Eglise en construction a Brasov, contrefort des Carpates - JM Lemonnier 2006-2013 |
mercredi 17 juillet 2013
Espace religieux en construction - Production d'un espace religieux orthodoxe en Roumanie
jeudi 15 novembre 2012
Fausses subversions pour vrais bourgeois
"J'appelle bourgeois quiconque pense bassement..." Gustave Flaubert
Les opérations porno-punk du genre de celles des « pussy riot »
financées par des officines « occidentales » spécialisées dans des
tentatives de déstabilisation de certains régimes « par le spectacle ».
(voir notre article notamment, http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/de-l-ideologie-dominante-de-la-121969
ne sont pas là pour « choquer le bourgeois ». Nous sommes dans ce
contexte en Russie, dans un pays où le christianisme orthodoxe est
encore très populaire comme dans de nombreux pays nommés autrefois «
démocraties populaires » : Roumanie, Bulgarie, Serbie…
En effet, le bourgeois russe occidentalisé soutient généralement ce
genre de manipulations grossières, justement parce qu’il a intégré tous
les codes de ce nouvel ordre « vulgaire » : pornographie, chaînes
cablées/satellitaires, sport-spectacle, chansons de variétés
anglo-saxonnes (Lady Gaga, nouvelles ringardes à la Madonna, etc.), art
contemporain (ce nouvel académisme), soumission pleine et entière au «
profane » et détestation du « sacré ».
Considérer que les « performances » de ces « Pussy riot » sont là
pour « indigner le bourgeois », c’est donc ne rien entendre à la
situation de l’Eglise orthodoxe russe et n’avoir, de fait, aucune
connaissance de l’origine sociale des chrétiens pratiquants, pour la
plupart issus du « petit peuple » russe. Non, elles sont favorisées pour
imposer un « nouvel ordre moral ». Or donc, contrairement à ce que certains ânonnent, le bourgeois
dominant « mondialisé » fait systématiquement l’apologie de toutes les
transgressions ou du si peu qu’il reste à transgresser dans nos «
sociétés occidentales ».
En France, ce sont Charlie Hebdo, Canal + (qui se voulait à
l’origine un « Hara Kiri » version télévisée…), les « animateurs radios
jeunes » et leurs 70 mots de vocabulaire, les jeux télévisés, les
rappeurs takfiro-capitalistes (dont un Besancenot et un des des fils
Sarkozy sont visiblement « fans ») ou les « écrivains » à la Virginie
Despentes par exemple, qui sont en charge de maintenir « l’ordre
transgressif » et la bonne humeur, de « verrouiller le système » pour
que n’émergent plus de réels subversifs qui donneraient un peu à
penser...
D’ailleurs, toute personne invitée sur un de ces plateaux télévisés
infâmes -où se côtoient dans le même temps le politique, l’écrivain, le
comique, la star du porno- et qu’on soupçonne de faire preuve d’un peu
d’intelligence (même de loin) sera systématiquement raillée par
l’imbécile de service.
Or
donc, un fait avéré est que les dénonciations des prises de positions
de l’Eglise catholique romaine sur le mariage homosexuel http://www.charliehebdo.fr/images/couv2012/CH1064-01.jpg
ou bien les blagues scato-porno-bobo canalplusiennes ou encore les
pièces de Castellucci (« Sur le concept du visage du fils de Dieu» http://www.revuejeu.org/sites/default/files/imagecache/grande/images/4_sur_le_concept_du_visage_du_fils_de_dieu_cr_klaus_lefebvre_4441.jpg
) ne choquent plus personne ou presque (à part peut-être un Philippe
Laguérie ou l’abbé Pagès ; laissant de marbre les curés de gauche… ).
Ces « farces » sont aujourd’hui totalement consensuelles. Elles
reflètent, désormais, simplement leur époque et sa vulgarité si
répandue. Elles sont partie de la « doxa ».
La gaudriole, le « blasphème » semblent, d’ailleurs, de plus en plus
lasser un certain public, toutes classes confondues… la « subversion »
étant partout, celle-ci n’émeut plus une bonne part d’Occidentaux, parce
que justement parfaitement conditionnés, accoutumés. De la lutte
anti-cléricale de retard des gauchistes de Charlie Hebdo aux pièces
scatophiles « blasphématoires » de Castellucci, rien de bien neuf. La
même rengaine depuis plus de 100 ans en France, a fortiori depuis 40
ans. Servilité totale, sans retenue de ces « amuseurs » face au Système.
Sans doute, faudrait-il peut-être expliquer à ces personnes, s’ils
leur arrivent de réfléchir et d’être en mesure de se remettre en cause
(mais nous croyons faire preuve de trop d’optimisme) que les églises
aujourd’hui en France sont vides, qu’une bonne part des citoyens
français de moins de 40 ans n’ont jamais croisé un prêtre de leur vie et
n’ont même pas idée de ce qu’est une religion organisée...
Il est un fait : les « libéraux-libertaires » ont gagné le combat
culturel depuis environ 40 années. Si à l’origine, cet élan libertaire a
pu apporter un peu de fraîcheur, d’insolence, d’irrévérence dans une
société encore très marquée par un certain ordre conservateur,
politiquement aussi bien défendu par un De Gaulle que par le Parti
Communiste Français (i.e. le bipartisme issu du Conseil National de la
Résistance), force est de constater, quatre décennies plus tard, que
cette « libération des mœurs » n’était en réalité que le cache-sexe, le
cheval de Troie d’un néo-capitalisme basé sur le désir, la séduction :
un néo-fascisme, soit la collusion du libéral et du libertaire… Michel
Clouscard l’avait compris dès 1968.
Il ne suffit plus de vouloir « bouffer du curé » pour prétendre
bousculer l’ordre établi. Le travail est fait depuis des décennies. Les
caricaturistes ou « humoristes » à la Charlie ou Canal Plus ne sont,
plus aujourd’hui, que des relais d’une idéologie dominante, des valets
aux ordres d’un pouvoir global qui demande une soumission, par la «
séduction » (la publicité en est un des moyens) à ce néo-totalitarisme
dont le « spectacle » (sens restreint) en est une des composantes. Un
totalitarisme d’un genre nouveau qui impose la consommation
transgressive (i-phone, écrans plats, pornographie, sport-télévisé, jeux
vidéo, etc.), l’obligation d’hilarité devant des « comiques » à
l’humour convenu, voire la fréquentation des « boîtes à partouzes » ou
des « apéros Facebook »…
Ces « individus atomisés » –il n’est plus question de communauté
nationale en France- que les médias dominants nous présentent comme «
anticonformistes » sont pourtant doués d’un instinct grégaire fort
dévéloppé. Apologistes de tout ce qu’ils prennent pour de la
transgression. Qu’ils soient amateurs de pornographie gonzo ou qu’ils se
passionnent pour la chanson française néo-réaliste des rebelles des
beaux quartiers (Saez, Cali…), ils ne sont en réalité que de purs
conformistes, des névrosés, soumis à ce « capitalisme de la séduction »,
autoritaire, totalitaire avec son obligation de jouissance (voir, par
exemple, les récurrents articles sur les « clitoridiennes » dans la «
presse » féminine-féministe).
Revenons sur un événement s’étant déroulé lors de l’une des
représentations de la pièce de Castellucci « Sur le concept du visage de
Dieu », très symptomatique de l’expression souvent autoritaire de ce «
régime libéral-libertaire »… Nous avons alors vu des chrétiens
catholiques romains être évacués par des policiers… « L’ordre libertaire
» s’est révèlé « sécuritaire », botté et casqué.
C’est sous les applaudissements d’un public bourgeois (politiquement indifférencié/indifférenciable) que les quelques perturbateurs ont été sortis du théâtre pour que cette nouvelle aristocratie d’argent post-soixanthuitarde puisse continuer à déféquer sans être dérangée par ces « furieux réactionnaires », empêchant le spectacle libéral-libertaire de tourner en rond.
C’est sous les applaudissements d’un public bourgeois (politiquement indifférencié/indifférenciable) que les quelques perturbateurs ont été sortis du théâtre pour que cette nouvelle aristocratie d’argent post-soixanthuitarde puisse continuer à déféquer sans être dérangée par ces « furieux réactionnaires », empêchant le spectacle libéral-libertaire de tourner en rond.
