Michéa part
d'un constat : la pensée de gauche contemporaine
est un immense champ de ruines. Loin de se limiter à quelques critiques
superficielles qui effleureraient à peine le sujet, il établit une sorte de
généalogie, bien plus encore une carte génétique (sa démarche est
philosophique) du libéralisme pour y trouver les causes premières de la
situation présente. Il rend alors
compte du fait que la gauche telle qu'elle se présente de nos jours (de
Hollande, à Emmanuelle Cosse en passant par Mélenchon), suivant à la lettre la
formule de Michel Foucault selon laquelle tout l'héritage du socialisme est bon
à mettre à la jaille, n'a jamais été que l'Incarnation du versant culturel du
libéralisme. Derrière ce GRAND renoncement, qui pour paraphraser Jean-Claude était de toute façon, consubstantiel à la stratégie de cette gauche
sorbonnarde-mitterrandienne-pétard-caviar, il y a un projet
"total"-itaire : faire du "citoyen" une
machine désirante (libérer les flux libidinaux !, les fascistes historiques
auraient parlé de force vitale !), autrement
dit un consommateur abruti et un employé servile, sans conscience politique et
le priver de l'héritage de contestation radicale de ses ascendants (qui n'est
que fascisme selon cette "nouvelle" gauche pour qui le confusionnisme
et l'inversion accusatoire sont des modes d'opérer systématiques), sans racines
donc, sans passé et finalement sans "qualités" (Musil).
En lieu et place, de cette radicalité contestataire
réellement subversive car "ENRACINEE", puisqu'il est désormais hors
de question d'en finir avec le "capitalisme", la gauche libérale
butlero-derrido-deleuzienne propose-impose à ce nouveau type anthropologique
parfaitement immature (mâle ou femelle), nourri aux films de cet abruti de
Tarentino et qui continue de jouer à la console Nintendo après 40 balais,
les slogans les plus creux les plus
apolitiques et d'adhérer tous les couillonneries de la révolte mise en
spectacle : de la techno-parade aux apéros festifs parrainés par Nike et les Inrocks, du "changement
c'est maintenant" à la lutte anti-fascistes sans fascistes, du rebelle
abruti techno-rapoïde qui gigote du cul dans les émissions de Canal + aux études sur le
"gender-post-porno-queer" et autres bavardages pervers
déconstructionnistes, etc.
Être dans l'air du temps, vivre avec son époque...toute
forme de nostalgie ou références à propos d'un certain mode vie qui exclurait,
de facto, un bon nombre de parasitages mentaux actuels, toute contestation du
mode de production capitaliste ne pouvant être que réactionnaire,
"d'essence barrésienne" (Michéa citant Pascal Lamy à propos des
déviants qui se posent deux ou trois questions au sujet d'une mondialisation basée sur la croyance en une
croissance infinie dans un monde aux ressources limitées), chacun est, par
incidence, sommé d'adhérer au slogan : "il n'y a pas d'alternatives (au
capitalisme)". Nier la réalité de la lutte des classes, écraser la
psyché, salir les âmes ! Penser et vivre comme des porcs finalement...C'est le projet libéral-libertaire, un contrat à tacite reconduction
entre la gauche et la droite depuis 40 ans, parfaitement respecté, par exemple,
à travers l'alliance du sociologue de gauche et de l'économiste de droite...
Ceci étant dit, Michéa n'oublie pas la critique du
marxisme (et des marxistes) en montrant la parfaite indigence de son
anthropologie et son adhésion a-critique à l'idéologie du progrès (et cette
stupide conception de l'histoire des sociétés : passage du stade de
l'enfance à celui de l'âge adulte qui est la même chez les libéraux), au productivisme,
à l'idée de croissance infinie, etc.
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