. Il a fallu créer une culture de substitution, accessible à tous.
Or donc,
Lasch s'appuyant sur le contenu d'un manifeste intitulé "Speaking for the
Humanities" expose le racisme sous-jacent contenu dans les positions de la
gauche universitaire étasunienne concernant cette exposition à l'altérité,
autrement dit à la "connaissance des choses sur des intérêts, des
situations, des traditions marginales et réprimées" à laquelle les enfants
des milieux privilégiés sont contraints, les minorités ethniques étant, quant à
elles, exemptes de "cette exposition à 'l'altérité' dans "l'œuvre d'
hommes blancs occidentaux" (p. 190).
Lisons
encore Lasch citant Kimball qui semble parfaitement résumer l'état actuel des
choses : "La 'rhétorique de l'universitaire' s'avère (...) 'profondément
exclusionnaire - on pourrait même dire raciste et sexiste' dans les postulats
qui la sous-tendent. Il apparaît que les gens ordinaires - spécifiquement s'ils
appartiennent au mauvais groupe ethnique ou à la mauvaise race - ne savent pas
lire les classiques avec la moindre compréhension, si tant est qu'ils savent
lire quoi que ce soit. Il faut donc reconcevoir les programmes en mettant
l'accent sur le cinéma, la photographie et des livres qui ne présentent pas des
exigences particulières pour le lecteur - le tout au nom de la démocratisation
de la culture" (p. 189).
Pour être sage de sa propre sagesse, il faut être savant d'autrui...
Pour être sage de sa propre sagesse, il faut être savant d'autrui...