Le corollaire à cette mise en scène globale, c’est évidemment la «
mauvaise éducation » qui devient une norme ; c’est le « citoyen » (terme
aujourd’hui cuisiné à toutes les sauces) qui se sent obligé de se
comporter « comme un con » (disparition des « civilités » élémentaires,
langage relâché, cynisme, vulgarité et inculture revendiquées) pour
coller à un air du temps et ne pas passer pour un « faible », un «
soumis », c’est à dire simplement un être possédant des « qualités
morales » (attention fascisme !!!), aux yeux du troupeau bêlant : « il
est interdit d’interdire »…
Du fameux slogan affirmant que « le prof est une salope » https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjFqemiJGSI337dBgKlNh4SBf114X2pGkmWqfs9LtFLlzS6XJEepHAU-OMU8xXhJm-E10-EhaaeG9i5YpAV60K2dCxcYjGTs-O8kzuXH2sADXJptKvKHQRTkBu2QpSJ7n3i5NStr5vK1Ns/s1600/graffiti68_05.jpg
des gosses sorbonnards de la bourgeoisie de gauche en 1968 au « casse toi pauv’ con » d’un Président français « de droite » ce sont, en quelques décennies, toutes les valeurs de ce peuple de France qui ont été piétinées par ce rouleau compresseur de la bêtise libérale-gaucharde, du spontanéisme « facebookien », du « c’est mon choix », du « calcul » souvent, mais surtout de l’arrogance et de la suffisance d’une poignée d’inquisiteurs ayant imposé un nouvel ordre (a-)moral, dénué d’un minimum de finesse, mais incroyablement efficace dans sa capacité à coloniser les esprits…
des gosses sorbonnards de la bourgeoisie de gauche en 1968 au « casse toi pauv’ con » d’un Président français « de droite » ce sont, en quelques décennies, toutes les valeurs de ce peuple de France qui ont été piétinées par ce rouleau compresseur de la bêtise libérale-gaucharde, du spontanéisme « facebookien », du « c’est mon choix », du « calcul » souvent, mais surtout de l’arrogance et de la suffisance d’une poignée d’inquisiteurs ayant imposé un nouvel ordre (a-)moral, dénué d’un minimum de finesse, mais incroyablement efficace dans sa capacité à coloniser les esprits…
Du mépris des enfants mal-élevés de la bourgeoisie dominante à
l’égard des petites gens n’appartenant pas à leur caste, à la violence
(considérée comme « légitime » par les trotsko-libéraux) des
sous-prolétaires (aspirants-bourgeois) des « cités », c’est l’injonction
de manquement au minimum de règles qui régissent le fonctionnement «
normal » (attention contestation du relativisme !!!) d’une société qui
est valorisée, donnée en exemple à des individus aujourd’hui isolés,
obligés de s’adapter à ces codes de conduite sous peine d’être
marginalisés socialement, voire professionnellement… « Tu seras un con,
mon fils ! »
…Une absence de valeurs (permettant de « faire société ») ou plutôt
la promotion de « non-valeurs » cautionnée et favorisée par les «
libéraux-libertaires » (et leurs émules), pseudo-révolutionnaires alliés
objectifs de la droite économique/patronale, dont l'unique but en 68
(le « mai ouvrier » n’avait rien à voir avec cela) était de « normaliser
la baise », de « jouir sans entraves »…
…la bite à gauche, le portefeuille bien à droite... une norme absolue, indépassable (?) désormais…
…la bite à gauche, le portefeuille bien à droite... une norme absolue, indépassable (?) désormais…
Au passage rappelons, que ce sont, d’ailleurs, ces
ex-anarcho-trotsko-maoistes devenus néo-cons' qui soutiennent
aujourd’hui, les chrétiens évangéliques américains dans leurs « guerres
contre la Terreur »…tout comme ils furent des acteurs décisifs dans la
décision du gouvernement français d’intervenir militairement en Serbie
en 1999 …
De nos jours, une simple critique de ces états de fait tels
qu’exposés dans cet article vaudra à son auteur une généreuse volée de
bois vert… Lecteurs, que l’insulte soit généreuse !
Le Roumain Constantin Toiu, décédé récemment, écrivait dans son
excellent roman « l’exclu » que l’Homme est doté d’une colonne
vertébrale qui lui permet de rester droit, debout mais aussi…fier…et
seul s’il le faut, quand tous les autres se sont soumis à la dictature
du « on », à la « pensée dominante » (ou pensée unique), forcément molle
et paresseuse… Mais à quel prix l’ « être-là », i.e. chacun de nous
(pour reprendre Heidegger) peut-il conserver son authenticité par
rapport au groupe, s’extraire de cette tyrannie sans tyran, de ce « on
», c’est à dire cette collectivité indistincte ?
par Jean-Michel Lemonnier
par Jean-Michel Lemonnier
lundi 8 octobre 2012
Serbie, 1999 : de la dislocation de la Yougoslavie au projet de « Grand Moyen-Orient » (deuxième partie)
Cet article est la suite de celui-ci : https://jeanmichel-lemonnier.blogspot.com/2012/06/serbie-1999-calomnies-trahisons-et.html
Dans un premier temps, nous revenons sur les événements de la
période 1999-2008, puis nous mettons ensuite en exergue les points
communs qui existent à la fois entre la logique des « guerres
humanitaires » des années 1990, celle des « guerres contre la terreur »
menées depuis 2001 par les différentes administrations américaines et le
« printemps arabe ».
Avons-nous besoin de faire ce détour (ou retour c’est au choix)
historique sur la légitimité (au regard de l’histoire) des Serbes sur
l’espace kosovar ? Nécessairement. L'idée d'un Kosovo, cœur historique,
spirituel de la Serbie est loin de se justifier à des seules fins de
propagande anti-Albanaise.
Nous dirons, simplement, que l’immense majorité des toponymes du
territoire kosovar (98%) sont d’origine serbe. De cette géographie (une
toponymie qui a du mal à mentir), aux faits historiques vérifiables par
les écrits d’historiens byzantins qui remontent au IXe siècle affirmant
l’autochtonie du peuple serbe dans cette région… de la bataille du Champ
des Merles en 1389 qui marque le début de la domination ottomane (et
son illégitimité de fait) dans les Balkans à la création ex-nihilo d’un
État kosovar fantoche en l’an 2008, dont le territoire est recouvert
d’églises, de monastères chrétiens orthodoxes, la légitimité du peuple
serbe sur ces terres de Kosovo-et-métochie n’est même plus à prouver. «
Aucun des peuples chrétiens n’a eu dans son histoire ce que les Serbes
ont au Kosovo » déclarait l’évêque de Prizren au début des années 1990.
Pec située au Kosovo pouvant être considérée comme « la Jérusalem serbe
» est depuis 1346 le siège du Patriarcat de l’Eglise orthodoxe de
Serbie.
La déclaration de Barack Obama, au début de son mandat, qui
promettait, le soutien des Etats-Unis à un Kosovo « multiethnique,
indépendant et démocratique » apparaît à la lumière des faits comme
réellement grotesque, toute emprunte de cette arrogance étasunienne...
Les Albanais sont majoritaires au Kosovo ; ils l’étaient déjà depuis
des décennies, contrairement ce que certains media ont pu déclarer au
moment de l’agression anti-Serbes. L'histoire de ce territoire, depuis
son occupation par les Turcomans, à partir du XVème siècle, est
intimement liée à une volonté des différents régimes d'occupation, avec
l'appui des populations albanaises locales, sinon d'éradiquer toute
présence Serbe, au moins de la « contenir ». Les « ratonnades »
anti-Serbes se perpétuent, par ailleurs, sous le régime Titiste. Tito le
leader yougoslave a ,en effet, favorisé les migrations de populations
venues de l’Albanie voisine du Kosovo. Par ailleurs, cette mise en
minorité progressive des Serbes au Kossovo a été aussi largement
favorisée par les crimes de masses des milices SS albano-kosovares de
sinistre mémoire, formées par les Nazis en 1944 à Pristina (21e
Waffen-Gebirgs-Division der SS Skanderbeg). Ces SS albanais tuèrent 10
000 Serbes, en expulsèrent 100 000 autres et les « remplacèrent » par 75
000 Albanais. Les dynamiques de peuplement du Kosovo ont donc fortement
évolué en faveur des Albanais au XXe siècle. Il faut ajouter à ces
faits, le taux de natalité élevé chez ces populations albanaises et
enfin la fuite des Serbes après 1999, puis suite aux pogroms de 2004 qui
ont fait des Serbes une minorité ethnique (menacée de disparition
totale) dans une large partie du Kosovo. En mars 2004 sous l’œil
impassible de la KFOR et de la MINUK, des nationalistes albanais
assassinent plusieurs dizaines de Serbes, font environ 600 blessés. 30
églises et monastères sont brûlées, des villages incendiés ; des
événements qui ont forcé, une nouvelle fois, depuis 1999, des milliers
de serbes à fuir le Kosovo-et-Metochie.
Au vrai, depuis 1999, les Kosovars albanophones (dialecte guègue),
musulmans « modérés » (sunnites) pour la plupart mènent une politique
sur la « question ethnique » qui fait figure de réponse analogue à celle
de la Serbie des années Milosevic, déclenchée suite aux bombardements
de l'OTAN. Une grande part des 200000 Serbes (mais aussi des populations
Rroms) qui résidaient au Kosovo ont été contraints à se réfugier en
Serbie. Incendies, destructions de monastères chrétiens orthodoxes,
intimidations et exécutions sommaires sont à mettre sur le compte des
membres des milices albanaises.Les Etatsuniens, de par leur « ingérence »
en Serbie/Kosovo, ont donc, dans le même temps, favorisé les
persécutions envers les Serbes et d’autres minorités ethniques présentes
sur le territoire Kosovar, et les revendications pan-albanaises
soutenues par la Turquie « néo-ottomane ».
Il reste que le nord de cette ancienne province serbe échappe,
cependant, encore aujourd’hui au contrôle du gouvernement kosovar. Les
Serbes majoritaires sur cet espace-nord demandent leur rattachement à la
Serbie, Belgrade refusant toujours de reconnaître ce nouvel Etat «
protectorat américain ».
In fine, depuis, les bombardements de 1999, à Pec, siège du
Patriarcat de l’Eglise orthodoxe serbe il n’y a plus de Serbes… En 13
ans, 150 lieux de culte chrétiens orthodoxes ont été profanés, saccagés
ou ou totalement détruits selon l’agence de presse russe Ria Novosti. En
outre, 350 000 chrétiens orthodoxes étaient présents au Kosovo jusuq’à
la fin des années 1990. Seuls 100 000 chrétiens orthodoxes sont toujours
présents au Kosovo « la Jérusalem serbe ». A Pristina, capitale du
nouvel État Kosovar il reste quelques dizaines de Serbes… Une ville qui
en comptait 40000 en 1999…
Il faut, évidemment, insister sur le fait que des Serbes ont été
enlevés durant la période 1998-1999 dans le cadre d’un trafic d’organes
organisé par les mafieux albano-kosovars. 2000 Serbes du Kosovo sont
toujours portés disparus. Des disparitions avec lesquelles nous pouvons, raisonnablement,
faire le lien avec l’économie mafieuse de cette ancienne province serbe.
Nous pouvons nous poser effectivement la question de la viabilité, mais
surtout de la nature, de l’ économie ce nouvel Etat, dont le revenu par
habitant est proche de celui d'un pays comme l'Ethiopie, dont les
infrastructures ont été détruites lors de la « guerre de libération » de
1999 et dont 45% de la population active est au chômage et...qui fait
transiter de l'héroïne selon un axe Afghanistan-Turquie-Albanie-Kososo ;
une économie de la drogue alimentant à hauteur de 70% les trafiquants
d'Europe de l'Ouest...
L’Etat dont l’existence légale a été reconnue, à ce jour, par
uniquement 91 pays membres de l’ONU sur les 193 que compte
l’organisation. Le premier pays à avoir reconnu cet Etat
est...l'Afghanistan. Au sein de l’Union européenne, 5 Etats refusent
toujours d’établir des relations diplomatiques avec ce pays. La
Roumanie, par exemple, s’oppose à sa reconnaissance, assurément du fait
de la présence d’une minorité hongroise transylvaine (Sicules, Magyars),
et de ses vélléités autonomistes-séparatistes, galvanisée d’ailleurs
depuis des mois par les appels incantatoires ethno-nationalistes
pantouraniens de Victor Orban (prêt à délivrer des passeports hongrois
comme des prospectus aux minorités magyares de Roumanie et Slovaquie)
(1)
Du fait de l’absence d’une majorité suffisante reconnaissant cet
État comme légitime, le Kosovo n’est reconnu ni par l’ONU ni par l’Union
européenne.
De la dislocation de Yougoslavie à la reconfiguration territoriale
d’un « Grand Moyen Orient » sur des des bases ethno-religieuses : la
même logique au final...
La République fédérale de Yougoslavie n’a à aucun moment menacé un
Etat membre de l’OTAN. Pourquoi alors l’OTAN décide-t-elle d’intervenir
contre la République Fédérale de Yougoslavie de Slobodan Milosevic ?
L’objectif géopolitique des Etats-Unis dans ce conflit est de
profiter de l’affaiblissement évidente de la Russie de Boris Eltsine,
dans ces années 90, en l’empêchant de conserver (ou renouer) avec sa
zone d’influence traditionnelle. La question de la domination du «
Heartland », i.e. le centre du monde (l’Eurasie), et du « Rimland » sont
centrales dans les motivations américaines à intervenir militairement
dans de nombreuses régions du monde (Spykman, Mackinder). La politique
étrangère étatsunienne se réfère, effectivement, à cette phrase de
Mackinder « Celui qui domine l’Europe de l’Est commande le Heartland.
Celui qui domine le Heartland commande l’Ile-Monde. Celui qui domine
l’Ile-Monde commande le Monde ». Nous savons désormais, tout à fait
clairement, que la stratégie d’encerclement de la Russie, dont l’OTAN
est un des moyens, mais pas le seul (nombre d’officines spécialisées
sont des moyens de déstabilisation de régimes est-européens, sans avoir
recours à la force armée) passe entre autres par la destruction de la
Fédération yougoslave, dans ces années 1990.
La conquête et la soumission du Kossovo fut donc un moyen pour les
Etats-Unis de s’étendre vers l’Est. L’indépendance (disons la mise sous
tutelle par les Américains) du Kosovo avait essentiellement pour but de
s’installer dans les Balkans et donc d’étendre une zone influence sur un
espace laissé vacant par des Russes.
Le soutien aux séparatistes kosovars et la construction camp
américain de Bondsteel (7000 hommes) au Kossovo, qui s’étend sur plus de
55O hectares, a permis le déplacement de troupes américaines sur
l’espace balkanique pour se rapprocher du Moyen-Orient. Bondsteel est
une des deux plus grandes bases militaires américaines situées en dehors
du territoire des Etats-Unis d’Amérique. En Bosnie-Herzégovine une
autre base similaire (Tuzla) a été créée en 1995. Nous retrouvons, par
ailleurs, dans les anciennes « démocraties populaires » cette même
implantation de bases militaires. Leur installation démontre bien, s’il
était encore nécessaire, la désastreuse soumission des gouvernements des
Etats post-communistes d’Europe de l’Est à la politique étrangère
étatsunienne. Cette vassalisation de pays comme la Roumanie ou la
Bulgarie a été d’autant plus facile que, pour une bonne part des
opinions publiques est-européennes, les Etats-Unis sont apparus dans les
années 1980 comme les « grands libérateurs » des peuples soumis aux
régimes autoritaires des Ceausescu et autres Jivkov.
Le camp Bondsteel (premier employeur du Kosovo !) a servi, sert et
servira, de base arrière (ou avancée c'est au choix) pour les opérations
de « guerres de terreur » de l’Armée étatsunienne et de ses alliés en
Afghanistan, Irak, Syrie, Iran… ou dans le Caucase ou « Balkans
caucasiens », le « ventre mou » de la Russie selon l’expression du trop
célèbre Zbigniew Brzeziński (3), politologue américain, qui dans son
livre « Le Grand Échiquier » (1997) prône le soutien de l’administration
américaine aux moudjahidines, par pure pragmatisme, contre quiconque
menacerait l’hégémonie américaine. Si l’Islam radical est depuis 2001,
un ennemi, un adversaire militaire, il reste un allié politique pour
l’Administration américaine, un moyen de déstabiliser des États
réfractaires à l’hégémonie anglo-américaine.
Au passage, signalons la « naïveté » (ou le cynisme, toujours la
même interrogation) de certains universitaires et leurs amis politiques
(Cohn-Bendit par exemple) ayant vu dans l’intervention euro-américaine
de 1999, une défense d’un islam autochtone qui aurait été victime de la «
barbarie nationaliste » chrétienne orthodoxe serbe. Les mêmes qui,
aujourd’hui, applaudissent à la destruction des États arabes laïcs…
En outre, il existe d’autres raisons, quant à cette intervention militaire contre la Serbie en 1999 et à la création de l’Etat kosovar.
L’une d’elles tient à la question énergétique. Si le pétrole est
absent du sous-sol du Kosovo, le projet AMBO (Albanian Macedonian
Bulgarian Oil) de pipeline associant Albanais, Bulgares, Macédoniens et
Etasuniens, transportant du pétrole de la mer Caspienne à l’Adriatique,
devait conduire à écarter les Serbes (donc les Russes) de cette partie
de l’espace balkanique. Ajoutons que si le Kosovo n’a pas de pétrole,
ses ressources minérales (lignite, or, argent, etc.) sont conséquentes…
Or donc, nous voyons désormais, assez facilement, le lien existant
entre cette « ingérence balkanique » des années 90 et la liquidation
systématique des gouvernements des États du « Grand Moyen-Orient »,
couvrant ce vaste espace de la Tunisie à l’Asie centrale. Nous évoquions
-de manière très elliptique- en conclusion d’un précédent article
cette stratégie américaine du « Nation Building », celle-là même qui
sous-tend les bouleversements géopolitiques liés à ce « printemps arabe »
devant mener à l’émergence d’un nouveau « Grand Moyen-Orient »,
c'est-à-dire, en réalité, à une reconfiguration de cet espace amenant à
la création d’entités territoriales sur des bases ethno-religieuses…
pour le plus grand plaisir de l’ami israélien. Nous laissons au lecteur
le soin de prendre le temps de bien analyser la carte, s’il ne la
connaît pas encore, au regard des événements actuels se déroulant de la
Tunisie à l’Asie centrale, en passant par les « fameux » « Balkans
caucasiens » de Brzeziński. http://lejournaldusiecle.files.wordpress.com/2012/08/project-for-the-new-middle-east.jpg?w=600&h=430 (Carte sous Copyright 2006 du Lieutenant-colonel Ralph Peters).
De la destruction de la Yougoslavie sous prétextes humanitaires à
ces guerres d’agressions (Guerres contre la Terreur) de l’Irak à la
Libye, ayant abouti à la disparition de ces Etat laïcs, socialistes et
nationalistes qui avaient réussi à contenir les fondamentalismes
religieux, l’impérialisme anglo-américain a favorisé la montée en
puissance d’islamistes dans les Etats pré-cités. Hier, la partition de
la Yougoslavie, celle aujourd'hui en cours de la Libye et de l'Irak et
de d'autres États encore permettront la prise de contrôle définitive de
l'Heartland et du Rimland...donc du monde.
Nous retrouvons cette même logique du « diviser pour mieux régner ».
Qu’un terrorisme de basse intensité, des conflits larvés, des
assassinats, des destructions de lieux de cultes persistent sur ces
territoires violés (volés) après le passage de la monstrueuse machine de
guerre anglo-américaine n’empêchent pas de « faire des affaires » ou de
s’approprier les ressources du sous-sol, par exemple. Au contraire ces
phénomènes participent à empêcher la réalisation du cauchemar américain :
l’avènement d’un monde multipolaire…
Mais des puissances comme la Russie ou la Chine se
contenteront-elles de regarder encore longtemps la mise en place
progressive de ce nouvel ordre global unipolaire ? La réponse est
évidemment : non... Très fermes sur le « dossier syrien » et menaçantes
envers les États-Unis et leurs alliés en cas d'intervention militaire
contre le régime Assad, le rêve d'hégémonie globale étasunien est loin
d'être concrétisé...
(1) Orban appelant ces « Hongrois de l’extérieur » (les Magyars, peuple « semi-asiatique », descendants des Huns (sic)), à rejoindre la mère patrie en revisitant au passage l’Histoire récente par la remise en cause de la légitimité du Traité de Trianon (1920), ayant permis à la Roumanie de récupérer cette Transylvanie qui lui revenait pour des raisons historiques évidentes...
(2) « OTPOR » soutenue par la CIA présente en Serbie, également derrière l’opération « Pussy Riot » est un de ces nombreux vecteurs de déstabilisation. Voir un de nos articles précédents : "De l'idéologie dominaante..."
(3) Brzeziński inventeur du concept de « tittytainment ».
par Jean-Michel Lemonnier
http://jean-michellemonnier.blog.fr/2012/06/11/serbie-1999-de-la-dislocation-de-la-yougoslavie-au-projet-de-grand-moyen-orient-deuxieme-partie-16306000/
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mardi 25 septembre 2012
Serbie, 1999 : calomnies, trahisons, et ingérence humanitaire (première partie)
La guerre contre la Serbie (ce qui reste, à l'époque, de la
République yougoslave : i.e. Serbie, Montenegro, Kosovo-et-Métochie)
émane, principalement des postures idéologiques des « Liberal hawks »
américains. Cette politique étrangère américaine rejoint les positions
allemandes au sujet de la reconnaissance des Etats issus de la
dislocation de la Yougoslavie. Positions qui consistent donc à
justifier, dès 1991, l'existence de nouveaux Etats : Slovénie, Croatie.
Avec cette guerre dirigée par l’OTAN contre la Nation serbe qui débute le 24 mars 1999, il s’agit du deuxième acte du processus de démantèlement de la Yougoslavie ; celle qui couvre la période 1999-2008, succédant au démembrement de la période 1990-1996 donnant l’indépendance tant souhaitée par la gauche libérale européenne à la Slovénie et à la Croatie.
Avec cette guerre dirigée par l’OTAN contre la Nation serbe qui débute le 24 mars 1999, il s’agit du deuxième acte du processus de démantèlement de la Yougoslavie ; celle qui couvre la période 1999-2008, succédant au démembrement de la période 1990-1996 donnant l’indépendance tant souhaitée par la gauche libérale européenne à la Slovénie et à la Croatie.
Dans cet article, qui en appelle un deuxiéme concernant les
développements ayant suivi les bombardements de 1999 par l’OTAN, nous
nous intéresserons,essentiellement à cette période 1999-2008, avec de
brefs mais nécessaires rappels concernant la période de dislocation de
la Yougoslavie dans la première partie des années 90.
Or donc, sous le fallacieux prétexte de mettre fin à un « génocide »
que les Serbes auraient été en train de commettre sur la population
albanaise de la province du Kossovo "cœur historique de la Serbie"
(expression détestée des libéraux-libertaires), et de fait, faire entrer
la Serbie dans le concert des « nations démocratiques » (comprendre se
soumettre à l’Empire global), l'OTAN (une coalition internationale menée
par l’administration étatsunienne) est intervenue sur le territoire
d'un État européen souverain.
« Génocide », « Holocauste », références systématiques aux régimes
totalitaires des années 30 et 40 du XXe s.(Milosevic comparé à Hitler),
le monde politico-médiatique est à l’unisson : il faut abattre la « bête
immonde », dont le ventre est encore fécond : Bill Clinton (bien
embarrassé par Monica), Madeleine Albright (peu reconnaissante envers
ces Serbes résistants au nazisme qui la sauvèrent d’une mort certaine
dans les années 40), Tony Blair, Bernard Kouchner, Cohn-Bendit, Bernard
Henry-Levy (1) n’en finissent plus d’éructer. Les défenseurs de la «
démocratie de marché » se déchaînent à l’égard du régime Milosevic,
néo-nationaliste ayant réussi la synthèse entre ce qu’il reste de
l’appareil communiste yougoslave et l’orthodoxie chrétienne. L’existence
d’une Serbie souveraine, voulant conserver ses frontières et son
territoire intègres, refusant l’hégémonie globale euro-anglo—américaine
est insupportable aux yeux de l’hyper-classe mondiale. Il faut s’en
débarrasser... En persuadant, par de grossiers procédés (2) les opinions
occidentales de l'existence d'un génocide perpétré par les forces de
police et l'armée yougoslave de Milosevic à l'encontre des Albanais du
Kosovo, les manipulateurs libéraux-libertaires cyniques, s’assurent du
soutien d’une opinion dont ils savent qu’elle peut contribuer à faire
perdre des guerres (« l’expérience vietnamienne » a été bien retenue).
Ces manipulations politico-médiatiques commencent, d’ailleurs, dès
le début des premières « guerres d'indépendance » en Yougoslavie. C'est
ce genre de procédés qui fera basculer l'opinion publique « occidentale »
en faveur d'une intervention armée contre la Serbie en 1999. Par
exemple, cet échange entre Bernard Kouchner et Alija Izetbegovic,
président de la Bosnie-Herzégovine (décédé en 2003), tiré de l'ouvrage «
Kouchner (B.), Les guerriers de la paix, 2004 » accable ces «
publicitaires », « chefs marketing » du « business guerrier »
impérialiste anglo-américain :
- Kouchner : C'étaient d'horribles lieux, mais on n'y exterminait pas systématiquement. Le saviez-vous ?
- Izetbegovic : Oui. L'affirmation était fausse. Il n'y avait pas de camp d'extermination quelle que fût l'horreur des lieux. Je pensais que mes révélations pourraient précipiter les bombardements."
- Kouchner : C'étaient d'horribles lieux, mais on n'y exterminait pas systématiquement. Le saviez-vous ?
- Izetbegovic : Oui. L'affirmation était fausse. Il n'y avait pas de camp d'extermination quelle que fût l'horreur des lieux. Je pensais que mes révélations pourraient précipiter les bombardements."
Concernant, le Kosovo, c’est « l'affaire de Racak », qui en rappelle
d’autres, non moins funestes, disons obscènes car mises en scène au
service du « spectacle militaro-totalitaire » : celle des « charniers de
Timisoara » en Roumanie (3), celle des « enfants tués dans des
couveuses » par des soldats irakiens au début des années 90, ou plus
récemment l’accusation de détention d’armes de destructions massives par
le régime de Saddam Hussein. Ces manipulations sont, en tout cas,
analogues de par l'impact fulgurant qu'elles eurent sur les opinions
publiques occidentales.
Or donc, c'est encore, un soi-disant massacre qui précipite les «
bombardements humanitaires » sur la République de Yougoslavie, en 1999.
Une quarantaine d'Albanais, habillés en civils, sont retrouvés morts
dans le village de Racak au Kosovo.
Le diplomate américain, chef de mission l’OSCE, William Graham Walker,
qualifie alors l'événement de « massacre de civils » qui aurait été le
fait de policiers serbes.
Le docteur finlandais Helena Ranta, chef d'une équipe internationale
d'enquêteurs dans « l’affaire Racak », révèle en 2008 que le rapport
qu'elle avait rédigé dans le cadre de sa mission d'expertise de médecine
légale était volontairement mensonger. Elle affirme avoir subi des
pressions émanant à la fois de ce fameux William G. Walker et du
Ministère finlandais des Affaires étrangères. Elle a, aussi, tenu des
propos allant dans ce sens à la télévision russe. A l'époque, la femme
se dit incapable d'affirmer si les corps des défunts sont ceux
d'habitants du village ou de savoir où ils ont été tués. Selon ses
révélations, les corps retrouvés à Racak étaient ceux de terroristes de
l'UCK (l’armée de libération du Kosovo terroristo-mafieuse) tués lors
d'une opération anti-terroristes menée par la police yougoslave
(pluritethnique) et accompagnée, de témoins (les membres d'une équipe de
télévision).
Aujourd'hui nous savons, donc, que les événements se déroulèrent
ainsi : des Albanais de l'UCK ouvrirent le feu sur les policiers
yougoslaves qui après avoir lancé une contre-offensive sont contraints
de se replier. Après le combat, les rebelles albano-kosovars récupèrent,
alors 40 à 45 des corps de leurs camarades décédés, les habillent en
civils et les déposent dans un champ situé dans le village. Les autres
combattants kosovars abattus sont enterrés dans un village voisin.
Walker eut, à ce moment, l'occasion de transformer cette rixe mortelle
en « crime de guerre » entraînant l'indignation de l'opinion publique
mondiale, ce qui put, ainsi, hâter le processus de mise en marche de la
machine de guerre de l'OTAN contre la Serbie.
La guerre contre la République Yougoslave (Serbie) est sans doute
une des meilleures illustrations de l'application de ce concept d' «
interventionnisme humanitaire » (ou « bombardements humanitaires »). En
outre, ces expressions et d’autres telles que « guerre propre », «
frappes chirurgicales » par exemple, qui relèvent de cette novlangue
(newspeak d’Orwell) ont été incroyablement efficaces de par leur
capacité à coloniser les esprits. Cet impérialisme symbolique relevant
de la logique (néo-)libérale a ainsi largement permis d’abolir le
jugement critique des peuples, bien plus que les grossières reductio ad
hitlerum habituelles visant à disqualifier les adversaires d’un «
système », en l’occurrence la Serbie de Milosevic.
Cependant, cette agression informationnelle constante de la période
des guerres yougoslaves aura eu du mal à occulter le résultat de cette
intervention de l’OTAN en 1999 : des centaines [milliers] de morts
civils, des hôpitaux, des écoles, des infrastructures détruites… A ce
propos, la magistrate Carla del Ponte (4), considère que les
bombardements de l’OTAN, qui ont duré 78 jours, supposés atteindre les
centres névralgiques militaro-industriels et politiques du pays, mais
ayant bien évidemment touché les civils serbes sont bien des crimes de
guerre.In fine, la république fédérale yougoslave ne menaçait personne.
En outre, nous savons parfaitement que des crimes de guerres, des
atrocités ont autant été le fait de certains soldats serbes, que des
terroristes-collaborationnistes alliés de l’OTAN.
Il faut, par ailleurs, insister avec force sur le fait que la
France, grande amie de la Serbie trahit cette dernière, en s’impliquant
militairement dans le conflit aux côtés des Anglo-américains. Plus
qu’une alliance ancestrale, c’est une véritable amitié entre les peuples
français et serbes qui est alors brisée. Les propos de François
Mitterrand, indépendamment du jugement que l’on pourrait porter sur son
action en tant que Chef d’Etat dans d’autres domaines, sont à cet égard
intéressants. En effet, au milieu des années 90, il assène au mondain
Bernard Henry-Levy réclamant sa « guerre juste », ce lapidaire : « Moi
vivant, jamais, vous m'entendez bien, jamais la France ne fera la guerre
à la Serbie. » L'arrivée au pouvoir de Jacques Chirac changera la donne
concernant les relations franco-serbes. Au printemps 1999, ce même
Bernard Henry-Levy exultera alors à l'annonce de l'entrée en guerre de
la France contre la Serbie : « Huit ans trop tard, la juste guerre
contre Milosevic »...(Le point, 27 mars 1999)
Nous savons que les tenants et aboutissants de ces guerres
yougoslaves sont très complexes. Nous n’aurions pu traiter un tel sujet
en quelques lignes. Il aurait été intéressant, par exemple, de montrer
comment les Etats-Unis ont favorisé l’importation de jihadistes du
Moyen-orient et d’Asie centrale en Bosnie-Herzégovine pour combattre aux
côtés de l’armée régulière bosniaque musulmane…de montrer, de fait, à
quel point une bonne part de cet islam bosniaque modéré –un « islam
slavisé » avec ses convertis par « nécessité » sous l’occupation
ottomane- n’a que peu à voir avec cet islam wahhabo-salafiste
d’importation, donc… et qu’Izetbegovic, l’ami des Occidentaux et de Ben
Laden, n’a jamais condamné… ce même Izetbegovic, qui avait favorisé
l’organisation de mouvements SS musulmans alliés aux Oustachis croates
(fascistes) durant la seconde guerre mondiale...
Nous verrons dans un prochain article quelles ont été les
motivations (cachées aux opinions occidentales) de cette guerre
d’agression envers la République fédérale de Yougoslavie qui mènera à
l’indépendance de la province du Kosovo-Métochie en 2008, devenu État
fantoche , économiquement non-viable, dirigé par des mafieux tels Hashim
Thaçi … qui procèdent à un nettoyage ethnique des Serbes présents au Kosovo…
Nous mettrons, également, en exergue que si la logique de guerre contre la Serbie diffère, en apparence, de ces « guerres contre la terreur » ou plutôt « ces guerres de terreur », menées par les néo-conservateurs depuis 2001 et poursuivies sous le règne d’Obama, il reste des invariants, des fondamentaux dans les orientations de la politique étrangère américaine et que la destruction de la République fédérale de Yougoslavie préparait les « croisades » impériales anglo-américaines de ce début de XXIe siècle… suivant la logique du « Nation Buiding ».
Nous mettrons, également, en exergue que si la logique de guerre contre la Serbie diffère, en apparence, de ces « guerres contre la terreur » ou plutôt « ces guerres de terreur », menées par les néo-conservateurs depuis 2001 et poursuivies sous le règne d’Obama, il reste des invariants, des fondamentaux dans les orientations de la politique étrangère américaine et que la destruction de la République fédérale de Yougoslavie préparait les « croisades » impériales anglo-américaines de ce début de XXIe siècle… suivant la logique du « Nation Buiding ».
(1) Ce même individu n'a, sans doute, jamais écrit une seule ligne
au sujet des exactions commises par les forces armées croates de l'ère
Tudjman envers les Serbes de Krajina, entre autres nombreux exemples de
crimes perpétrées dans les Balkans à l'encontre du peuple serbe...
(2) On se souviendra de cette piteuse campagne de publicité affichant côte à côte Milosevic et Hitler.
(3) sur TF1, fin 1989, on entendit : « Ceausescu, atteint de leucémie, aurait eu besoin de changer son sang tous les mois. Des jeunes gens vidés de leur sang auraient été découverts dans la forêt des Carpates. Ceausescu vampire ? Comment y croire ? La rumeur avait annoncé des charniers. On les a trouvés à Timisoara. Et ce ne sont pas les derniers » Inutile de se perdre en commentaires sur la nullité de ces propos...
(2) On se souviendra de cette piteuse campagne de publicité affichant côte à côte Milosevic et Hitler.
(3) sur TF1, fin 1989, on entendit : « Ceausescu, atteint de leucémie, aurait eu besoin de changer son sang tous les mois. Des jeunes gens vidés de leur sang auraient été découverts dans la forêt des Carpates. Ceausescu vampire ? Comment y croire ? La rumeur avait annoncé des charniers. On les a trouvés à Timisoara. Et ce ne sont pas les derniers » Inutile de se perdre en commentaires sur la nullité de ces propos...
Disons simplement, qu'en réalité, les opposants au régime de Ceausescu ont réalisé une mise en scène en déterrant une vingtaine de cadavres dans le cimetière de la ville, situé à l'extrême ouest de la Roumanie. Sur le cliché, objet du scandale, pris par un Américain apparaissent trois personnes. Un bébé, victime de la mort subite du nourrisson, un homme qui n'est pas le père de ce dernier et une femme décédée d'une cirrhose, qui n'est pas la mère de l'enfant.
par Jean-Michel Lemonnier
samedi 1 septembre 2012
De l’idéologie dominante, de la gouvernance globale et du néo-totalitarisme à travers l’opération « Pussy riot »
L’affaire des « pussy riot » qui aura mobilisé tout le bottin
mondain du show-business et politique « occidental », de Sting à
Bernard-Henry Levy, du ministre du logement Mme Duflot
(encagoulé pour l’occasion), au département d’Etat américain, aura
permis de donner une nouvelle dimension à la dénonciation du «
totalitarisme poutinien ». Sous couvert apparent de défense de « toutes
les libertés », y compris celle de s’insérer un poulet mort dans le
vagin, c’est tout le système de domination mondialiste, toute
l’idéologie « libérale-libertaire » -néo-conservatrice dans sa version
Outre-Atlantique- qui se sera affirmée, sûre d’elle-même, autoritaire,
dominicaine et insensible (comme dans tout bon système totalitaire) aux
arguments des parties adverses. Que peut représenter ce « groupe de musique punk », qui n’a
visiblement jamais rien enregistré, ayant rapport avec la musique ou le
mouvement « punk » (mort depuis 30 ans -le Système l’ayant récupéré
comme n’importe quelle autre tendance (méta-musicale))- pour ces
thuriféraires du pouvoir global ?Encore une fois, il nous faut aller au-delà de l’écume des choses,
un travail infaisable pour ces hordes de journalistes et parfois
d’universitaires « aux ordres », tous relais, plus ou moins savants et
habiles d’une idéologie dominante ne faisant que peu de cas des
positions divergentes » des leurs, en tout cas peu soucieuses d’un
minimum d’objectivité…
Soyons clairs et directs, derrière « Pussy Riot » il y a OTPOR (« résistance » en français), groupuscule créé en 1998, accompagné par d’autres ONG transnationales, actives dans la campagne de déstabilisation du régime de Milosevic. Plus encore, c’est George Soros, Gene Sharp et son « Albert Einstein Fundation », ou encore « Freedom House », qui fournissent le matériel idéologique à OTPOR. In fine, nous retrouvons sous le vernis subversif porno-punk pro-occidental des « Pussy Riot », la CIA, qui à travers l’USAID (United States Agency for International Development) rejeton du « Plan Marshall », soutient tout ce qui a pu se révéler anti-Milosevic, anti-communiste viscéral ou plus généralement opposé à la « gouvernance globale » et à son bras armé dévastateur, ces dernières décennies.
Soyons clairs et directs, derrière « Pussy Riot » il y a OTPOR (« résistance » en français), groupuscule créé en 1998, accompagné par d’autres ONG transnationales, actives dans la campagne de déstabilisation du régime de Milosevic. Plus encore, c’est George Soros, Gene Sharp et son « Albert Einstein Fundation », ou encore « Freedom House », qui fournissent le matériel idéologique à OTPOR. In fine, nous retrouvons sous le vernis subversif porno-punk pro-occidental des « Pussy Riot », la CIA, qui à travers l’USAID (United States Agency for International Development) rejeton du « Plan Marshall », soutient tout ce qui a pu se révéler anti-Milosevic, anti-communiste viscéral ou plus généralement opposé à la « gouvernance globale » et à son bras armé dévastateur, ces dernières décennies.
Or donc, « Pussy Riot » n’est rien, ou bien plutôt, disons, une
vitrine visant à déstabiliser par le « spectacle » la Russie
poutinienne, tout comme le groupe de « performeuses féministes »
ukrainiennes des « Femen » (300 membres !) qui s’est récemment
distinguée, à Kiev, en sciant une croix érigée en mémoire aux victimes
du… stalinisme. Qu’il s’agisse à travers cela, d’une volonté de
provoquer l’émotion et une réaction virulente des peuples dans ce monde
slavo-orthodoxe encore très pieux -tout imprégné de ce « christianisme
populaire », encore très rural, largement emprunt de paganismes, très
loin de ce catholicisme bourgeois d’Europe occidentale par ailleurs-
pour dénoncer des « sociétés réactionnaires » selon les critères
bourgeois américano-occidentaux, ou qu’il s’agisse de dénoncer les
positions russes sur la Syrie, une chose est sûre, la Russie est la
cible prioritaire des « forces occidentalistes ».
Dans une « société occidentale » (euro-américaine) (nous pourrions
discuter d’une telle expression, mais elle répond bien à la désastreuse
soumission des peuples à la thèse « huntingtonienne ») à l’inconscient
miné par le refus trans-classe de l’interdiction, des limites ; la
victimisation de l’entité Pussy-Riot fera sans doute plus dans la
mobilisation des opinions dans cette croisade contre le monde
russo-eurasien orthodoxe et musulman d’essence socialiste que n’importe
quelle dénonciation de prétendues fraudes éléctorales dans cette
nouvelle « Russie unie », par exemple.
La guerre psychologique -en attendant l’entrée en scène de la soldatesque armée et casquée- a pris son rythme de croisière. Il faut s’attendre à encore plus d’opérations de subversion « orange-brune », à voir s’afficher dans les media « maintream », ces groupes d’ « agit-prop » composés de jolies femmes blondes ax culottes oranges, armées de tronçonneuses de couleur identique, parfois détentrices de visa de résident(e) canadien ou de pays vassaux de la sphère d’influence anglo-américaine, portant haut des bannières signées du logo inspiré du mouvement OTPOR -un poing serré cerclé de blanc- copié sur celui de mouvements anti-fascistes (identique, d’ailleurs, au geste rageur et déterminé d’un certain Anders Breivik lors de l’ouverture de son procès…). La Russie est redevenue une grande puissance. Elle n’est plus gouvernée par des alcooliques et une poignée d’oligarques qui n’ont jamais hésité à aller chercher leurs soutiens aux Etats-Unis d’Amérique. Dès lors, ces derniers doivent plus que jamais empêcher le rapprochement de la Russie avec certaines puissances est-europénnes (les anciennes républiques soviétiques et les « démocraties populaires ») mais surtout ouest-européennes et asiatiques (Allemagne, Chine ou même encore la France) pour éviter que l’heartland ne leur « échappe » définitivement. La puissance thalassocratique étatsunienne a besoin du rimland, des « rivages » qu’un « bloc eurasiatique » uni serait en mesure de lui rendre inacessible pour longtemps…
Certains diront que nous allons chercher bien loin les tenants et aboutissants de ces médiocres « performances » réalisées par ces jeunes personnes… Nous dirons que des provocations des « Voïna » russes pornographes hédonistes aux « rebelles » anti-Assad, c’est bien pourtant le bloc occidentalo-mondialiste, d’essence capitalo-protestante, qui soutient ces actes de subversion et de déstabilisation protéiformes. Et, c’est bien la même monstrueuse machine politico-médiatique qui est à l’œuvre dans la mise en place de ce nouvel ordre militaro-consumériste global. Au final, les « pussy riot » n’incarnent donc rien en même temps qu’ elles reflètent tout… tout ce que le monde occidental produit d’indécent, de « non-valeurs », de réellement autoritaire, de « spontanéiste » au service d’un projet tout aussi creux que non-viable. Elles reflètent tout aussi bien, le monde de la prédation financière, l’hédonisme porno-publicitaire, abrutissement par le « je » et le « jeu » . Elle sont, de toute évidence, le prodrome de « fin d’un monde »… le déclin de l’ « Ouest », là où le soleil se couche… Nos regards d’hommes et de femmes debout ne peuvent, par incidence, que scruter l’Est, le Levant, et attendre le retour du Soleil invaincu…
La guerre psychologique -en attendant l’entrée en scène de la soldatesque armée et casquée- a pris son rythme de croisière. Il faut s’attendre à encore plus d’opérations de subversion « orange-brune », à voir s’afficher dans les media « maintream », ces groupes d’ « agit-prop » composés de jolies femmes blondes ax culottes oranges, armées de tronçonneuses de couleur identique, parfois détentrices de visa de résident(e) canadien ou de pays vassaux de la sphère d’influence anglo-américaine, portant haut des bannières signées du logo inspiré du mouvement OTPOR -un poing serré cerclé de blanc- copié sur celui de mouvements anti-fascistes (identique, d’ailleurs, au geste rageur et déterminé d’un certain Anders Breivik lors de l’ouverture de son procès…). La Russie est redevenue une grande puissance. Elle n’est plus gouvernée par des alcooliques et une poignée d’oligarques qui n’ont jamais hésité à aller chercher leurs soutiens aux Etats-Unis d’Amérique. Dès lors, ces derniers doivent plus que jamais empêcher le rapprochement de la Russie avec certaines puissances est-europénnes (les anciennes républiques soviétiques et les « démocraties populaires ») mais surtout ouest-européennes et asiatiques (Allemagne, Chine ou même encore la France) pour éviter que l’heartland ne leur « échappe » définitivement. La puissance thalassocratique étatsunienne a besoin du rimland, des « rivages » qu’un « bloc eurasiatique » uni serait en mesure de lui rendre inacessible pour longtemps…
Certains diront que nous allons chercher bien loin les tenants et aboutissants de ces médiocres « performances » réalisées par ces jeunes personnes… Nous dirons que des provocations des « Voïna » russes pornographes hédonistes aux « rebelles » anti-Assad, c’est bien pourtant le bloc occidentalo-mondialiste, d’essence capitalo-protestante, qui soutient ces actes de subversion et de déstabilisation protéiformes. Et, c’est bien la même monstrueuse machine politico-médiatique qui est à l’œuvre dans la mise en place de ce nouvel ordre militaro-consumériste global. Au final, les « pussy riot » n’incarnent donc rien en même temps qu’ elles reflètent tout… tout ce que le monde occidental produit d’indécent, de « non-valeurs », de réellement autoritaire, de « spontanéiste » au service d’un projet tout aussi creux que non-viable. Elles reflètent tout aussi bien, le monde de la prédation financière, l’hédonisme porno-publicitaire, abrutissement par le « je » et le « jeu » . Elle sont, de toute évidence, le prodrome de « fin d’un monde »… le déclin de l’ « Ouest », là où le soleil se couche… Nos regards d’hommes et de femmes debout ne peuvent, par incidence, que scruter l’Est, le Levant, et attendre le retour du Soleil invaincu…
par Jean-Michel Lemonnier, retrouvez cet article ici : http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/de-l-ideologie-dominante-de-la-121969
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mercredi 15 août 2012
Braşov "ville martyre" (Braşov "oraş martir") et son "champ des morts"...
Ce court article complète les analyses produites dans un des chapitres de "La Roumanie : mythes et- identités, Ed. du Cygne , 2012
Braşov (judet de Braşov , région historique de Transylvanie) est considérée comme la ville où la résistance anti-communiste fut la plus virulente à l'intérieur du "bloc socialiste" est-européen. Cachés dans les montagnes environnantes avec la complicité de la population rurale, certains résistants n’ont jamais abandonné la lutte avant la "victoire" définitive de 1989. La ville s'inscrit dans une vallée des Carpates au centre de la Roumanie et a bénéficié d'une situation originelle stratégique car épousant une des grandes routes historiques qui reliait le Bas Danube à l'Europe Centrale. L'espace proche de l'agglomération (le mont ou colline Tâmpa rejoignant la vaste zone carpatique méridionale) a, à l'évidence, contribué à préserver ce bastion de combattants montagnards.
Braşov (judet de Braşov , région historique de Transylvanie) est considérée comme la ville où la résistance anti-communiste fut la plus virulente à l'intérieur du "bloc socialiste" est-européen. Cachés dans les montagnes environnantes avec la complicité de la population rurale, certains résistants n’ont jamais abandonné la lutte avant la "victoire" définitive de 1989. La ville s'inscrit dans une vallée des Carpates au centre de la Roumanie et a bénéficié d'une situation originelle stratégique car épousant une des grandes routes historiques qui reliait le Bas Danube à l'Europe Centrale. L'espace proche de l'agglomération (le mont ou colline Tâmpa rejoignant la vaste zone carpatique méridionale) a, à l'évidence, contribué à préserver ce bastion de combattants montagnards.
Deuxième ville de Roumanie à se soulever après Timişoara, Braşov compte un cimetière (cimitirul eroilor) consacré aux 66 habitants de la ville morts lors de la Révolution de 1989. Le cimetière est implanté au sein d'un mail vert, en plein centre-ville.
Ce "champ des morts" s'intègre donc dans un parc où se côtoient parterres fleuris, pelouses et ligneux. Les tombes en marbre blanc s'arrangent, donc, d'une couverture végétale verdoyante dès les premiers jours de printemps. La symbolique des couleurs est, alors, facilement interprétable. Le blanc couleur de la paix et le vert couleur de l'espoir, rappellent les teintes du cimetière militaire américain de Colleville-sur-Mer en Normandie. La position centrale du cimetière-volonté des pouvoirs publics-au sein de l'espace urbain brasovean renforce, effectivement, cette "symbolique de la victoire" et donne l'impression d'un lieu où reposent des héros, des "martyrs"... Nous sommes, certainement ici, sur le territoire des vainqueurs tombés pour mettre à bas un pouvoir dont l'arbitraire et la violence symbolique et réelle -surtout dans ses dernières années d'existence- supportent sans doute peu de comparaisons, même avec les autres régimes des anciennes "démocraties populaires" d'Europe centrale et orientale...Néanmoins, nous savons que l'ère postcommuniste roumaine a été grande de déceptions... La crise économique récente n'a fait que renforcer cette situation... Le gouvernement roumain devra désormais répondre aux injonctions d'instances supranationales telles le Fond Monétaire International, la Banque Mondiale et d'autres bailleurs de fonds... Cette soumission progressive à la doxa néolibérale n'étant que l'acmé d'un processus qui débute en 1990 et passe par une intégration à l'Union européenne à marche forcée...
Or donc, avant les "événements décisifs" de la fin de l'année 1989, Braşov s'illustre par ses grèves ouvrières. Celles-ci sont soutenues par des universitaires et la minorité hongroise de Transylvanie(1). Elles finissent par dégénérer en émeutes le 15 novembre 1987...Les revendications salariales des ouvriers de l'entreprise Autocamioane Braşov ne sont, en réalité, qu'un prétexte à une contestation radicale du système en place. Les bureaux du Parti sont pillés et une partie des archives de la Securitate détruites.
Silviu Brucan(2), membre du Parti Communiste Roumain, reconnait le lien entre la pénurie alimentaire qui sévit à l'époque avec la révolte de Braşov . Cette déclaration constitue un véritable aveu d'impuissance du régime du Conducator face à la grogne populaire qui se fait entendre progressivement dans tout le pays :
" La manifestation des travailleurs à Braşov [ouvre] une période de crise […] dans les relations entre le parti communiste et la classe ouvrière sur lesquelles reposait jusqu’à une époque récente la stabilité politique du régime. […] Le parti était en mesure de contrôle avec succès la masse des travailleurs parce qu’il était devenu populaire dans les années 60 lorsqu’une amélioration s’était faite sentir dans l’économique roumaine et dans le niveau de vie de près de trois millions de paysans qui avaient rejoint la force de production industrielle urbaine. […] dans les années 1980, cependant, leur situation est allée de mal en pis. La détérioration de la situation économique a conduit à la perte de confiance des travailleurs dans le Parti, à la rupture entre la société civile et le Parti. "
(in C. Durandin, D. Tomescu, 1988, La Roumanie de Ceausescu)
La riposte face aux émeutiers est radicale. L'armée roumaine intervient dans les rues de Braşov . Certains émeutiers sont "déportés", mais aucun mort en lien avec cette révolte ne sera pourtant " recensé"... Après "l'incident", le régime (national)communiste de Ceauşescu survivra péniblement deux ans de plus avant le début de "l'acte final" que constitue l'insurrection populaire de Timişoara du 16 décembre 1989...
La riposte face aux émeutiers est radicale. L'armée roumaine intervient dans les rues de Braşov . Certains émeutiers sont "déportés", mais aucun mort en lien avec cette révolte ne sera pourtant " recensé"... Après "l'incident", le régime (national)communiste de Ceauşescu survivra péniblement deux ans de plus avant le début de "l'acte final" que constitue l'insurrection populaire de Timişoara du 16 décembre 1989...
(1)Les Hongrois de Transylvanie considèrent leur culture en péril du fait de la mise en place de la politique de "systématisation" souhaitée par Ceauşescu (regroupement de l'habitat disséminé et par suite construction de blocs d'immeubles : "la ville à la campagne", augmentation des surfaces cultivables). Or les Hongrois vivaient principalement dans des villages faiblement peuplés, ce qui aurait (et a en partie) empêché (entre autres) le maintien des établissements scolaires réservés aux Hongrois et par suite la disparition progressive de la culture magyare sur ces territoires.
(2) En 1988, il effectue-on ne sait trop comment il y parvient-un séjour de 6 mois aux États-Unis d'Amérique et rencontre également Michel Gorbatchev dans les années 80...
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vendredi 13 juillet 2012
Campagne transylvaine, Carpates méridionales : scènes de l'été 2009
"La campagne roumaine est une autre Lombardie, non certainement par la perfection de l'agriculture, mais par l'exubérance du sol et par la beauté des ciels lointains."
Reclus (E), 1876, Nouvelle Géographie Universelle, I. L’Europe méridionale
Cette citation n'a que très peu perdu de sa pertinence pour ce qui concerne les Carpates méridionales en ces premières années du XXIe siècle, malgré l'entrée du village roumain dans la (post-)modernité (?)...
Photographies : Jean-Michel Lemonnier, 2006-2009
Départements de Brasov, Covasna, Harghita, Carpates/Transylvanie...
vendredi 1 juin 2012
La Transylvanie : entre tradition et post-modernité...
Département de Covasna |
Un village de Transylvanie méridionale : entre tradition et (post)modernité... Il ne s'agit plus, ici, du "village roumain" de Lucian Blaga. Si de nombreux villages transylvains conservent des caractères du village traditionnel, des tensions de plus en plus fortes s'affirment entre des pratiques archaïques (au sens de "traditionnelles" et liées à un univers magico-religieux), un mode de vie respectant les cycles naturels cosmiques, hérité du "monde des origines" et des comportements (post)modernes, certes séduisants par certains aspects, mais marginalisant une culture et une façon d'être au monde séculaires...
Il apparaît clairement que ce rapport de forces favorise cette conception du monde fragilisant les identités individuelles et collectives, autorisant la multiplication des modèles sociaux, modifiant le rapport au temps... Le village transylvain se retrouve ainsi face au vide. N'étant plus ni tout à fait "traditionnel" et ayant, par ailleurs, résisté à la modernité, il subit l'avancée de la postmodernité, de la surmodernité, de la "surabondance"... il est face à une crise du sens, d'identité...
Ici à Brașov, des immeubles ultra-modernes, qu'ils soient sièges de firmes transnationales, de succursales, ou collectifs d'habitation, souvent haut de gamme, occupent la place des locaux détruits ou rénovés des anciennes entreprises d’État de l'ère socialiste... La post-modernité accompagne le néo-libéralisme triomphant dans cet espace urbain transylvain...
Les anciens marxistes s’accommodent fort bien de la spéculation foncière -et la ségrégation socio-spatiale qui l'accompagne- dans les grands centres urbains transylvains et de Roumanie plus généralement...
Les anciens marxistes s’accommodent fort bien de la spéculation foncière -et la ségrégation socio-spatiale qui l'accompagne- dans les grands centres urbains transylvains et de Roumanie plus généralement...
Un affichage indiquant la création ex-nihilo d'un quartier résidentiel sécurisé, au sud-est de Brașov, sur le modèle des gated communities états-uniennes... L'accès à la zone est strictement limité et contrôlé... Un projet d'urbanisme qui répond à une volonté (par un besoin créé?) de satisfaire une clientèle aisée et qui crée une dynamique de sécession avec le reste de la population de la ville...
Toutes photographies : JM Lemonnier 2006-2009,
Photographies J-M Lemonnier
mercredi 30 mai 2012
Carpates méridionales, Transylvanie : scènes de l'été 2009 et hiver 2011
"Vivre à la campagne signifie vivre dans une perspective cosmique et avec la conscience d’une destinée liée à l’éternité" Lucian Blaga, 1936
Le village roumain est le monde, la patrie des origines... espace sacré, territoire des parents et des ancêtres, territoire des morts et des vivants, géniteur de la Tradition...
ţara en roumain signifie aussi bien pays que campagne... la culture roumaine et le peuple roumain sont bien nés là, dans cet espace rural-matrice dont la disparition, sous sa forme traditionnelle, maintes fois annoncée et programmée mais toujours repoussée, paraît désormais inéluctable... à voir...
Monde rural transylvain, scènes... Photographies : J-M Lemonnier
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